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Critiques de Andrés Barba (29)
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Versions de Teresa

Cette lecture ne m’a pas plu car il y rôde la mort et où j’avais une sensation de transgression en lisant sur les amours d’un adulte avec une mineure handicapée.

Si la prose est élégante et le sujet est traité avec délicatesse, la situation est en elle même scabreuse. Étonnant comme l’auteur, âgé de 31 ans a pu avoir la maturité suffisante pour traiter un sujet pareil : le triangle amoureux entre Teresa, 14 ans, atteinte du syndrome de Down, un homme de 30 ans, Manuel et la soeur aînée de Teresa, Veronica.



Cette histoire est montrée en 14 parties comme le Requiem de Mozart et chaque partie est centrée sur Manuel ou Veronica. Teresa ne protagonise aucun chapitre, c’est un personnage passif, vu et interprété par les autres deux.



L’amour et ses phases est traité sans en approfondir les aspects; l’auteur se pose la question sur le processus de tomber amoureux de quelqu’un.

Manuel fera la connaissance de Teresa au sein d’une colonie de vacances et il sera littéralement foudroyé par l’amour qu’elle lui inspire.

Mais quels sentiments inspire Teresa à Manuel ? C’est difficile à expliquer. Mais faut-il avoir une réponse à tout? Le roman traite aussi sur le désir, un désir abordé de façon métaphorique.



Analysant un peu, c’est Manuel qui me parait le plus désemparé des trois personnages; il me semble immature, inexpérimenté, hésitant entre l’attirance physique, la solidarité affective et beaucoup de scrupules. Il est incapable de s’exprimer avec clarté et le lecteur perçoit bien toutes ses carences affectives dans son éducation sentimentale.

Veronica est une fille étrange, en crise. Elle s’apprécie mal physiquement, elle connait quelques déboires avec son cursus universitaire et elle est fâchée avec sa meilleure amie Ana. Elle ne connait rien à l’amour et elle peut être cruelle avec Teresa, à la limite de la malveillance.



Le monde de Teresa est confiné, silencieux, hermétique. Elle a une sexualité qui est plus pure, innocente et évidente par rapport à Veronica.

Teresa va provoquer une véritable passion chez Manuel qui va se tourner vers l’introspection : insatisfait avec son travail, ses 30 ans, et la monotonie de sa vie.



Une lecture difficile car le thème est très sensible.
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Les petites mains

C’est un roman court ou novella, un récit comme un diamant effilé, cruel et assez angoissant.



C’est l’histoire de Marina, 7 ans, orpheline après un accident de la route où elle même a échappé à la mort et sera placée dans un orphelinat où elle sera malheureuse et moquée par les autres car elle a eu tout de même une enfance heureuse.



C’est une immersion dans le milieu de l’enfance, un monde assez impitoyable et secret où les petites filles iront jusqu’à inventer des situations et des jeux d’une rare violence, en même temps que tout baigne dans l’innocence.

Marina est différente des autres filles, ce qui génère autant l’admiration que la haine. Le groupe autour de Marina deviendra menaçant, frôlant en permanence la transgression.



Cet auteur possède un talent particulier pour décrire le monde ambivalent de l’enfance où règne l’innocence et la cruauté, la peur de l’inconnu et l’absence de défenses.
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Une république lumineuse

San Cristobál petite ville d’Amérique latine, écrasée par la chaleur, bordée par la jungle d’un côté et un fleuve de l’autre (dont la légende dit que c’est la terre qui s’est mise en mouvement).

L’auteur jeune fonctionnaire, alors fraichement arrivé, se souvient.

Des enfants sont apparus en ville.

Au début, on n’y prête guère attention.

De pauvres indigènes venus probablement de la forêt…

Mais petit à petit, on les remarque : leurs jeux, leur origine, leur langue (on ne les comprend pas).

Qui sont-ils ?



Petit à petit, les évènements échappent aux adultes de la ville jusqu’au drame.

Dans cette atmosphère poisseuse, la vie perd de sa rationalité.

Fascination, incompréhension, répulsion, attraction, se mêlent dans un écheveaux qui devient inextricable.



Un thème parcourt tout le court roman : l’innocence.

Pourquoi des jeunes enfants (ils ont entre 8 et 13 ans) innocents, vierges se couperaient-ils de la société ?

Pour fonder autre chose ?

Et les adultes si organisés, rationnels, le sont-ils vraiment, innocents ?



Il flotte dans l’atmosphère humide comme un parfum de folie, de déraillement.

Tous les mystères ne seront pas révélés. Il restera quelque chose d’insaisissable, d’étranger, de pur, de libre.

Et la liberté au fond terrifie la vie bien rangée de cette petite ville.



En conclusion



Un fascinant et mystérieux roman à l’atmosphère humide et chaude.
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Une république lumineuse

Acheté sur les conseils du libraire du rayon hispanique de ma librairie favorite; l’auteur nous raconte une histoire improbable, un peu mystérieuse, à la façon d’un reportage sur des événements vécus par lui même dans sa ville imaginaire une vingtaine d’années auparavant.

On commence par lire avec intérêt, on sait rapidement que l’issu sera dramatique, les faits s enchaînent, notre curiosité s’aiguise, qui sont ces enfants, qu’elles sont les raisons de leur comportement étrange?

On s’attache au narrateur, on partage ses interrogations, qu’est ce que l’enfance, que peut elle cacher, est elle vraiment innocente ?

Jusqu au dénouement tragique, dans un dernier chapitre ou le titre prend tout son sens.

Cette fable sur l’enfance, l’innocence, la violence,d’une grande sensibilité , laisse songeur une fois refermé l’ouvrage.

Merci donc au libraire de m’avoir permis cette découverte
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Une république lumineuse

Pour ma part, j’ai lu Une république lumineuse comme une relecture du conte traditionnel du Joueur de flûte de Hamelin, transposé dans les années 90 et dont l’action se déroule dans une grande ville sud-américaine, San Cristóbal, aux abords d’une jungle étouffante où des enfants surgissant de la forêt tel un prodige, portant en eux une étrangeté qui les rend à la fois fascinants et effrayants.



Le narrateur pose la question de savoir si l'enfant est innocent par nature en imaginant une société d’enfants qui vandalisent pour se subsister, n’ayant recours à aucune règle comprise des adultes, possédant un langage crée de toutes pièces que seuls les enfants « civilisés » sont capables de capter.



Le narrateur pose également les limites de savoir quelle république est plus nourrie de violence que l’autre ; celle des gosses, ou celle des adultes visant à contrôler les enfants.



Barba fait planer l’ombre de William Golding dans Sa Majesté des mouches, et les autres références sont assez implicites et souvent citées (St. Exupéry,…)



La fin du roman rend surtout compte que même la civilisation peut-être aussi dangereuse qu’une bande de gosse qui a les crocs.



Bilaï c’était gueudin comme lecture ça !


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Vie de Guastavino et Guastavino

Andrés Barba signe une ingénieuse biographie qui détourne le genre et interroge la frontière entre fiction et réalité.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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Vie de Guastavino et Guastavino

Les fetes de fin d'annee et toute l'agitation autour. Le peu de temps que j'ai pu consacrer a la lecture je l'ai mise (accent aigu) sur ce livre, tres court, que j’ai devine leger, facile a digerer (contrairement aux repas).





C'est l'histoire d'un entrepreneur espagnol qui est devenu un des grands constructeurs de New-York au debut du XXe siecle. Rafael Guastavino, qui avec son fils (aussi appele Rafael) a amene aux USA la technique, vieille comme le monde, de la “voute catalane” une voute en briques incombustibles qui peut malgre sa legerete supporter un poids enorme, et l'a brevetee, profitant de l'ignorance et de la naivete des americains. Avec ce systeme de voute il a donne au monde des joyaux comme la Grand Central Station, le pont de Queensboro et son Bridgemarket, la cathedrale St John le theologien a Manhattan, le Grand Hall d’Ellis Island, l’hopital Mount Sinai, la grande synagogue Emanu-El, et hors New-York la Cour Supreme et et le Smithsonian Museum a Washington, la bibliotheque municipale de Boston, l'academie militaire de West Point, et j'en passe.





L'auteur nous le presente d'abord comme un escroc ayant fui l'Espagne apres avoir vole 40.000 dollars, puis comme un obsede par son travail, veritable workoholic.

Sa vie est tres interessante mais le livre m’a donne l’impression d'un article Wikipaedia elargi. Comme pour allonger la sauce (decidement les repas des fetes inspirent ma prose…) l'auteur s'implique enormemement, imaginant, devinant des pensees, pressentant des mobiles. Il s'adresse au lecteur, evoquant les difficultes d'ecrire une vraie biographie, en fait la difficulte de savoir ce qu'a pu etre une vie, et plaide pour un va-et-vient entre narration historique et pure fiction. Il n'est pas le premier a faire cela, il m'a rappele entre autres Marcel Schwob, mais il exagere, il martele cette these sans arret et a provoque en moi une indigestion (ce ne sont plus les repas mais les agapes). Des exemples? “Nous ne savons rien, l’histoire est mensongere”, “Ce qui suit, nous pouvons l’imaginer avec ou sans brume”, “Le petit-fils insiste sur la dignite et le courage de cet enfant de neuf ans qui fut son pere. Encore que, pour croire completement ce recit, le narrateur devrait se defaire un peu du depit et le lecteur du scepticisme. Nous, cependant, nous le croyons", “Nous imaginons, parce que nous sommes de nature cruelle”, “Nous voulons croire que ce soir-la on ouvre une bonne bouteille a la maison et que le fils recoit des tapes de felicitations sur son dos”.

J’arrete la, mais il y en a beaucoup d’autres. Dans cette tres courte biographie romancee l'auteur passe le plus clair de son temps a se regarder en son miroir. Et cela a fini par me devenir enervant. Alors pour le rappeler a l'ordre, en esperant qu'il va se reprendre a l'avenir, je le renvoie faire signer ses parents son bulletin avec ma note: deux etoiles et demie.

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Une république lumineuse

On ne sait jamais vraiment qui sont nos enfants. Cette étrange histoire qui s’apparente quelquefois à un conte philosophique nous interpelle sur notre rapport aux enfants. Le récit démarre un peu comme un roman policier puis on plonge peu à peu dans un climat ténébreux. C’est parfois très inquiétant, mais ça pose de bonnes questions. Aura-t-on les bonnes réponses ?
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Une république lumineuse

L'histoire : un fonctionnaire aux affaires sociales emménage à San Cristóbal pour sa nouvelle mission.

Mais voilà que des enfants perturbent la vie locale : vols, pillages, meurtres...

Ils parlent une langue inconnue, se cachent dans la forêt et sont sauvages. Les enfants de San Cristóbal sont fascinés par ces petits êtres énigmatiques, les adultes inquiets et perturbés par leurs comportements imprévisibles.

Comment les capturer et les rendre à leurs parents ? Comment et pourquoi en sont-ils arrivés là ?



Le récit est raconté tel un documentaire témoignage par le fonctionnaire. J'aime beaucoup cet angle narratif. Il rend l'histoire réelle, avec une pointe de fantastique bien maîtrisée par l'auteur. La traduction est d'une belle écriture. Elle transmet très bien l'atmosphère inquiétante et pesante pour les habitants de San Cristóbal.

J'ai tourné les pages en m'attendant à une résolution rapide mais que nenni. Le suspense est aussi bien maîtrisé. Pile comme j'aime.



Bref. C'est ce qu'on appelle un petit bijou de roman.
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Une république lumineuse

Jungle au vert intense, fleuve boueux et langueur tropicale : nous sommes dans la ville de San Cristobál en 1993. Là, le pittoresque côtoie la noirceur, comme le découvre notre narrateur : jeune fonctionnaire aux affaires sociales, il doit y mettre en place un programme d’intégration des communautés indigènes de la région. Très vite, la torpeur locale est perturbée par l’arrivée d’enfants, inconnus et presque sauvages, qui pillent les rues. Mais d’où sortent tous ces enfants ?

Quelle est cette langue qu’ils parlent et qui n’appartient qu’à eux ? D’abord étonnante et vaguement inquiétante, leur présence aura des conséquences tragiques. Vingt ans plus tard, l’ancien fonctionnaire se souvient et revient sur la succession d’événements ayant conduit au drame.

Dans une échappée à l’ordre établi par les adultes, Andrés Barba nous invite à redéfinir notre idée même de l’enfance avec cette grande fable qui nous hantera longtemps.

Ce livre nous oblige à nous poser certaines questions.



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Une république lumineuse

L'atmosphère étrange et lentement oppressante, que distille le livre, fonctionne bien et on s'y laisse facilement hâper. J'apprécie également lorsque, comme ici, le décor d'une ville, à la fois beau et vaguement hostile, joue un rôle important dans la mise en place de cette atmosphère. Le seul petit bémol que je pourrais avoir sur l'ensemble, est l'usage abondant par l'auteur, de procédés de "page-turner", dont il finit par abuser. C'est dommage car le texte est assez fort pour ne pas en avoir besoin, et j'avais parfois à la lecture, des réminiscences d'enfance, lorsque je dévorais la série des "Chair de poule", dans lesquels chaque chapitre se concluait par une chute visant à maintenir un suspens insoutenable. Quitte d'ailleurs à décevoir ensuite le lecteur, lorsque la révélation n'est pas à la hauteur de la tension instaurée.
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Les petites mains

Effrayant petit roman extrêmement poétique.



Je ne me souviens pas d'avoir lu quelque chose d'aussi étrange, sinon dans la littérature sud-américaine. Or Andrés Barba est un auteur espagnol.



Une enfant de sept ans, Marina, perd ses parents dans un accident de voiture et entre à l'orphelinat.



Cet orphelinat est un monde où les pensionnaires et la nouvelle arrivante lient des accords charnels et diaphanes. Elles détruisent la poupée de Marina, qui se trouve ainsi livrée au monde sans confidente ni protectrice, rejetée de toutes, et les fascinant à la fois. Pour survivre, elle entraînera ses camarades, "les petites mains" dans un jeu cruel et pervers où chacune à tour de rôle se transformera en poupée à qui tous les secrets pourront être livrés et tous les traitements administrés ; jusqu'à ce que mort s'ensuive, symbolique ou réelle ? On ne sait.

Un jour (ou plutôt une nuit, puisque le jeu se pratique la nuit) ce sera à Marina d'interpréter son propre rôle : celui d'une poupée christique, destinée à absorber la noirceur du monde.



Le jeu n'est pas sans danger. C'est une question humaine de survie, de rédemption et de passage.



C'est vraiment très beau et très noir. Mais on ne peut pas dire que ce soit chimérique : nous sommes toutes des "petites mains" dans un jeu aux correspondances multiples.

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Une république lumineuse

Je suis ébahie.



Il y a longtemps que je n'ai pas lu un roman comme "Une république lumineuse".



L'auteur en est Andrés Barba, et il a été édité en langue originale (espagnol) en 2017.



Sa traduction en français par François Gaudry est parue en 2020.



On peut le lire comme un récit d'aventures ou l'allégorie d'une utopie politique ; il est parsemé de considérations sur la formation des langues, l'univers de l'enfance, sur la vie des municipalités, sur le rôle du déni dans la cohésion sociale.



Parmi les questions fondamentales qui reviennent comme des leitmotivs, il en est une, lancinante : qu'est-ce que l'innocence ? A-t-elle des liens avec la cruauté ? La question de la conscience morale est abordée en filigrane dans toute l'oeuvre : peut-on trahir ses idéaux pour la survie d'une communauté ?



Et de temps à autres surgit une révélation comme celle-ci : " Je compris que le désir d'intimité des enfants s'apparente à un appel au secours".

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Tout commence à San Cristobal, une ville tropicale d'Amérique latine de deux cent mille habitants bordée par un fleuve de quatre kilomètres de large et administrée par un maire populiste.



Le narrateur est le directeur attaché aux affaires sociales de la ville (le choix de sa profession n'est pas un hasard et rend l'histoire plus percutante encore). Il assiste avec toute la population locale, à l'apparition dans les rues d'enfants livrés à eux-mêmes, parlant une langue inconnue et ne semblant obéir à aucune hiérarchie. Ces enfants vivent de mendicité et de rapines et se livrent à des actes de déprédation de plus en plus violents, jusqu'à attenter à la vie des habitants.



La terreur monte, la paix sociale est en danger. Il faut agir.



Ce récit ménage une belle surprise, dont je ne parlerai pas, mais qui m'a émerveillée.



Il est triste aussi.



Mais il est génial (mot dont d'habitude je n'abuse pas, mais là, vraiment...)



L'auteur est né en 1975 à Madrid. Il est également scénariste et photographe. Il est couvert de prix et excelle, selon le journal le Monde "à dépeindre le flou des frontières entre innocence et perversité".



Je me mets en quête d'autres livres d'Andrés Barba.



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Une république lumineuse

Un bon moment de lecture, dont j'ai surtout apprécié la quailité d'écriture et le style narratif rétrospéctif qui relate 20 ans après des événements qui ont secoué une petite ville de province (d'Amérique Latine ?) : des enfants semi-sauvages apparaissent ("mais d'où viennent-ils?") et commettent des vols en bandes; à la suite d'une attaque plus meurtirère que les précédentes rapines, la communauté décide de réagir mais les enfants disparaissent dans une forêt/jungle assez inextricable pour que les recherches n'aboutissent pas. Par contre, et c'est là le point essentiel de renouvellement du thème, des enfants de la commune sont en quelque sorte "infectés" et rejoignent la bande de sauvageons. Le décalage avec la normalité de la communauté est bien sur d'abord social (pas de hiérarchie, pas d'hygiène corporelle, pas de tentative de "gagner de l'argent") mais même linguistique (ils parlent une espèce de langue d'extra-terrestre). J'ai presque pensé à des histoires de zombies !

L'histoire se terminera un peu de façon saugrenue (j'ai été déçu) et violente mais laissera à l'auteur un traumatisme émotionnel qui le secoue encore 20 ans après.

Bon, je résume assez grossièrement sans doute mais je ne vois pas en quoi le débat sur l'innocence des enfants constitue une nouveauté ni même ce que ce livre apporte de nouveau au débat, à part comme je l'ai dit l'idée d'une rebellion contagieuse. J'ai pensé pour ma part aux bandes d'enfants délinquants de Bogota mais le récit est trop court pour vraiment approfondir la réflexion (et c'est dommage).



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Une république lumineuse

Un fonctionnaire des services sociaux nous narre les archives d’une étrange histoire qui s’est déroulée vingt ans plus tôt à San Cristobal et qui s’est soldée par une fin tragique.

L’histoire des « trente-deux » comme on l’appelle est terrifiante.

Trente-deux enfants, entre 9 et 13 ans, sorti de nulle part et parlant une langue incompréhensible s’installent en ville, mendient et rejoignent la forêt au coucher du soleil.

Nul ne sait d’où ils sont sorti. Certains évoquent qu’ils se seraient sauvé d’un endroit de détention, d’autres évoque la thèse magique.

D’abord intrigués, les habitants deviennent vite méfiants. Les enfants seraient responsables de multiples agressions.

Le narrateur, vous contera leur histoire jusqu’au final, dramatique.



Andrés Barba nous livre ici un conte fantasmagorique. Fabuleux et déroutant. Terrifiant.

Ce livre se lit d’une traite tant il est hypnotisant.



Muni d’une très belle plume, l’auteur espagnol n’en fait pas moins monter la tension créant une ambiance anxiogène persistante jusqu’au drame final.



Au détour de cette fable, il nous invite à nous interroger sur l’enfance et son innocence présumée, vaste question.

Nul ne peut lire se livre sans être bouleversé. Vous voilà prévenu.
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Une république lumineuse

Dans Une république lumineuse, le narrateur revient sur une terrible histoire survenue 22 ans plus tôt alors qu’il travaillait pour les services sociaux de San Cristóbal. Il dit vouloir donner sa version des faits de ce qui conduisit à la mort de 32 enfants. Pour cela il assemble tous les éléments pour éclaircir cette tragédie : reportages de l’époque, articles et compte-rendus d’experts, dossiers judiciaires, ses propres souvenirs et pressentiments. Le mystère est renforcé par l’atmosphère de cette ville au climat tropical, à la chaleur étouffante, cernée de forêts luxuriantes et d’un fleuve inquiétant. San Cristóbal se caractérise par de profondes inégalités sociales et par la présence de différentes communautés. Le quotidien de la ville est perturbé par l’arrivée d’un groupe d’enfants venus de nulle part, à la langue incompréhensible, aux jeux étranges et qui attirent les enfants de la ville. Ils sont très vite perçus comme une menace par les habitants. Les politiques et les services sociaux s’interrogent sur la façon de les appréhender : faut-il recourir à la force face à ces enfants qui perturbent l’ordre établi et contestent le pouvoir des adultes ? Le narrateur est à la fois intrigué et fasciné par ces enfants qui remettent en question les idées reçues sur l’enfance alors que la violence qui s’exerce va culminer au terme d’une traque au dénouement tragique.
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Une république lumineuse

1993 : une époque pas si lointaine et pourtant révolue : pas de smartphones, d'information en continue, de connexion permanente.



C'est à cette époque que le narrateur arrive dans la ville de San Cristobàl, probablement en Amérique du Sud, en tant que fonctionnaire aux affaires sociales.



Il pensait lutter contre les inégalités frappant les communautés indigènes, pourtant une autre urgence se dessine.



Car des enfants arrivent en ville, comme recrachés par la forêt, avec leur langage incompréhensible et leur violence...



Pour évoquer l'atmosphère de ce roman, nul besoin d'évoquer la moiteur du climat, les eaux boueuses du fleuve Eré ou l'étouffante forêt.



Il suffit de regarder cette magnifique couverture, sombre représentation de la forêt, comme un pied de nez au titre du livre, percée de points lumineux.



Des yeux d'enfants mais inquiétants car différents. Ces enfants qui affluent à San Cristobál ne sont pas soumis et humbles comme les plus pauvres mais ils mendient avec la morgue des souverains. Ils ne supplient pas, ils revendiquent par la violence ce dont ils ont besoin.



Le livre oscille tout au long entre réel et fantastique, chaque lecteur pouvant choisir à son gré l'une ou l'autre explication.



Andrés Barba offre un roman aux multiples questions auxquelles bien peu trouveront une réponse certaine.



Au final, ce récit est, avant tout, une plongée dans l'enfance. Nos chères têtes blondes sont-elles aussi innocentes que nous aimerions le penser ? Et nous, adultes, comment réagissons-nous face à une violence qui nous paraît si inconcevable chez de jeunes enfants ? À vous de le découvrir...



Ce roman, loin de mes lectures habituelles, a été une belle découverte. Sans être un coup de cœur, j'ai été entraînée par son atmosphère si sombre et entêtante.
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Une république lumineuse

Dès les premières pages puis durant toute ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au film Le village des damnés (celui de de Wolf Rilla et daté de 1960, pas son remake par John Carpenter qui m'a beaucoup moins marqué). J'ai bien conscience qu'il y a beaucoup de différences et peu de similitudes mais je me demande si ce livre ne pourrait pas en être une adaptation très, très libre et empreinte de réalisme magique. C'est du moins l'impression que j'ai eu.



Contrairement au film qui, pour rappel, relate les aventures d'une bourgade dans laquelle sont nés, dans des conditions troublantes, une trentaine d'enfants étranges et maléfiques, le roman d'Andrés Barba ne m'a pas fait un grand effet. Malgré son décor visuel et immersif, ses scènes sont moins marquantes et les effets de suggestion ne parviennent jamais réellement à créer une ambiance inquiétante ou intrigante. Au contraire, il m'a laissé assez indifférent et face à un vague sentiment d'incompréhension. En effet, je n'ai jamais vraiment saisi où l'auteur voulait en venir ni même quel était son propos ou quels étaient les symboles disséminés dans l'intrigue. De plus - mais il n'y est pour rien, j'en ai bien conscience - ma lecture du roman a été parasitée par les images du film. Les descriptions des enfants sales, sauvages, étaient largement éclipsées derrière celles des enfants du film, calmes, aux cheveux blancs et au regard hypnotique. Ce sont eux que je voyais dès qu'ils entraient en scène. C'est vrai qu'ils étaient sacrément flippants ces petits gamins avec leurs yeux perçants et leur attitude glaçante…

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Une république lumineuse

En 1993, dans une ville en bordure d'une jungle sud-américaine et d'un fleuve boueux de 4 kilomètres de large, la torpeur tropicale est troublée par l'apparition d'une trentaine d'enfants, âgés de 9 à 13 ans. Qui sont-ils, d'où viennent-ils, quelles sont leurs intentions ? Leur arrivée au compte-goutte passe d'abord relativement inaperçue, juste quelques mendiants de plus aux carrefours. Mais peu à peu, la cohésion de leur groupe, sans hiérarchie claire, interpelle les habitants, qui ne tardent pas à s'apercevoir que ces enfants parlent un langage incompréhensible. Après l'étonnement vient l'inquiétude, en même temps que les premiers pillages et agressions, avant le choc de la tragédie. Car on sait dès le départ que cela finira mal, la première phrase du roman indiquant que les 32 enfants vont mourir.



Le narrateur de cette catastrophe annoncée est un fonctionnaire des services sociaux de la ville, qui nous raconte, 20 ans après, le fil des événements. Jeune bureaucrate à l'époque, aux premières loges du drame de par son travail, il revient non seulement sur les faits eux-mêmes, mais aussi sur les interprétations et les théorisations qui en ont été faites, sur le ressenti des différents protagonistes (y compris le sien), sur la gestion politique des événements et le battage médiatique qui les a entourés, sur le traumatisme durable qu'ils ont créé dans la région. Il s'interroge aussi sur le trouble et le malaise provoqués par l'apparition soudaine de ces enfants sauvages, qui ne correspondent pas à l'image de l'innocence qu'on associe généralement à l'enfance, sur l'influence qu'ils ont pu avoir sur les enfants de la ville et sur le regard que les adultes portent désormais sur eux.



Tendu inconfortablement entre innocence et perversité, entre civilisation et état de nature, "Une république lumineuse" est l'histoire d'une tentative vaine et tragique de sécession d'un groupe d'enfants qui refusent d'entrer dans le monde des adultes, créant une sorte de communauté instinctive, pour le pire plutôt que pour le meilleur, dès lors que la confrontation de ces deux conceptions de la vie est inévitable.



Pioché presque au hasard (mais y a-t-il un hasard?) sur une table de librairie, cette fable cruelle et émouvante est une très belle découverte. Porté par une écriture puissante et remarquable, ce texte, entre chaos originel et ordre établi, interroge sur l'enfance et ses symboles.
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Une république lumineuse

Andrés Barba poursuit son exploration des territoires de la jeunesse. Le romancier espagnol excelle à dépeindre le flou des frontières entre innocence et perversité.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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