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3.77/5 (sur 65 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Dresde , 1979
Biographie :

Anja Baumheier est née à Dresde en 1979. Aujourd'hui, elle vit avec sa famille à Berlin, où elle travaille comme professeur de français et d'espagnol. Ses romans "Kranichland" et "Kastanienjahre" ont déjà été publiés par Rowohlt.

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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Marlène se mit à les compter. Ses lèvres remuaient sans bruit. Vingt neuf. Elle recensa vingt neuf sortes de yaourt différentes ! Elle éclata de rire et en choisit un au hasard. Personne n'a besoin d'avoir un choix pareil.
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Mais, Johannes était obligé de réagir s’il ne voulait pas que Kolia le soupçonne de s’éloigner de la ligne du Parti, maintenant qu’il avait éprouvé dans sa chair les méthodes utilisées pour surveiller la population. Il croyait encore à l’idéal d’égalité entre les citoyens. Mais en RDA, les rêves se heurtaient souvent à la réalité. Tant qu’on obligerait des gens à surveiller leurs voisins pour leur dicter comment ils devaient se comporter, on ne pourrait parler d’égalité. Quant à l’idéal de justice, mieux valait carrément ne pas l’évoquer.
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Mais un événement était alors survenu et avait complètement déstabilisé
Marlène. La chute du mur. Ce soir-là, elle dormait déjà et n’avait appris la
nouvelle que le lendemain matin. Les gens étaient euphoriques, fêtaient
l’événement et se félicitaient du cours qu’avait pris l’Histoire. Anton
n’apparaissait plus que rarement à la maison et répondait de façon évasive
quand Marlene lui demandait où il allait.
Marlene se replia sur elle-même une fois de plus. Elle refusait à chaque
fois qu’Anton lui proposait de l’accompagner à Berlin-Est. Les trois mois
qui s’étaient écoulés depuis l’ouverture du mur n’avaient rien changé à sa
façon de voir les choses. Pourquoi revoir ce pays qui l’avait fait tant
souffrir, qui l’avait plongée dans le malheur et le désespoir. Les souvenirs
de ce qu’elle avait vécu là-bas recommençaient à la hanter. Maintenant
qu’elle avait réussi à construire une nouvelle vie, voilà que l’édifice s’en
trouvait ébranlé. Depuis que le mur avait disparu, plus rien ne la protégeait
de son passé.
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Marlène fut prise de vertige. Elle s'éloigna de Theresa, ouvrit la porte, courut sur quelques mètres, tourna dans une rue secondaire et se jeta à genoux sur le sol. Tout son corps s'était contracté, il lui semblait que chaque respiration serait la dernière. Dix-huit ans plus tôt, le soir de la Saint Sylvestre, sa petite Paula venait au monde.
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Cette pause lui fit du bien et elle parvint lentement à se calmer. Elle leva
la tête et constata que le ciel s’était couvert, il ne tarderait pas à pleuvoir.
Marlene avait froid et hâte de rentrer chez elle, mais elle ne bougea pas. Il
faisait bon à l’extérieur, avec seulement le ciel au-dessus de sa tête. Elle se
moquait des conditions météo, au moins elle n’était pas enfermée. Dehors,
elle était libre de ses mouvements. Elle pouvait aller où elle le souhaitait,
rencontrer qui bon lui semblait et acheter ce qui lui faisait plaisir. Cette
liberté faisait du bien, mais elle était aussi tellement dérisoire. Que lui
importait ces vingt-neuf marques de yaourts et ces fruits de la passion, alors
qu’elle se sentait seule au monde ? Ce qui lui manquait le plus, c’était
quelqu’un en qui elle pouvait avoir confiance.
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Elisabeth se pencha pour prendre son sac de voyage. Ses cheveux milongs lui tombèrent sur le visage, et elle rabattit derrière ses oreilles une
mèche dans laquelle Anton remarqua pour la première fois un cheveu gris.
Ce n’était qu’un petit geste banal, mais Anton ne se lassait pas de voir tant
de beauté chez elle. Elisabeth était la femme de sa vie et, en découvrant ce
cheveu gris, il comprenait qu’il voulait vieillir à ses côtés. Le temps passait
si vite. D’un jour à l’autre, tout pouvait s’arrêter, il en faisait souvent
l’expérience à l’hôpital. Soudain, il trouva absurdes ces sept dernières
années. Sept ans sans perspective, sans objectif. Combien de temps cela
durerait-il encore ?
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Le directeur s’éclaircit enfin la voix.
— Marlene Groen, est-ce que tu peux nous redire ce qui s’est passé ?
Son col de chemise comprimait son double menton et formait un
bourrelet qui rappelait à Elisabeth un bec de pélican. Tandis qu’il parlait, le
directeur se pencha de côté, ce qui augmenta encore la tension sur les
boutons de sa chemise et fit apparaître un bourrelet de son ventre
proéminent. Il se redressa, un exemplaire du Journal de Mickey à la main. Il
le jeta avec fureur sur la table et s’essuya les mains sur son pantalon.
Marlene se rongeait les ongles. Silencieuse, elle avait elle aussi les yeux
levés vers la lampe qui clignotait au plafond.
— Marlene Groen, regarde-moi quand je te parle.
Elisabeth posa sa main sur l’épaule de sa fille.
— Raconte-nous, ma chérie, l’encouragea-t-elle, s’efforçant de la traiter
avec le plus de douceur possible, même si elle était consciente que ce
journal était un sujet explosif.
Marlene baissa la tête et regarda sa mère d’un air apeuré. Décidément,
elle était tellement différente de sa sœur, tant physiquement que
psychologiquement. Charlotte avait le don de s’adapter et faisait
constamment ce qu’on attendait d’elle. À l’inverse, Marlene ne se souciait
jamais des conséquences de ses actes. De ce point de vue, Elisabeth, sans se
l’avouer, se sentait bien plus proche de Marlene que de Charlotte. Mais
cette fois, elle était vraiment allée trop loin.
Le directeur se leva d’un bond et frappa du poing sur la table,
renversant sa chaise derrière lui.
— Marlene Groen, tu as introduit à l’école un outil de propagande
impérialiste et, pour cela, tu risques d’être renvoyée. Est-ce que tu te rends
compte de la gravité de la situation ?
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Elisabeth releva le bas de sa robe, s’assit sur le porte-bagages, et
Johannes se mit à pédaler. Elle se tenait à lui pour ne pas tomber. Elle avait
passé ses bras autour de sa taille et sentait la chaleur de son corps à travers
sa chemise. Les rues de Rostock avaient beau être encore dévastées par la
guerre, Elisabeth avait l’impression de ne s’être jamais sentie aussi bien de
toute sa vie. Les jours passés dans la cave, la faim, la peur, tout cela avait
subitement disparu. Elle ne pensait plus qu’à Johannes désormais.
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Johannes était assis à son bureau et fixait le verre qu’il tenait dans sa
main. Sa dispute avec Kolia remontait déjà à une semaine, mais il ne
décolérait pas. Il avait suivi cet homme aveuglément, pendant des années,
mais cette fois quelque chose s’était irrémédiablement rompu dans leur
relation. Pourtant, une fois calmé et après avoir pris le temps de réfléchir, il
s’était rendu compte qu’il valait mieux ne pas affronter Kolia trop
frontalement. Pendant le contrôle, il était allé trop loin en l’agressant. Il
espérait qu’il n’aurait pas à s’en repentir. Il devait analyser la situation sans
céder à ses affects, puis avancer de façon rationnelle, pas à pas, en
anticipant les conséquences. C’était ce qu’il avait toujours conseillé aux
collaborateurs à qui il donnait des formations.
Kolia tirait les ficelles et, depuis le début, il les avait toutes en main.
Qu’est-ce que Hertha avait dit à Kolia le jour de leur mariage ? Je ne suis
pas une marionnette ! Désormais, Johannes se sentait comme un pantin
sans cœur et sans âme, qui n’avait fait qu’agir au doigt et à l’œil de celui
qui le manipulait.
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Lorsqu’ils passèrent devant la maison d’Hertha, Kolia désigna sa
fenêtre d’un signe de tête.
— Vanioucha, que sais-tu au sujet de cette madame Hinnerksen ?
— Pas grand-chose. Pourquoi ?
Johannes tournait l’alliance autour de son doigt. Il n’avait pas encore
l’habitude de la porter.
— Écoute-moi, notre jeune État ne compte pas que des partisans.
Beaucoup de gens n’ont pas encore compris quel est notre objectif. Et
beaucoup cherchent à nous nuire.
— Mais Hertha est inoffensive. Tu ne crois pas que tu exagères ?
Kolia secoua la tête.
— Non, hélas. Nous ne serons jamais assez prudents, Vanioucha.
Certains préparent des actions de sabotage, d’autres répandent des rumeurs.
Nous devons prendre les devants et agir contre eux, sinon ils réduiront à
néant ce que nous voulons construire. Et, dans ce but, nous avons créé des
structures spéciales.
Johannes s’arrêta.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Le K5, ça te dit quelque chose ?
— Non.
— K comme Kriminalpolizei. Nous avons créé un service chargé de
lutter contre la propagation de slogans antidémocratiques.
Kolia sortit un paquet de cigarettes de la poche de son uniforme.
— Et comment vous procédez concrètement ?
— On cible des personnes suspectes et on mène des enquêtes discrètes.
Kolia alluma une cigarette.
— On cherche justement des collaborateurs. J’ai pensé à toi. On paie
bien, et c’est un travail à horaires fixes. Pour toi qui auras bientôt une
famille à nourrir, ce serait un bon poste. Qu’est-ce que tu en penses ?
Johannes réfléchit. Il devait beaucoup à Kolia et à ce jeune État. Il avait
désormais une nouvelle patrie qui avait besoin de lui, et il avait déjà mis un
pied dans son administration. Johannes était reconnaissant d’avoir eu cette
chance, et il était prêt à rendre service. Quoi de plus naturel que de défendre
son pays contre ceux qui le menacent ?
Johannes regarda l’alliance passée à son doigt, puis il se tourna vers
Kolia :
— Vous pouvez compter sur moi.
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