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EAN : 9782277118350
253 pages
J'ai lu (04/01/1999)
  Existe en édition audio
3.89/5   4979 notes
Résumé :
Carrie White, dix-sept ans, solitaire, timide et pas vraiment jolie, vit un calvaire : elle est victime du fanatisme religieux de sa mère et des moqueries incessantes de ses camarades de classe. Sans compter ce don, cet étrange pouvoir de déplacer les objets à distance, bien qu’elle le maîtrise encore avec diffi culté... Un jour, cependant, la chance paraît lui sourire. Tommy Ross, le seul garçon qui semble la comprendre et l’aimer, l’invite au bal de printemps de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (444) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 4979 notes
Carrie...
Mon premier Stephen King, j'avais 14 ans... Dès les premières pages, j'ai adoré l'écriture inimitable du maître du fantastique et de l'horreur. le personnage de Carrie m'a énormément touchée et son calvaire quotidien m'a bouleversée. J'ai lu ce livre au moins cinq fois...
L'histoire de cette adolescente dotée de pouvoirs télékinésiques, tourmentée par ses camarades, victime d'une mère fanatique... c'est l'oeuvre, selon moi, la plus réussie de cet auteur. C'est à se demander comment un homme peut animer un personnage féminin avec tant de justesse et d'empathie. Sa souffrance et sa féminité réprimée sont décrites à la perfection et le lecteur n'a pas d'autres choix que de s'identifier à ce personnage qui n'a pourtant rien de commun.
Premier roman de Stephen King, sorti en 1974, qui marque les débuts d'un succès mondial.

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Dans la catégorie Stephen King, j'ai beaucoup de lacunes à rattraper, et je m'efforce de les combler (sans compter toutes les autres, dans d'autres catégories) avec une certaine lenteur, ou plutôt une lenteur certaine ; car on ne peut pas regarder des séries coréennes à 16 épisodes de 1h 17 - c'est une moyenne - par saison et conserver en même temps un rythme raisonnable de lecture, ça me paraît évident. Et encore moins quand on s'endort derechef dès qu'on est en position allongée (voire assise).


Je pensais avoir vu le film de de Palma, mais je me rends compte que non (ah, encore des lacunes à l'horizon !) de toute façon, je voulais lire le roman. Voilà qui est chose faite, et même si j'ai la vague impression que ma plus ou moins vieille édition ne propose pas une traduction impeccable, j'ai aimé ce que j'ai lu.


Carrie, c'est quoi, au juste ? Juste l'histoire d'une jeune fille un peu grassouillette, élevée de façon barrée par une mère assez terrible... Mais dites donc, ça ne nous rappellerait pas vaguement le début d'un autre roman, d'une auteure que Stephen King apprécie particulièrement ? Mais oui ! C'est à peu de choses près le même postulat de départ que celui de la maison hantée de Shirley Jackson, avec pluie de pierres, mère tyrannique, et une jeune fille qui n'a jamais profité de la vie et ne connaît pas grand-chose en dehors du cocon familial étouffant. On sait que La maison hantée est la grande référence de Shining, mais son influence se fait déjà sentir dès Carrie. Ce que j'apprécie chez Stephen King, c'est que ses références n'en font pas une espèce de plagiaire, mais qu'il part clairement vers autre chose.


Carrie, donc, est une adolescente mal dans sa peau, qui n'a pas le droit de vivre sa vie d'ado parce que, selon sa mère, à peu près tout dans la vie relève du péché. Et Carrie va avoir ses premières règles, tardivement, dans les douches du lycée, au milieu des autres filles qui la traitent en souffre-douleur. Et là, tout se déchire en elle, et tout éclate autour d'elle. Et pas seulement parce qu'elle a des dons de télékinésie (elle en a d'autres, encore plus troublants). Ce roman est donc le portrait d'une adolescente en pleine crise, qui découvre d'un coup son corps, la sexualité, des pouvoirs qu'elle avait oubliés depuis l'enfance, et j'en passe. C'est aussi le portrait d'un microcosme, dont font partie des adolescents pas très sympathiques pour la plupart, et au comportement ambigu (Carrie n'est pas la seule à se découvrir). Et c'est le portrait d'une société qui préfère fermer les yeux devant une crise sacrément perturbante.


Comme c'est le premier roman de Stephen King, on sent qu'il cherche comment rendre le mieux possible tous les questionnements, tous les errements, toutes les pensées. Il a choisi de faire alterner, au milieu du récit (et même dès le tout début), des extraits d'articles de journaux, des extraits d'un livre sur la télékinésie et sur le cas Carrie, et des extraits de l'enquête sur le drame qui a mené à la catastrophe racontée ici. Et comme King utilise les différents personnages comme autant de narrateurs, il lui faut aussi rendre ce qui perturbe leurs pensées, d'où des phrases interrompues par d'autres entre parenthèses et entre deux lignes, qui forment comme une couche d'inconscient remontant à la surface. Je pense que ça peut paraître un peu lourd à certains, mais j'ai trouvé que ça fonctionnait plutôt bien ; bon, peut-être que ça aurait pu être un tout petit peu plus subtil : je n'ai pas vraiment d'avis tranché sur la question.


Ce qui m'a le plus frappée, et particulièrement dans la scène des douches (et là je vais rejoindre Orphea), c'est que ça a été écrit par un homme qui n'avait au moment de la publication (1974) pas loin de trente ans. Je suis assez stupéfaite par la capacité de Stephen King à se glisser dans la peau de Carrie, mais aussi, dans une moindre mesure, des autres filles du lycée, et tout simplement par l'idée qu'un homme ait pensé à écrire sur ce bouleversement du corps et de l'esprit, ici dramatique, vécu par une adolescente. Ça m'a fait penser vaguement à Melancolia de Mircea Cărtărescu (pour ceux qui s'en souviennent, je n'avais pas tellement apprécié, mais je me dis aujourd'hui que cette lecture n'aura pas été inutile), dont la dernière nouvelle traitait du mystère que revêtait pour un adolescent la puberté des filles. Alors, peut-être que ce sont des interrogations du même genre qui ont poussé Stephen King à écrire Carrie. Je peux me tromper.


Cependant, il se trouve qu'après avoir lu Carrie, j'ai feuilleté Anatomie de l'horreur (un essai de Stephen King sur son propre travail et sur la littérature horrifique). Et là, je découvre que je suis complètement passée - comme à peu près tous les autres lecteurs, d'après King - à côté de LA métaphore du roman, qui consistait à faire de Carrie un message sur le féminisme et sur la prise de pouvoir des femmes. Je l'avoue humblement, je n'y ai vu que du feu. King prétend que c'est de sa faute, qu'il n'a pas été assez explicite (et moi qui lui reproche régulièrement de l'être trop !), et que d'ailleurs le film de Brian de Palma est meilleur que son propre livre (bonjour l'autoflagellation). Reste que, voilà, c'est un des aspects de Carrie... sauf que si Stephen King n'en avait pas parlé dans son essai, je ne serais toujours pas au courant. Et dire que je pavoise en prétendant voir des métaphores partout, même là où il n'y en a pas !


Bref, on se fout de ma soi-disant capacité à décrypter les métaphores (ça n'est visiblement pas le cas). Lisez juste Carrie.
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Je ne reviens pas sur l'histoire de Carrie, de Stephen King et ses 83 critiques sur Babelio.
Mon commentaire non plus risque de ne pas être très original. Carrie est le premier roman publié par Stephen King, qui a alors 25 ans. Ce roman a connu le succès dès les années 70, permettant à son auteur de quitter son emploi d'enseignant pour se consacrer à l'écriture. Enfin, ce roman a fait l'objet de nombreuses adaptations, dont celle de de Palma, qui a marqué mon enfance.
Ce que j'ai envie de dire de Carrie, c'est que ce n'est pas le meilleur de l'auteur. Il faut avouer que l'on connait dès le départ la fin de l'histoire, annoncée par des extraits de journaux, des passages de la "commission Carrie White", des extraits d'un livre publié par l'une des rescapées de la destruction de Chamberlain, la ville où tout s'est joué, etc… L'intégration réussie de ces extraits dans la trame narrative principale permettent ceci dit de rythmer le récit en manque de chapitres.
Par rapport à d'autres oeuvres, Carrie manque, à mon gout, d'un peu de rythme et de suspens. de même, j'apprécie grandement le talent de King de jouer avec les peurs enfantines que croient avoir oublié les adultes que nous sommes. La non exploitation de ces thématiques infantiles, de même que la quasi-absence d'éléments fantastiques (au-delà du pouvoir télékinésique de Carrie) manquent. Carrie est une jeune fille dont on a surtout pitié, et King nous invite à l'empathie en découvrant le calvaire de sa vie, coincée entre une mère rendue à moitié folle par sa conception fanatique d'une religion qui refuse bonheur, joie et plaisir à ses ouailles, et son rôle de souffre-douleur de toute une école. Carrie ne combat pas pour sa vie, n'est pas en lutte contre le mal, il n'y a pas de "méchants écumants de pouvoirs hors du commun". Non, Carrie est juste une adolescente en souffrance, et qui n'a d'autres moyens, pour sa survie psychique, que de péter un boulon, une bonne fois pour toutes !
Il n'empêche que tous les éléments sont là pour faire de King l'écrivain à succès qu'il sera (ou qu'il est) : le style familier dont il est coutumier (et qu'on lui reproche mais que j'apprécie), une narration non dénuée d'humour le plus souvent noir, les personnages bien campés et hauts en couleur, l'utilisation de sujets rarement évoqués encore moins exploités dans la littérature, la justesse des comportements de ses personnages, la critique de la société américaine, les parents en tant que source d'insécurité et de maltraitance, et bien sur le grandiose de la scène finale...
Bref, si Carrie n'est pas "le" chef-d'oeuvre de King (je serai d'ailleurs bien embêtée de devoir attribuer ce titre à l'un de ses livre !), je vous invite tout de même à le lire, juste pour le plaisir !
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Au moment où l'intimidation à l'école fait la manchette, il faut lire ou relire ce premier roman publié sous le nom de Stephen King, car on y trouve la souffrance, la misère d'une adolescente victime de la cruauté de ses congénères.

Carrie est une oeuvre d'imagination, mais la détresse des jeunes persécutés par leur entourage est bien réelle. Et pas besoin d'avoir une mère fanatique pour subir le harcèlement, trop grand, trop petit, trop grosse ou trop maigre, un vêtement pas à la mode ou un bouton sur le nez, toutes les raisons sont bonnes pour les bourreaux qui repèrent vite la faiblesse de leur souffre-douleur et se précipitent sur elle sans pitié, comme les requins réagissent au sang qui coule. Et le carnage ne s'arrête que lorsque la proie gît, complètement démolie, physiquement ou psychologiquement.

Si bien des victimes d'intimidation ont sûrement rêvé d'avoir les pouvoirs télékinétiques de Carrie, bien des jeunes n'ont probablement jamais réalisé les dommages que provoquaient leurs quolibets assassins.
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Ah Carrie ! Quelle jubilation quand même quand tu fais tout exploser !
Avec le temps il me semble que le personnage acquiert une dimension mythique. Celle de l'adolescente, la jeune fille, pas la jeune fille fantasmée par la littérature antérieure, pudibonde et aveugle, mais la vraie jeune fille de seize ans, dont la colère peut ravager une ville. Où le jeune Stephen King est-il allé chercher cela? Je ne sais pas, c'est la marque du génie ( et pas celle de Cain, coucou Mme White...)
C'est un roman sur les jeunes filles, mais alors pas à la sauce Jane Austen héhéhé ( j'adore Janey mais parfois l'envie de tout faire péter, hein...) ni aucun autre d'ailleurs. de très vilaines jeunes filles en fleurs toutes mignonnes qui embêtent( allez, on va dire torturent) depuis la maternelle la pauvre Carrie White parce qu'elle est ...ben, bizarre, quoi, pas comme elles, c'est à dire, pas blonde (ah, ben si), pas américaine ( ah, si, pardon), pas les yeux bleus(mais si !!) , débile( pas plus que les autres) ...mais alors quoi ? Juste un tout petit peu différente dans l'habillement (moche) et l'éducation ( maman est une folle fanatique) ...Ah quelle tolérance chez ces petits boutons de rose...
Le comble est atteint un matin au lycée où Carrie, dans la douche collective du gymnase ( doux souvenirs de fortes solidarités féminines) , se met à avoir ses ragnagnas sous la douche, ne comprend pas ce qui lui arrive et pique une crise d'hystérie. "Le cardinal est à la motte" dirait Mme de Montespan. Mais Carrie n'a pas le flegme de la marquise, sa mère ne lui a rien expliqué. Au lieu de l'aider, les douces colombes la huent et la lapident avec des tampax et des serviettes hygiéniques. le corps professoral intervient, mais bon, Carrie est blessée au-delà de toute mesure.
Cependant...en même temps que ses règles se réveille un immense pouvoir telekinesique...Et là, mes amis ça va barder.
Une des filles du gymnase éprouve du remords à cause de sa conduite aux douches et décide que Carrie doit assister au bal de fin d'année avec son petit copain Tommy, super beau gosse du lycée. Une autre au contraire, enragée de s'être fait punir, décide de se venger. Carrie s'entraine à résister à maman la folle furieuse et à soulever des commodes par la pensée...Bref, tout est prêt pour le bal du diable ...
Carrie ! Carrie ! Tu vas tout déchirer ! Métaphore horrifique du passage à l'âge adulte, ratiboisage des clichés sur les filles, hymne à la tolérance sous peine d'électrocution globale, grand incendie sur les mondes étriqués, assassinat de mère abusive et foldingue, tu déchires ! Tu déchires !
A recommander particulièrement aux jeunes garçons pour leur éviter quelques surprises.
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critiques presse (2)
Syfantasy
29 août 2023
Carrie, en première pierre d'un vaste édifice de l'horreur, fait désormais partie des incontournables de King, ayant eu droit à deux adaptations au cinéma qui ont largement véhiculé dans les esprits cette image, gravée à jamais, d'une jeune femme en sang dont le regard marquera encore de nombreuses générations.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
BoDoi
15 février 2016
Un premier cycle de trois, qui pose avec une grande minutie les bases d’un scénario nourri de nombreuses influences et références parfaitement assumées.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (127) Voir plus Ajouter une citation
Mais les gens ne se rendent jamais compte qu'ils peuvent vraiment blesser les autres! Ils ne deviennent pas meilleurs, les gens, ils deviennent seulement plus malins. Et quand tu deviens plus malin, tu ne cesses pas d'arracher les ailes des mouches, tu te contentes de trouver de meilleures raisons de le faire.
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PREMIERE PARTIE

Le jeu du sang

Extrait de l'hebdomadaire Enterprise, de Westover (Me), 19 août 1966 :
MYSTÉRIEUSE PLUIE DE PIERRES

Selon plusieurs témoins dignes de foi, une pluie de pierres s'est subitement abattue sur Carlin Street dans la ville de Chamberlain le 17 août. Les pierres sont tombées pour la plupart sur la maison de Mrs Margaret White, endommageant gravement le toit et provoquant le descellement de deux chéneaux et d'une descente d'écoulement. Les dégâts sont estimés à environ 25 dollars. Mrs White, qui est veuve, habite avec sa fille Carietta, âgée de trois ans.
Il n'a pas été possible de joindre Mrs White pour recueillir son témoignage.
Personne ne fut réellement surpris lorsque se produisit la chose; non pas du moins au niveau du subconscient où s'engendrent et se développent les notions sauvages, primitives.
En surface, toutes les filles présentes dans la salle de douche furent sidérées, sur excitées, confondues ou simplement enchantées que cette garce de White en ait une fois de plus pris plein les gencives. Certaines d'entre elles manifestèrent peut-être leur surprise, mais bien entendu cette surprise était feinte. Carrie était la compagne de classe de plusieurs d'entre elles depuis la neuvième et la chose s'était développée depuis ce temps-là, développée lentement, immuablement, selon toutes les lois qui gouvernent la nature humaine, développée avec la précision d'une réaction en chaîne approchant de la masse critique.
Ce qu'aucune ne savait, bien sûr, c'était que Carrie White était télécinétique.

Inscription gravée sur un bureau de l'Ecole primaire de Barker Street, à Chamberlain :
Carrie White bouffe de la merde

Le vestiaire retentissait de cris, d'échos et du crépitement liquide des douches éclaboussant le carrelage.
Les filles avaient joué au volley-ball pendant la récréation et leur transpiration était légère et fraîche.
Elles s'étiraient, ondulaient sous le jaillissement d'eau chaude, poussaient des glapissements, s'aspergeaient, se glissaient des pains de savon blanc. Carrie se tenait massivement plantée au milieu d'elles, grenouille bœuf parmi les cygnes. Elle était courtaude, épaisse; avec la nuque, les épaules et les fesses constellées de taches de son et ses cheveux trempés dépourvus de couleur. Ses mèches plates collées au visage, dégoulinantes, maussades, elle restait plantée là, tête penchée, ruisselante, inerte sous la douche. Elle avait tout de la victime expiatoire, du souffre-douleur, du canard boiteux, de la fille qu'on met en boîte à chaque instant, qui croit aux tasses à anses pour gauchers, et la réalité correspondait aux apparences. Elle ne cessait de regretter avec amertume l'absence à Ewen School de douches individuelles, donc privées, comme dans les collèges de Westover et Lewiston. Les autres avaient la manie de la dévisager. Elles la dévisageaient toujours.
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7h33.
Il ne vient pas.
(alors je démolis la maison)
L'idée lui vint naturellement, spontanément. D'abord la machine à coudre, projetée à travers le mur du salon. Le canapé par une fenêtre. Les tables, les chaises, les livres, les tracts volant en tous sens. Tous les tuyaux arrachés et continuant à cracher comme des artères extirpées de la chair. Le toit même, si son pouvoir s’étendait jusque-là, projetant des tuiles plates dans la nuit comme des pigeons effarouchés…
Un pinceau lumineux illumina la fenêtre.
D'autres voitures étaient déjà passées, lui faisant battre le cœur, mais celle-ci roulait beaucoup plus lentement.
(oh)
Elle courut à la fenêtre, incapable de se maîtriser, et c'était lui, Tommy, qui descendait de sa voiture et même à la lumière du lampadaire il était beau, vivant, et presque… croustillant. La bizarrerie du mot lui donna envie de rire.
Maman avait cessé de prier.
Elle prit son écharpe de soie légère, en drapa ses épaules nues. Elle se mordit la lèvre, tapota sa chevelure, elle aurait vendu son âme pour un miroir. Le timbre dans l'entrée émit sa vibration mate.
Elle se força à attendre un instant, réprimant le frémissement de ses mains jusqu'au deuxième coup de sonnette.
Puis à pas lents, elle s'avança dans un froissement soyeux.
Elle ouvrit la porte, il était là, presque aveuglant, en veste de smoking blanc et pantalon noir.
Ils se regardèrent sans échanger un mot.
Elle se dit que si jamais le moindre son déplacé franchissait ses lèvres, son cœur se briserait et que s’il riait elle mourrait. Elle sentit réellement, physiquement, toute sa pauvre vie se contracter, se réduire en un point qui pouvait être la fin de toutes choses ou l'accès à un univers nouveau et lumineux.
Enfin, d'une voix éperdue, elle demanda :
– Je te plais?
–Tu es très belle, répondit-il.
Et elle l'était.
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-Rouge,murmura maman. J'aurais dû m'en douter qu'elle serait rouge. (...) Je vois tes salbosses. Tout le monde va les voir. Ils vont regarder ton corps. Le livre dit...
-Ce sont mes seins, maman. Toutes les femmes en ont.
-Enlève cette robe, dit maman.
-Nonn.
- Enlève cette robe, Carrie. Nous allons descendre et la bruler dans l'incinérateur; ensuite nous ferons des prières pour obtenir le pardon de Dieu. Nous ferons pénitence.(...)
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Elle brandit le couteau et son regard se riva sur la courbe luisante de la lame.
Carrie, avec lenteur, avança d'un pas.
- Je suis venue pour te tuer, maman. Et toi, tu m'attendais pour me tuer. Maman, je... ce n'est pas juste, maman. Ce n'est pas...
- Prions, dit maman d'une voix douce. (Elle ne quittait pas Carrie des yeux et une sorte de compassion farouche se lisait dans son regard. Les lueurs de l'incendie s'étaient avivées et dansaient sur les murs telles des ombres de derviches tourneurs.) Pour la dernière fois, prions.
- Oh, maman, aide-moi! s'écria Carrie.
Elle s'abattit sur les genoux, tête baissée, les mains levées en un geste de supplication.
Maman se pencha en avant et le couteau décrivit un arc de cercle étincelant.
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