TABLEAU
J'avais accroché mon amour sur le mur
comme un tableau.
L'amour s'est enfui,
le tableau est resté
dans son cadre,
suspendu à son clou,
sur le mur de mon âme.
INACHEVÉ
Regarder pour le plaisir
les images dans l'eau,
perpétuelle recherche de la lumière.
Indicible écriture des eaux jamais en repos,
poursuivant des profondeurs secrètes.
Paysages de nos pensées
vivants parce qu'inachevés.
QUÊTE
Nos âmes usées
ont la forme des pierres
après le passage du vent.
Un seule fragment manquant
empêche parfois de reconstruire la figure.
Tant de pas sans savoir où ils vont
pour éviter de rencontrer notre âme,
dans notre inlassable poursuite de l'inutile.
NO MAN'S LAND
À la croisée des chemins,
une route vers l'infini,
une autre route perdue dans les brumes
et ne pas savoir où aller.
Tentation de rester là,
attendre le destin
ou retourner en arrière.
On ne peut refaire le chemin,
la règle du jeu est d'avancer.
Au croisement,
une autre énigme dit :
" Ne pas choisir ".
Laisser faire le hasard !
Aller au gré d'un rocher, d'une source,
d'une touffe de genêts,
où conduisent les pas.
Qu'importe s'il n'y a ni route
ni infini.
Personne n'arrive jamais au bout du voyage.
Laboratoire de création
Exploration du chaos. Le laboratoire où se modèle, se cherche le mot juste. Mystère. Par quelle opération ? Enlever le surplus de terre. Dégager l'inutile. Sortir de leur gangue les dépôts et les sédiments et tout ce qui compose l'humus du texte. Aller là où portent les mots, les images ; ce sera toujours inattendu parce que les mots nous entraînent où ils veulent - et souvent un autre mot remplace le mot initial. L'important est qu'ils se parlent entre eux. Leur rapport d'amour, notes de musique qui composent la ligne musicale.
De cet extrême dénuement, à chaque fois refaire le chemin.
Si c’était…
Que cherchons-nous avec autant d’obstination ?
Si c’est la lumière,
peut-être la trouverons-nous dans une autre lumière.
Si ce sont les mots,
nous les trouverons au-delà du silence
dans la contradiction.
Si nous cherchons l’amour,
il est au-delà de l’amour même,
dans la solitude.
Si nous voulons exorciser la mort
nous remonterons le fleuve à sa source.
Si c’est le néant,
nous parlerons aux pierres.