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Biographie :

Antonin Pottier, ancien élève de l’École normale supérieure, est chercheur au Cerna, École des mines de Paris. Ses travaux portent sur les aspects socio-économiques du changement climatique et l’intégration de l’environnement dans la discipline économique.

Source : Reporterre
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#écologie#empreintecarbonne#bernardins Intervention d'Antonin Pottier, économiste Pour en savoir plus : https://bit.ly/3FGL3uW. Le Collège des Bernardins est un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l'homme. Pour tout savoir de l'actualité du Collège des Bernardins, suivez-nous sur les réseaux sociaux Facebook : https://www.facebook.com/CollegedesBernardins/ Twitter : https://www.twitter.com/CBernardins Instagram : @collegedesbernardins


Citations et extraits (95) Voir plus Ajouter une citation
Il ne sert à rien de monter la chute possible des civilisations, d’aller chercher des cas aussi divers que les Mayas, la civilisation de l’âge du bronze ou la fin de l’Empire romain. À ces exemples de civilisations éteintes, l’Économiste rétorquera : « C’est qu’elles n’avaient pas les marchés. »
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Les climatologues ont pu calculer approximativement le nombre total de tonnes de CO2 qu’il restait possible d’émettre à partir de 2010, pour garder une chance sur deux de rester en dessous d’un réchauffement de 2°C : environ 1 800 milliards de tonnes (environ deux fois moins pour avoir quatre chances sur cinq). […] force est de constater qu’il y a plus d’énergie fossile qu’il n’est possible d’en brûler pour préserver le climat […] L’approche métabolique amène ainsi à conclure que limiter le réchauffement climatique à2°C devrait conduire nécessairement à ne pas exploiter des gisements d’énergie fossile déjà connus : un tiers du pétrole, la moitié du gaz et les quatre cinquièmes du charbon, parmi les réserves actuelles, devront rester inexploitées jusqu’en 2050. […] ces gisements, enregistrés comme des actifs seraient donc surévalués […] L’ONG britannique Carbon Tracker estime ainsi que deux tiers des actifs détenus par les entreprises énergétiques sont sans valeur. […] Il y aurait donc une « bulle carbone » sur les valeurs énergétiques minières. […] Le succès même de la lutte contre le changement climatique pourrait achever de déstabiliser un système financier mondial déjà bien fragilisé par des montagnes de dettes. Espérons que nous saurons dépasser les insuffisances du discours économique pour faire face avec lucidité à ce dilemme.
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Le climato-scepticisme ne vient pas de nulle part mais fait partie d’une stratégie délibérée de mise à l’écart des faits scientifiques dérangeants. Cette stratégie exagère les incertitudes, insiste sur le caractère partiel des résultats et au final introduit du doute sur la solidité des faits. L’objectif ultime : donner l’impression qu’il n’est pas raisonnable de décider tout de suite parce que les preuves factuelles sont insuffisantes. La mise en place de politiques contre les émissions de gaz à effet de serre est alors reportée. Aux États-Unis, cette stratégie est déployée à une grande échelle. Pour la mener à bien, de nombreux organismes sont créés de toutes pièces et affublés de noms sérieux, tels que l’Institut pour l’étude de l’économie et de l’environnement, la Société pour le verdissement de la Terre, etc. Ces pseudo-instituts scientifiques se donnent l’apparence de centres de recherche et rédigent des rapports, plus ou moins fantaisistes, montant en épingle la moindre incertitude sur le changement climatique. S’appuyant sur des opérations de communication très efficaces, ils diffusent ces rapports dans les médias généralistes, suscitant ainsi un bruit médiatique qui brouille la perception des enjeux. Ces organismes forment aussi des individus pour intervenir dans les débats publics et y produire des arguments chocs, destinés à introduire de la confusion chez les auditeurs. Exemple : comment croire aux projections du temps qu’il fera dans cent ans alors que l’on ne peut déjà pas prédire le temps à plus de cinq jours. Ces arguments simplistes (celui-ci confond la météorologie, qui prédit les phénomènes de détail, et la climatologie, qui s’intéresse aux grandes tendances) nécessitent du temps pour être démontés, et ce temps n’est jamais disponible sur les grands médias. Les organismes qui promeuvent le discours climatosceptique sont en réalité des prête-noms, des couvertures derrière lesquelles se dissimulent d’autres organisations plus puissantes, ais qui ne souhaitent pas apparaître au grand jour. Un rapport soutenant que les ours polaires ne souffrent pas du réchauffement climatique paraître suspect s’il est publié par la compagnie pétrolière Exxon Mobil. Si cette compagnie finance un chercheur « indépendant » pour tenir le même discours, le rapport paraîtra plus recevable. Ces organismes sont donc des écrans qui masquent de puissants intérêts financiers. Sur la décennie 2000, plus de 120 millions de dollars ont été consacrés au financement des travaux climato-sceptique [c’est tout ?]. Ces techniques de manipulation sont anciennes. Les fabricants de cigarettes ont été parmi les premiers à les utiliser massivement.
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[Objectifs en émissions, concentration, température :]
Les politiques climatiques, si elles ont des effets tangibles, modifient d’abord l’évolution des émissions. Les conséquences qui en découlent sur la concentration des CO2 ou la température globale ne sont que dérivées des effets sur les émissions. Les objectifs en émissions sont donc préférables car ils sont plus proches des actions, tant d’un point de vue causal que temporal. Au contraire, les effets finals des réductions d’émissions sur les variables climatiques sont différés, jusqu’à quelques dizaines d’années, du fait du fonctionnement du cycle biogéochimique du carbone et de l’inertie du système climatique, et font intervenir des causes et rétroactions autres que les émissions anthropiques que l’on cherche à contrôler.
Quant aux objectifs en température, ils ne sont pas faciles à apprécier. Les variations, année après année, de la température globale rendent difficile et controversée la mesure de la hausse réelle de la température moyenne. Il faut attendre de longues années por séparer les oscillations de la tendance.
Les objectifs en température ont donc des effets paradoxaux. Ils ont la force de lévidence pour mesurer le réchauffement climatique et apparaissenet au cpublic concrets [à démontrer !!], sns doute parce que la température mesurée sur un thermomètre rend famier le concept passablement abstrait de température globale moyenne. En témoignent l’extraordinaire succès des 2°C et son pouvoir de mobilisation. Dans le même temps, les objectifs en température laissent une marge de manœuvre considérable à la communication politique. Ils autorisent à continuer à proclamer l’objectif alors même que l’inertie de la trajectoire conduit certainement à sa violation. Ils permettent de gagner du temps avant de reconnaître que l’objectif ne sera pas tenu. […] Dernière conséquence des objectifs en température, ils favorisent le pari et la prise de risque. Le respect de ces objectifs implique certes les émissions humaines mais également des causes adventices régies par des processus naturels incertains. Ainsi émettre 900 GtCO2 cumulées entre 2010 et 2100 donne deux tiers de chance de rester en dessous des 2°C, tandis qu’émettre 1 500 GtCO2 en offre moins de la moitié. En visant une hausse de 2°C, on peut donc toujours augmenter les émissions en pensant que le sort sera favorable Implicitement, c’est un pari sur le bon vouloir de la nature à pallier nos inconséquences.
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Ce fut une véritable opération d’endiguement des préoccupations écologistes, qui se mit en place à partir de la fin des années 1970 et qui dure encore aujourd’hui. Ce mouvement antiécologiste reprend les techniques de manipulation si brillamment utilisées par les industriels du tabac. Ces instituts créés pour l’occasion publient des livres minorant les dégâts environnementaux et appelant à une analyse froide et sereine des faits. Le recouvrement entre appartenance politique et prise de position sur l’environnement est total. Les groupes de réflexions conservateurs adoptent tous une position « sceptique » sur les sujets environnementaux, tandis que quasiment tous les ouvrages « sceptiques » sont publiés ou soutenus par de tels groupes.
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Le substrat du discours économique est aujourd’hui constitué autour de deux pôles. Le premier est une anthropologie, c’est-à-dire une conception des êtres humains. Ceux-ci sont vus comme des individus, entités autonomes, détachés de la société, qui ne cherchent qu’à s’enrichir pour accroître leurs satisfactions, quelle qu’en soit la nature. […] Si, en théorie, n’importe quelle fonction est envisageable, le savoir économique donne l’image d’une maximisation de la consommation, car telle est l’hypothèse ultramajoritaire. Ce sont là les lointains échos de la réduction des passions humaines au seul intérêt, qui s’opère entre le XVIIè et le XVIIIè siècle, sous l’impulsion des élites dirigeantes, dans un souci de prévisibilité, de calcul et de contrôle.
Le second pôle est une philosophie politique et sociale, c’est-à-dire une vision de la vie en société. La société est vue comme un simple agrégat d’individus : l’individualisme méthodologique du savoir économique se mue en individualisme ontologique dans le discours économique. Les aspirations d’enrichissement des individus se ont concurrence sur le marché. De cette compétition des intérêts, il ne devrait résulter a priori que dissension, conflit et chaos. […] Or, dans la vision économique, que l’on peut aire remonter à la Fable des Abeilles de Mandeville et associer à la philosophie libérale, du marché émerge un ordre social. Mieux, grâce au marché, en cherchant son intérêt individuel, chacun concourt au bien collectif, comme s’il était guidé par une main invisible, selon la célèbre métaphore d’Adam Smith […]. Les interactions sur le marché s’autorégulent pour produire un ordre, ordre qui, de surcroît, permet d’atteindre le bien collectif. Les échanges créent les liens entre individus qui donnent cohérence et stabilité à la société
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Grâce aux équivoques dans la présentation des résultats atteints, cette construction intellectuelle fonctionne comme une preuve de la véracité du fondamentalisme de marché : les marchés concurrentiels conduisent à une situation optimale pour la société. Sans les jeux de l’évocation et la caution scientifique de théories économiques, le fondamentalisme de marché apparaîtrait pour ce qu’il est : un credo absurde, sans cesse contredit par les faits. Et, sans eux, le climato-scepticisme perdrait l’un de ses principaux points d’appui.
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Lorsque les émissions de méthane sont éliminées, le réchauffement ralentit : à cause du fort pouvoir de réchauffement du méthane, les réductions se font sentir instantanément. En revanche, le réchauffement de long terme est peu affecté car il est beaucoup plus sensible à la réduction des émissions de C02. 𝐴 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑎𝑟𝑖𝑜, avec des réductions d’émissions uniquement en CO2, le réchauffement ne ralentit pas au départ mais est moins fort à long terme.
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… les 𝑖𝑚𝑝𝑎𝑐𝑡𝑠, c’est-à-dire les dégâts physiques et biologiques engendrés par le réchauffement : hausse du niveau des mers, augmentation des canicules, disparition de certaines espèces végétales ou animales… Mais l’Économiste, lui, s’intéresse à autre chose, aux dommages du réchauffement qui sont la conséquence pour les sociétés humaines des impacts. Un impact, par exemple la disparition d’une fleur de montagne, ne représente pas forcément une perte pour la société. De la même manière, une canicule n’est pas en elle-même un dommage : elle le devient lorsqu’elle provoque des pertes de bien-être, des dépenses de protection (climatisation) ou des décès. Comment les impacts se répercutent en dommages est incertain, comme le reste. Un même impact physique, par exemple une hausse du niveau des mers, peut donner lieu à des dommages très différents, selon que le pays concerné a beaucoup d’installations côtières ou non, selon qu’il engage des actions de protection ou non. Les impacts, aussi importants ou spectaculaires soient-ils, ne disent par eux-mêmes rien sur les dommages du changement climatique pour les sociétés humaines : aux yeux de l’Économiste, telle est la distinction que de nombreuses personnes oublient.
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… la vision d’un monde globalement stable s’étend, chez l’Économiste, à tout l’environnement naturel et social. Ces visions de la nature sont liées à des visions du fonctionnement de la société : l nature stable est associée à une vision individualiste du monde social, où l’individu est l’acteur central, conjonction que l’on retrouve dans la vision de l’Économiste. En effet, dans une vision individualiste, la stabilité globale est une nécessité. Comme chaque individu est le moteur de sa propre action, la résultant des actions de tous les individus ne doit pas engendrer d’effets négatifs. Seule la stabilité de la nature est à même d’assurer que le monde ne soit pas mis en danger par des perturbations, grande ou petits, conséquence de la composition de sanctions des hommes. Sans cette propriété de la nature, il y aurait une remise en cause logique de la liberté d’action de l’individu : celui-ci devrait s’entendre avec d’autres individus pour déterminer les comportements admissibles du collectif. C’est exactement le problème conceptuel posé par le changement climatique au discours comique Bien que celui-ci essaie, par tous les moyens examinés au fil de cet ouvrage, de le forclore, il ne peut y échapper.
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