Citations de Andrée Martin (18)
Chapitre 6 :
«… La porte du cabinet de droite est ouverte, et il y a foule à l'intérieur. J'avance de quelques pas en bousculant les gens et j'arrête devant la petite communauté de personnes qui me cachent la vue de celui ou celle qui est assis tranquillement derrière son bureau.
— C'est quoi ce bordel ! crié-je complètement estomaquée.
Le groupe se retourne et je manque de tomber à la renverse quand je rencontre le regard déstabilisant de Rémi James.
Lui.
Nom d'un pénis biscornu.
— Rémi ?
— Louise ! Ah, j'avais hâte de voir cette tête-là.
Oh putain, sa menace me revient en mémoire :."J'ai hâte de voir ta tête que tu feras". Bordel de cul de jatte...»
Tu ne peux pas, ou tu ne veux pas ? Parce que la nuance est énorme.
J’étais là sans vraiment l’être. Présente physiquement, mais l’esprit dans une bulle. Terrassée par une peur insurmontable. Celle de me faire cogner, humilier.
Comment réussit-il pour me mettre dans un tel ascenseur émotionnel ?
« Ce fil nous relie. Il est le symbole de ton parcours et de mon amour. Lorsque tu te sentiras faible, triste ou mélancolique, je veux que tu visualises ce fil dans ta tête. Il signifie que je suis là, avec toi. »
Dans ses yeux, je peux lire tout le mépris que je lui inspire. Je baisse le regard, angoissée. Je me décale vers la droite, en même temps que lui. Étant toujours sur sa trajectoire, j’amorce un autre pas vers la gauche, mais encore une fois il anticipe mes mouvements.
La vie m’a déjà montré que les obstacles nous tombent dessus sans prévenir.
A cet instant, son odeur, sa chaleur, beaucoup de choses m’empêchent de réfléchir clairement. Son corps contre le mien détruit les derniers avertissements de mon cerveau
Je suis contre le fait d'admettre qu'il est la lumière dans mon obscure souffrance.
Ce fil nous relie. Il est le symbole de ton parcours et de mon amour. Lorsque tu te sentiras faible, triste ou mélancolique, je veux que tu visualises ce fil dans ta tête. Il signifie que je suis là, avec toi.
Un jour, le soleil se lèvera sans moi et je pars du principe que cela peut advenir demain.
Chapitre 4 :
«… Une grosse veine pulse sur sa tempe, ce qui attire mon attention. Il avale une gorgée de champagne, et continue :
— Tout doux, ne t'énerve pas. Je ne t'ai pas encore dit ce que je fais dans la vie, n'est-ce pas ?
— En effet, mais je ne te l'ai pas demandé, fais-je, un poil agressive.
Il caresse ses lèvres du bout des doigts comme s'il réfléchissait à son prochain coup d'échec.
Je suis obnubilée par sa bouche.
J'imagine tout ce qu'il peut faire avec.
Oh, nom d'une pistache, Louise, reprends-toi !!!
— J'ai créé mon entreprise, je...
— Fascinant, le coupé-je, pressé de fuir loin de lui et de sa bouche tentatrice.
Il fulmine et hausse les sourcils, à la fois étonné et agacé.
Rémi ne me laisse pas le temps de filer, il agrippe mon poignet et se penche vers mon oreille, me faisant frissonner au passage.
— J'ai hâte de voir ta tête...»
La psychologue que je voyais a expliqué à mes parents qu’il était tout à fait normal de développer des TOC après avoir subi des maltraitances comme les miennes. Je ronge mes ongles, je touche ma tignasse et parfois, je grignote l’intérieur de mes joues. Je ne peux pas m’en empêcher. C’est plus fort que moi.
Elle est bien plus que ma mère, je la considère comme une confidente. Un roc. Mon refuge.
Il paraît que la plupart des adolescents qui sont sans cesse harcelés, dans leurs collèges ou lycées, gardent ça sous silence. Leurs parents ne se doutent de rien, du moins jusqu’à une tentative de suicide.
Il est vraiment très beau. Durant quelques secondes, je me perds dans mes pensées. Je me trouve niaise de l’imaginer dans un de mes romans d’amour.
Je suis invisible.
Bon sang, que c’est bon de n’être personne !
On pourrait penser que les filles sont plus propres que les garçons, mais il n’en est rien. Du sopalin usagé traîne sur un des lavabos, alors que la poubelle se trouve juste en dessous. D’autres paquets de mouchoirs et papiers toilette jonchent le sol détrempé. Ça sent le déodorant et la cigarette, en plus de la pisse.