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Citations de Andreas Becker (26)


Le corps atterrirait dans un joli massif de roses, sa distorsion imprimerait des stigmates asymétriques dans la terre lourde qui bientôt seraient invisibles à l’œil nu. Le massif aurait été remplacé par une large bande de gazon sans ornement, tout comme auraient été rasés les quelques moignons de la haie qui subsisteraient après l’accident, le bouleau à côté du pavillon aurait été abattu. La veuve aurait vendu le pavillon au plus vite, quittant le village de l’oppression mutique, n’emportant qu’une liasse de feuilles comme seul bagage, longue lettre que le jeune conducteur lui aurait adressée ; ruine langagière de laquelle pousseraient quelques fleurs chétives d’un vécu effrayant.
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J’ai saigné. Mon bras a saigné, mais il ne saigne plus. Je sors le matin quand je pressens que le bonheur d’un monde frais, fort, inondé de l’encre d’une nuit capricieuse, peut supporter une chose aussi mal vécue que moi. J’ai besoin d’une nouvelle grammaire sinon je n’irai pas plus loin, seul le conditionnel me permettrait de me glisser dans le dicible. J’écrirais des phrases avec des majuscules au début et des points à la fin, avec des mots, des vrais enfin. On me l’aurait conseillé. Quelques os bringuebaleraient pour tenir les abîmes, leur donner squelette encore, autant qu’imaginable. Je finirais en déambulateur, dans un déambulatoire, le moment venu. En attendant l’asile libérateur il faudrait encore tenter, toujours tenter, mal tenter ; la tentation, seule échappatoire des comme nous, des invécus, des pas morts ni vivants.
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Les tombeaux sortiraient de l’étang. De la forêt monterait la complainte noire des pins recourbés et veufs. Un sifflement mauvais traverserait un monde aux abîmes, baigné dans un sang noirâtre. La poubelle que le vieux venait de sortir virevolterait, s’arrêtant en plein vol dans un ciel trop limpide, trop innocent pour faire voûte au désastre.
Le conducteur sortirait à quatre pattes de la carcasse alors que le corps de l’accidenté percerait la haie de fusains. Coupable et victime deviendraient des invécus, leur accident désormais les unirait, les confondrait dans un magma de métaphores et de mensonges, vie et mort s’entrecroiseraient comme dans un jeu de miroir. Voir clair s’apparenterait à un crime. Naître complètement relèverait de l’impossible.
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y avait à la ferme des enfants et des chats en nombre – elle disait élevé – on savait pas toujours de qui étaient les enfants – des chats surtout pas – ç’avait pas d’importance – dans la cuisine y avait de la terre battue par terre et les toilettes dans la cour – on allait aux toilettes seulement pour les grandes occasions – les toilettes c’était des planches par-dessus un trou et c’était tout – les autres affaires on les faisait là où on se trouvait – derrière un buisson – debout – allongé dans un champ – sur le chemin qui menait à la ferme – tout le monde faisait comme tout le monde – ça dégoulinait les cuisses – ça faisait des flaques – mais après il pleuvait de nouveau et l’eau rentrait dans la cuisine – c’était alors de la boue par terre
parfois la mère de ma mère jetait l’eau de vaisselle lavage lessive par terre exprès – quand il avait pas plu – peut-être qu’elle aimait la boue – peut-être que c’était pour les poules qui entraient dans la cuisine – leurs crottes finissaient par faire comme un sol en dur – les hommes mangeaient les œufs crus – y disaient que c’était bien pour bander – les hommes bandaient souvent – presque toujours – y en avait toujours un quelque part qui courait après les filles – les filles couraient tout le temps – se cachant – et puis elles commençaient à saigner – à mettre bas ici ou là
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j’ai toujours rêvé d’être malade – enfin malade – infirme – invalide cogité-j’e – valétudinaire – égrotante cacochyme – mauvaise – mal gerbé-j’e – toujours mal gerbé j’ai – toujours mal – (moi) j’e – (moi) toujours – j’e – j’ai rêvé d’être malade – chétive – disparaître dans un maigre néant – plus rien rentrer dans ce corps – plus rien sortir de ce corps – pour parler d’amour enfin – de mOn amOur – pour finir ce corps – ce corps mauvais – ce corps dégoulinant d’infections – d’impuretés – de boues de bourbes d’ordures – ce corps qui suit (moi) encore et qu’encore j’e suis – ce corps qui se traîne – pénible – d’un état à l’autre – d’un avant vers un après – vers un avenir barricadé – vers une réalité déclinée selon mes mauvaises humeurs – sans savoir de vérité – ce corps matraque – déchiré – violenté – ce corps banni éjecté – ce corps éliminé
muscles flasques – artères bouchées – la peau grasse – ocre par endroits et brun nicotine – le ventre gonflé d’eau retenue – des varices comme des nœuds autoroutiers avec parkings et self-services – mon sourire andouille – mon regard bécasse – mon cerveau amoché avec dedans plein de pensées disgracieuses et de viandes hachées mal digérées – ingrates et laides – qui devraient être tues et que (moi) j’e pourtant balbutie sans cesse – que j’e hoquette mélangées à ma salive putride et mon haleine cadavérique – seule que j’e suis – seule (moi) fille de ma pauvre mère
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À la commémo qu’on avait ration – et pas qu’un peu – Jacques Panache toujours au premier rang – pas tellement pour son âge c’était surtout de la médaille qu’il avait – des cloches qu’on lui collait dessus, des étoiles, des blasons, des trompettes et des croix, tout ce qu’elle avait en stock la nation, c’était légion – à lui faire courber l’échine – qu’on voie pas trop le cratère de ce qu’avait été un visage – avec des traits comme rails rouillés, lignes abandonnées, pour aller du nez jusqu’à la bouche prenez l’automitrailleuse, c’est l’expédition dans l’inconnu – même nous, ça dérangeait, faut pas croire – alors les caméras avec les potilitiques à côté, les fraîchement élus, au début, y’avait de la peine…
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Ils ont écrit sur des écrivains....

Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

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