Effrayant petit roman extrêmement poétique.
Je ne me souviens pas d'avoir lu quelque chose d'aussi étrange, sinon dans la littérature sud-américaine. Or
Andrés Barba est un auteur espagnol.
Une enfant de sept ans, Marina, perd ses parents dans un accident de voiture et entre à l'orphelinat.
Cet orphelinat est un monde où les pensionnaires et la nouvelle arrivante lient des accords charnels et diaphanes. Elles détruisent la poupée de Marina, qui se trouve ainsi livrée au monde sans confidente ni protectrice, rejetée de toutes, et les fascinant à la fois. Pour survivre, elle entraînera ses camarades, "
les petites mains" dans un jeu cruel et pervers où chacune à tour de rôle se transformera en poupée à qui tous les secrets pourront être livrés et tous les traitements administrés ; jusqu'à ce que mort s'ensuive, symbolique ou réelle ? On ne sait.
Un jour (ou plutôt une nuit, puisque le jeu se pratique la nuit) ce sera à Marina d'interpréter son propre rôle : celui d'une poupée christique, destinée à absorber la noirceur du monde.
Le jeu n'est pas sans danger. C'est une question humaine de survie, de rédemption et de passage.
C'est vraiment très beau et très noir. Mais on ne peut pas dire que ce soit chimérique : nous sommes toutes des "petites mains" dans un jeu aux correspondances multiples.