Anouck Faure : une graveuse inspirée par la nature calédonienne. Anouck Faure est une artiste graveuse née à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. La jeune femme installée depuis quelques années à Paris est aussi illustratrice.
Reportage aux Ateliers Moret à Paris.
Diffusé le 24 novembre 2022 sur Calédonie la 1ère.
Nathalie Sarfati / Denis Rousseau-Kaplan / Rael Moine/Thomas Chudeau Querolle.
J'imagine qu'il y a un plaisir bien particulier, une forme d'orgueil, à incarner le monde entier de deux petites créatures, sans même qu'il soit besoin de recourir à magie pour cela.
La mort est peut-être finalement une excellente manière de résoudre les conflits, si elle apaise ainsi les cœurs et restaure leur clarté de jugement. Peut-être nous entre-tuer lorsque des différends nous opposent est-il ce que nous faisons de plus sage. Nous agissons guidés sans le savoir par l'instinct que la sagesse nous trouvera dans l'autre monde. Mais je sais qu'il existe également des fantômes pour qui les offenses de leur vivant deviennent une obsession qui ne connaît ni fin ni mesure.
Peut-être éprouvèrent-ils du vertige à imaginer les ténèbres d'un esprit sans image.
Dans la nuit, les humains comme les insectes cherchent un souvenir de soleil dans l'éclat du feu.
Les seuls témoins qu'il me plaisait d'interroger étaient des journaux, des manuscrits à décrypter, à la rigueur des cadavres, non des vivants imprévisibles et menteurs. (24)
L'amour n'est-il pas une chose d'une étrange cruauté ?
Voyager dans la matière des étoiles, déchirer les voiles opaques des âges passés : voilà la pulsion qui m'animait alors au-delà de la raison.
Un calme étrange semblait s'être fait sur le lac de sa démence, comme si le sang avait eu le pouvoir d'assouvir sa furie.
Bientôt, tu feras venir les dieux. Bientôt ils élèveront les étoiles au-dessus du monde. Ils reprendront le ciel des multiples bras de Tumu-ra'i-fenua ; la grande pieuvre s'endormira à la frontière des eaux.
Dussé-je vivre mille ans, je n’oublierai jamais mon arrivée à Roche-Etoile. La cité florissante se parait de roses blanches et de pales bourgeons de pommiers. Un soleil pur enluminait d’or les tours effilées du sanctuaire. Dans son écrin de montagnes, la cité de la déesse sans visage semblait recevoir du ciel toutes les bénédictions. Un tableau qui m’apparait peut-être d’autant plus niaisement idyllique que les ombres des démons envahissaient alors le moindre recoin, à moins que ma propre fascination débordante n’ait magnifié mon souvenir.