Si les références à la mythologie, à la Bible et à l'histoire de l'art sont indéniables, Guernica se révèle être une peinture d'histoire d'une toute nouvelle espèce. Sous une forme allégorique, elle nous parle d'un événement précis, le bombardement d'une petite ville en 1937, tout en le dépassant largement. Guernica évoque toutes les guerres, passées et à venir.
Selon une interprétation de l'historien d'art Jean Clair, "Guernica" est une "nativité à l'envers". Ici, l'être humain est secondaire, car le monde a perdu son centre, d'où le désordre. Le taureau a remplacé le bœuf, le cheval a remplacé l'âne. Joseph n'est plus d'aucun secours, il gît par terre. L'enfant est mort-né et "la vierge à l'enfant" devient, par glissement d'image, une mère qui déplore la mort de Jésus dans la Pietà. Dans une maison en guise de crèche, une pauvre ampoule éclaire la scène à défaut d'étoile miraculeuse. Trois femmes hurlantes, suppliantes, remplacent les trois Rois mages en adoration.
Un tableau vit sa vie comme un être vivant, subit les changements que la vie quotidienne nous impose. cela est naturel, puisqu'un tableau ne vit que par celui qui le regarde. Picasso, 1935.
un long cri jaillit de cette toile, dont le format horizontal s'étire en largeur. Elle est si grande qu'il est impossible de la reproduire dans sa totalité sur une seule page d'un livre.