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Citation de gouelan


J'ai photographié la bicyclette, aussi.
Quelle bicyclette ?
Celle qu'on voit là-bas, couchée par terre au milieu de la place.
C'est une drôle d'idée, dit le père Eusebio en regardant vers la bicyclette.
Les avions ça suffit pas pour raconter ce qui se passe ici, dit Basilio. Dès que tu te mets la tête sous le drap noir et l’œil dans le viseur, tu te rends compte que ça suffit pas.
Si on peut voir les bombardiers juste là, au-dessus des toits, c'est déjà beaucoup, non ?
Sur la photographie, on verra les bombardiers.
Ben oui, bien sûr, Basilio. Les bombardiers. Le front lissé, le regard inquiet du père Eusebio.
Je veux dire, continue Basilio, on verra que les bombardiers. Ils prendront toute la place, sur la photographie. Surtout que ça occupe beaucoup de place, un bombardier.
C'est bien ce qu'il nous faut, bredouille le curé.
C'est pas comme une bicyclette.
Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
Rien que ça, une bicyclette qui repose à terre, au milieu d'une place déserte. Je crois que c'est pas mal pour donner à deviner tout ce qu'on voit pas sur l'image. Toutes ces choses qui flottent dans l'air et qui fabriquent notre peur de maintenant. Qu'on peut pas graver sur du papier mais qui nous empêchent presque de respirer, par moments. Tu vois ce que je veux dire ?
Oui.
Alors je trouve que cette image de bicyclette, elle fait la place à tout ça et c'est dans ce sens qu'elle vaut bien une photographie de bombardier.

p.108
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