André Vauchez

Saint François d'Assise a renouvelé la vie religieuse de son temps. Simple laïc devenu pénitent, il renoua avec la simplicité de l'Evangile, en renonçant à tous ses biens, en menant une vie itinérante et prêchant à tous, en soignant les lépreux, etc. On l'associa parfois à un nouvel apôtre voire à un nouveau Christ dont il reçu les stigmates. Son message se propagea d'abord en Ombrie, autour d'Assise où il était né, et en Italie centrale, créant à l'intérieur de l'église l'ordre des Frères mineurs. Certains paysages austères et sauvages des Apennins se prêtaient à la solitude et à la contemplation comme ceux de La Verna où se rendait François et qu'on aperçoit dans une peinture sur toile de Giovanni Bellini. C'est surtout à travers les récits hagiographiques et les représentations des artistes que certains épisodes de la vie de Saint François nous sont parvenus, lesquels insistent sur sa sainteté et les prodiges qu'il accomplit. Il est donc difficile pour l'historien de distinguer la réalité du mythe. L'image véhiculée par Saint François au cours des siècles, dans un contexte social et politique souvent complexe, entre les périodes d'oubli et de récupération, est de plus loin d'être univoque. André Vauchez est l'un des grands spécialistes en France de la spiritualité au Moyen Age et il sait faire partager au plus grand nombre son érudition.

L'Occident et Byzance deviennent des "phares de civilisation", et cependant le Moyen Âge ne se vit pas que dans l'aire géographique de l'Europe occidentale et orientale ou qu'au Moyen-Orient et en Asie. Nous avons développé dans nos contrées une pensée, une culture, une stratification sociale, un moule religieux et économique communs à tous les pays de la région et la progressive formation de blocs territoriaux constitués par les royaumes, duchés et comtés ne sont cependant qu'un phénomène réduit à l'Europe. Résumer le Moyen Âge à cela, c'est regarder par le petit bout de la lorgnette, car ailleurs, même si l'on ne voit pas ces sociétés briller autant que les nôtres, il y a bien une histoire africaine et une histoire amerindienne qui peuvent se raconter et nous être révélées, en regardant mieux. Lecture enrichissante.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

S'il est une ville mythique c'est bien Rome et cela avec une persistance à travers les siècles tout à fait remarquable. C'est la thèse que présente cet ouvrage à travers 4 parties : Au Moyen àage entre continuités et renouveau/De la Renaissance à l'âge baroque: le retour aux sources/ De la Révolution à la première guerre mondiale :mythes républicains et mythes nationaux/ Retour au futur:la romanité fasciste. Illustrations nombreuses et de très grande qualité.

Une référence en la matiere

De très haute tenue historique, très complet : la vie, l'œuvre et la postérité du Poverello. Une somme, certainement la meilleure sur ce personnage si attachant et qui apparaît ici dans toute son humanité sans rien perdre de sa force.

Suppôts de Satan ou chrétiens dissidents ? Assurément dissidents, quelques sorcières et jeteurs de sort aussi, mais ça c’était pour plus tard, et l’auteur ne s’attarde pas vraiment dessus. Alors pour être franche je n’ai pas tout retenu de cette lecture, parce que je ne vous cache pas qu’il faut bien être dedans pour le lire et j’ai d’ailleurs lu plusieurs fois quelques passages pour bien situer, mais malgré ça j’ai découvert beaucoup de choses intéressantes. En fait, je n’aurais jamais pensé un jour voir cette question sous cet angle-là, pour moi les hérétiques c’était les sorcières, les devins, les sataniques, mais aucunement des gens qui d’un point de vu spirituel voulait revenir à quelque chose de plus sincère, souvent à un mode de vie plus apostolique. Dans ma tête c’était même plutôt tant mieux pour l’église ces gens-là, mais visiblement non. Je suis sans doute un peu naïve…



Bon, je me doutais bien que ces différents courants religieux, - enfin pour ceux que je connaissais- qui se voulaient tous plus proche de Dieu que les voisins, n’étaient pas tous la bienvenus au sein de l’église. C’est connu l’église ne laisse pas si facilement sa place, et l’histoire nous a montré que ses privilèges, qu’ils soient matériels et spirituels, elle y tenait fermement, mais je ne pensais pas qu’ils étaient quand même à ce point honnis, alors que leur but était toujours Dieu finalement. Enfin pour ceux qui étaient réellement « hérétiques », parce que c’était aussi l’appellation idéale pour se débarrasser de ses ennemis. Comme vous le voyez l’hérésie est un problème assez complexe.



Et ce problème complexe, sur une base d’archive et notamment beaucoup d’archives italiennes, André Vauchez va donc l’expliquer. Il va expliquer le déroulement de l’hérésie au Moyen-âge ; la naissance des divers courants religieux, leurs revendications (comme le droit de prêcher), leur vision sur le pouvoir ecclésiastique (pas du tout tendre mais pas fausse), et finalement leur poursuite par le pouvoir séculier mais aussi spirituel, car avec l’hérésie est apparue l’inquisition qui était là pour combattre ces hérétiques qui remettaient en cause le pouvoir ecclésiastique.



Et avec l’inquisition l’auteur va donc donner toute la dimension à ce problème, puisqu’en parallèle au développement de l’hérésie, il a dans le même temps développé l'inquisition et son mode de fonctionnement. Il va par ailleurs rappeler que le bûcher n’était pas toujours la solution finale (sans faire de mauvais jeu de mot), avant ça il y avait les pénitences, le port de la croix sur les vêtements, etc… Sans compter qu’à côté de ça, il y avait tout un système créé pour ramener la brebis égarée sur le chemin de la rédemption. Pour ça il va parler des ordres mendiants, et de l’utilité de certain mythe comme celui de Marie d’Oignies.



Néanmoins surprise. L'auteur va aussi montrer qu'il n'était pas toujours facile pour le pouvoir de l'église, de pratiquer sa justice et d'appliquer sa loi, car ces gens que l’on disait hérétiques étaient parfois tolérés par les populations, ainsi que par le roi.



Comme je vous le disais la question de l'hérésie n'est pas des plus facile.



Enfin je ne vais pas tout vous résumer ici, mais c’est vraiment un bon livre que je conseille. André Vauchez va donner à une question oubliée aujourd’hui et idéologique dans le passé, toute la base pour bien comprendre l’hérésie au Moyen-âge, certes c’est dense à lire, mais bien concentré c’est largement faisable, et le sujet est des plus passionnants. Je conseille aux curieux de l'histoire et je sais qu'il y en a.
Lien : http://voyagelivresque.canal..

Catherine de Sienne fait partie de ces femmes restées gravées dans le tourbillon de l'histoire et cette belle biographie retrace les grandes étapes de sa vie tant mystique que rationaliste.



Comme l'auteur le dit en préambule "Catherine de Sienne est assez mal connue en France, en dehors de l'ordre dominicain et des spécialistes de la littérature italienne du Moyen Âge".



L'objectif de son ouvrage est bien de nous la rendre plus proche, de nous la faire connaître mais aussi de la replacer dans le contexte de l'époque.

L'auteur a réussi le pari avec son ouvrage de réaliser tant une biographie historique que spirituelle.



Ainsi André Vauchez résume la vie de Catherine de Sienne : elle qui

"a fait l'objet, tant de son vivant qu'après sa mort, d'appréciations assez variées : pour beaucoup, c'est une sainte dans la mesure où elle a vécu avec intensité et dans l'obéissance à l'Église sa vocation de laïque consacrée ; pour d'autres, c'est avant tout une grande mystique, que son expérience intérieure et la connaissance qu'elle a eue des mystères divins placent au même niveau qu'une Thérèse d'Avila, ou encore la première femme qui osa intervenir au plus haut niveau dans les affaires de l'Église et dans la vie politique de son temps."



Catherine avait eu le loisir d'élaborer avec son entourage dominicain les thèmes majeurs de ce qui allait devenir son programme d'action : faire revenir la papauté à Rome, préparer une nouvelle croisade pour convertir les infidèles et, pour cela, ramener préalablement la paix dans la chrétienté ; enfin, engager une réforme de l'Église qui devait concerner au premier chef la hiérarchie ecclésiastique et le clergé.



La vie de Catherine de Sienne est faite de tant de contradictions au point de rendre vaine toute tentative de la classer, de la cerner.

Rompant avec sa famille et avec toutes les affections « charnelles », fervente partisane de la supériorité de la vie contemplative sur la vie active.

Catherine maintint sa condition de pénitente, elle vécut de manière autonome au milieu du monde jusqu'à la fin.

Elle se considérait comme une messagère de Dieu chargée de délivrer des avertissements et des conseils à l'humanité pour l'obtention du salut, mais elle n'a pas prétendu vouloir être imitée dans son mode de vie, ni vivre pour l'enseigner.

Comme elle n'hésitait pas à quitter la sphère privée pour envahir l'espace public et bouleverser à son profit le rapport de dépendance que les femmes entretenaient normalement envers les hommes, les puissants de ce monde et les savants. Favorisée par une crise profonde des institutions et des pouvoirs de son temps, son action et celle d'autres femmes contemporaines ont inauguré une nouvelle ère dans l'histoire de l'Occident, ouvrant la voie à un « catholicisme féminin ».



Mais elle est la seule dont la mémoire a traversé les siècles et n'a jamais cessé à ce jour d'exercer son influence sur les esprits. des puissants de ce monde et des savants. Favorisée par une crise profonde des institutions et des pouvoirs de son temps, son action et celle d'autres femmes contemporaines ont inauguré une nouvelle saison dans l'histoire de l'Occident, ouvrant la voie à un « catholicisme féminin ».

Ainsi aurait pu se concrétiser le rêve que Catherine caressait de longue date : celui d'une Église gouvernée par de saints hommes et délivrée du poids des intérêts temporels, que les Spirituels franciscains et Dante à leur suite avaient cru voir se réaliser un bref instant avec l'avènement de Célestin V, le « pape angélique », en 1294



L'auteur nous présente "la sainte siennoise" comme une grande figure annonçant la Renaissance et une des incarnations majeures, avec Dante, du génie littéraire italien. De fait, au XXe siècle, Catherine fut considérée en Italie avant tout comme une sainte nationale, et souligne qu'à travers cette femme inculte, mais comblée de vertus et de sagesse, Dieu a voulu confondre l'orgueil des hommes et surtout des doctes qui s'attribuent le monopole du savoir et méprisent la grâce qui leur est offerte



Doit-on pour autant qualifier Catherine de mystique ? Ce terme a été tellement galvaudé que l'historien hésite à l'employer. Pourtant, si l'on s'en tient à la définition qu'en donne Michel de Certeau (théologien et historien) , il semble bien qu'il soit légitime de le lui appliquer. Pour ce dernier, le ou la mystique est une personne qui veut " offrir un corps à l'esprit, incarner le discours et donner un lieu à la vérité ".

St François d'Assise, premier stigmatisé. Abandonne son ancienne vie après avoir rencontré un lépreux. Vit dans la pauvreté. Parcourant l'Italie, Il prêche par ses actes autant que par la parole.

Il se rend en Egypte où il rencontre le sultan en 1219.

François d'Assise se définit laïc. Il emploie le langage courant associé au latin pour atteindre le commun des mortels et ainsi rapprocher l'église de la plèbe.

Il s'engage dans le chemin de la foi et attire à lui des hommes et des femmes. Naît, l'ordre Franciscain.

Son expérience religieuse renouvelle l'église même si au début de l'ordre, il dérange.



Aujourd'hui, la vie romancée du Saint s'étale sous les voûtes des églises. On lui doit la création de la crèche de Noël.

Un livre de référence que l’on feuillette pendant des mois, voire des années. Une somme historique impressionnante, une exhaustivité confondante, une qualité rédactionnelle irréprochable caractérisent ce monument que l’on déguste d’autant mieux, il me semble, que l’on n’est pas croyant ! Et on se délecte à découvrir ces mille vies qui ont participé à construire un pan essentiel de notre culture judéo-chrétienne. Indispensable pour mieux connaître l’histoire des hommes mais aussi aider à comprendre notre monde en perdition.

Derrière l’intelligence de l’analyse et l’érudition de l’auteur, cet ouvrage pose de sérieuses questions. On connaît les faiblesses des recueils d’articles ou de chapitres, et ce livre ne fait pas exception à la règle.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..

André Vauchez nous révèle une Rome cachée entre les gloires des ruines antiques, la splendeur des palais Renaissance et des places et églises baroques, cette Rome médiévale qui semble vouloir échapper au regard de l'observateur. 

Pourtant, dans les siècles qui vont de Grégoire le Grand à ce qu'on appelle l'exil avignonnais des papes, Rome a connu des événements d'une importance énorme tant sur le plan politico-institutionnel qu'au niveau économique, urbanistique voire artistique.



Ce livre, qui voit parmi ses auteurs les meilleurs médiévistes italiens et étrangers, illustre l'alternance de moments de crise et de moments d'expansion : le développement des grandes familles romaines qui prendront possession de la papauté et l'effort pour les contenir par le travail, par exemple, de Cola di Rienzo, la croissance démographique et urbaine, la célébration du premier jubilé de l'histoire du christianisme en 1300 et le déclin qui culmina avec le transfert du siège papal à Avignon, jusqu'au retour de la papauté le la rive du Tibre et la renaissance de la ville.



Bref un ouvrage qui nous éclaire sur une histoire de Rome moins connue à une époque où les cité-états occupaient les devants de la scène.

je dois l'utiliser pour mes cours merci

Un specialiste qui parle clairement, c est appreciable

Les spécialistes rassemblés dans cet ouvrage proposent ainsi une fresque originale et passionnante de deux mille ans de christianisme.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..