Parce qu’il s’était donné une voix bourrue et un langage vert pour décourager les importuns, Léo a pu passer pour un être fruste alors qu’il était tout au contraire plein d’élégance, de raffinement et d’une générosité sans limites.
Je l’ai vu, « de mes yeux vu », donner d’un geste large une toile de bonne dimension à un jeune couple venu spécialement d’Abitibi pour s’acheter une pochade et qui découvrait, stupéfait, qu’il n’avait pas assez d’argent. Longtemps, il a refusé d’augmenter ses prix « afin que toute la Province pût en acheter » (extrait préface, Henri Bordeleau sculpteur, janvier 1980)
Son coup de pinceau s’affirme large et généreux comme le cœur de l’artiste.
Le sculpteur Henri Bordeleau nous parle de son ami avec émotion : « Léo peignait sans croquis, sauf pour les portraits où il traçait en quelques lignes une ébauche qui servait à en tirer l’œuvre majeure. …. Il avait le génie de la peinture : il savait observer son sujet avant de le peindre et, lorsqu’il commençait à travailler, sa toile s’illustrait en quelques coups de pinceau. Chose rare pour un peintre, il travaillait souvent avec un seul pinceau. Il jouait avec les couleurs comme le pianiste joue avec les notes de son clavier. Ayotte était un virtuose de la peinture.
La peinture ? Moi, je n'en parle pas; j'en fais !