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3.31/5 (sur 16 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : CATANE , 1989
Biographie :

Jeune écrivain originaire de Catane en Sicile vivant à Rome, "Petite Femme", son premier roman, a été candidat au prix Strega 2017.

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Bibliographie de Anna Giurickovic Dato   (1)Voir plus

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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Maria au parfum de thym est blanche comme le lait chaud. Maria fait fondre le miel. Dans ses yeux bruns des filigranes vert mousse, son nez se retrousse comme celui d’un lièvre. Maria qui savoure le monde, curieuse et sans crainte.
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C’était un homme taciturne. Il rentrait fatigué, s’asseyait dans un fauteuil et mettait un cigare dans sa bouche, parfois éteint, juste pour le plaisir de sentir la saveur du tabac sur sa langue. En le voyant aussi réservé et enfermé dans ses pensées solitaires, j’avais du mal à me rappeler notre amour, celui frais et vif des premiers temps, et je doutais qu’un tel amour ait vraiment existé. Je l’avais adoré, je l’avais imploré, je l’avais attendu et enfin, quand j’eus dix-huit ans, il me demanda de l’épouser. Il en avait déjà vingt-sept et travaillait. Nous avions l’habitude de sortir ensemble le samedi après-midi, une glace dans la rue piétonne avant d’aller au cinéma, la première séance du soir. Jamais il n’avait glissé une main sous ma jupe ou, de ses paumes rugueuses, effleuré mes bas. Il m’embrassait avec pudeur, en me tenant la nuque, et disait en caressant mes cheveux : « Qu’ils sont doux, quel bon parfum de pêche. » Il ne lâchait jamais ma main, la serrait comme s’il voulait attirer mon corps contre lui, mais avec un profond respect il le laissait où il était, mes doigts entrelacés aux siens. Il hantait mes cauchemars et mes rêves, réglait mes humeurs, disposait de mon temps et de mes envies qui grandissaient comme une torture sans trêve.
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Tout l’islam célèbre l’Aïd el-Fitr qui marque la fin du Ramadan. Trois jours de réjouissances mérités après le jeûne. Les parents de Maria sont italiens et vivent à Rabat depuis quelques années seulement, mais ils participent à la joie de cette communauté. Elle marche main dans la main avec sa maman qui la laisse goûter tout ce qu’elle veut. Son papa explique à un couple français le sacrifice d’Abraham. C’est un homme robuste, grand, beau. Maria s’aperçoit que, quand il passe, les gens le regardent avec respect, briguent ses attentions. Elle sait que c’est un homme important, un diplomate qui travaille à l’ambassade italienne au Maroc. Elle aimerait couper une boucle orangée sur sa tête et la conserver dans sa trousse pour pouvoir dire : ça, c’est mon papa.« Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : “Abraham ! Abraham ! Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique.” »Maria est absorbée par une pensée. Elle est l’unique fille de son père.
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Je voudrais pouvoir rejeter la faute sur quelqu’un, être jeune et belle, avoir tout à apprendre et n’avoir encore rien raté. Je voudrais pouvoir être écoutée, saisir ce maudit bras qui ressert du vin à ma fille, et le briser à la force de mes mains. Ordonner à ma fille de partir — un, deux, trois —, de ne plus se montrer jusqu’à demain matin. Voir la peur dans ses yeux, puis me réjouir de ses larmes coupables. Pourtant je crains, c’est presque une certitude, que toutes mes paroles soient vaines, qu’elles rebondissent bêtement contre les murs, ou bien, si je les prononce à voix haute, qu’elles soient perçues comme ennuyeuses, des humiliations, des lèse-majesté, alors eux seront encore plus complices pour se moquer de moi, me discréditer davantage. Je devine le regard méprisant de Maria qui déglutit bruyamment son vin et rit comme une chouette.
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Une main froide s’étend sur son corps, chatouille son flanc. Maintenant elle passe sous l’élastique de son petit pantalon en coton jusqu’à toucher son ventre. D’instinct elle se dégage, sa lèvre supérieure tremble. Elle ne veut pas contrarier son papa, c’est une petite fille spéciale. Trèsspéciale. L’homme pose le livre, éteint la lumière et Maria voit disparaître dans le noir ses reflets orangés. Son corps s’approche de celui de l’enfant. L’homme est ému au contact de sa peau délicate, repose sur elle tout son poids et Maria retient sa respiration. Elle n’arrive pas à gonfler son thorax, elle reste en apnée. Les mains de son père glissent dans sa petite culotte et Maria éprouve une sensation étrange, de chaleur et de tristesse.
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Mais il faut qu’tu comprennes, Mari’, que les autres filles, moi, j’en ai rien à faire. Elles peuvent bien être moches ou belles, j’les vois même pas. Elles ont toutes perdu leurs yeux depuis qu’j’ai vu les tiens. Tu comprends pas, Maria, que j’suis fou d’toi ? Est-ce que je s’rais encore ici à t’supplier s’il suffisait que je change de fenêtre pour trouver une autre fille pareille ? Quand j’te vois, Mari’, je redeviens un p’tit garçon. J’ai l’impression d’avaler mon cœur tellement il remonte dans ma gorge. Et là, j’te dis toutes ces choses mais j’te jure, Mari’, qu’si tu descends, je fermerai ma bouche et arrêterai d’parler.
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Ce sont des livres dont nous n’avons pas pris soin, qui sont passés de maison en maison et ont vu des choses que personne ne devrait jamais voir. Plus loin il y a un coffret qui contient des essais historiques, du monde antique aux empires, écrits par Brown, Waley, Le Goff et Braudel. Giorgio était un passionné d’essais historiques et politiques, pour lui la fiction était une perte de temps.« Voilà ce qu’il faut lire, tout le reste on peut l’oublier, mais pas l’histoire ! Tant que tu liras ces choses inutiles… oui oui, c’est beau et même plus que beau, seulement ça ne sert à rien, m’expliquait-il.
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Il y avait plein de mendiants qui tendaient les bras vers moi et répétaient, sans fin, des prières en l’honneur d’Allah. Ils étaient estropiés et malades, tous vêtus de haillons, et un seul, je n’arrive pas à l’oublier, portait une tenue en velours bleu et racontait des histoires aux passants en échange de quelques pièces. Un marchand de chameaux est arrivé, il venait du marché de Settat, et vendait une bête pour quarante mille francs. Moi, petite fille, j’ai tout de suite couru vers les chameaux, tu imagines. Le marchand s’est approché et m’a demandé de payer pour jouer avec ses animaux
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Il m’étreignit sans me laisser le temps d’entrer, m’embrassant le visage et le cou, arrachant presque mon soutien-gorge. Puis d’une main (je ne lui avais jamais connu pareille fougue !) il poussa ma tête vers le bureau, me faisant pencher en avant, tandis que son autre main relevait ma jupe et écartait ma lingerie comme s’il ne pouvait attendre que je la retire. Ce fut une effusion brève, enflammée et solitaire. J’étais suspendue à ses lèvres comme d’habitude, j’espérais qu’il continue, j’espérais qu’il me retourne et dise en me fixant de ses yeux ardents : « Tu es tellement belle. »
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C’était une de ces personnes capables de tout obtenir avec le minimum d’effort, maintenant ses interlocuteurs à distance et dans une confortable position de soumission, sans qu’ils puissent faire autrement qu’obéir à sa froide et désarmante gentillesse. Elle avait de longs pieds d’Égyptienne, prisonniers de ravissantes sandales en cuir sombre, un pantalon blanc avec des petits pois orange brodés à la main et des cheveux blond clair coupés à la garçonne, raidis par la laque sur son front. Ruggero était un brave, un rêveur. Il aimait la bonne chère et mangeait avec voracité.
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