Citations de Antonio Altarriba (196)
Un bon soldat qui pose des questions n'est pas un bon soldat...
Un bon soldat obéit aux ordres et se tait.
[Sur les plages où les Français nous parquèrent, ils] construisirent d’abord des postes de surveillance, avec mitrailleuses, projecteurs et soldats sénégalais qui tiraient sur tout ce qui passait la ligne. (…) Puis ils nous forcèrent à installer des clôtures et du fil barbelé… Nos rêves s’achevaient en cauchemar de pieux hérissés… Comme des oiseaux construisant leur propre cage… (p. 74, Chapitre 2, “2ème étage - 1931-1949 : Les espadrilles de Durruti”).
Je dus enterrer ma dignité et mes idéaux
seul moyen de commencer une nouvelle vie
comme nombre d'espagnols, j'appris à vivre sur mon propre cadavre...
Nous sommes vieux, Saleh...Nous ne nous reverrons plus je suppose...Je te souhaite une belle mort.
La politique s'emparait de tout et nos vies devenaient de l'histoire... or l'histoire rend la vie plus difficile
Je n’ai jamais compris la stratégie des résistants. Peut-être en raison du genre d’opérations qu’ils menaient dans ce coin reculé de la France. Peut-être parce que j’étais habitué en Espagne à plus de tragédie et d’héroïsme. Peut-être parce que j’avais vu trop d’injustices pour croire encore au combat…
Je dus enterrer ma dignité et mes idéaux... seul moyen de commencer une nouvelle vie... comme nombre d'espagnols, j'appris à vivre sur mon propre cadavre...
Faut pas se leurrer , Enrique. Ils en ont toujours après nous. Ils ne nous tuent plus physiquement, mais ils essaient de nous abattre professionnellement.
Le petit travaillait bien, avec de bonnes notes, mais l’enseignement était vicié, quasiment laminé par l’idéologie du régime.
(…) Et je n’osais pas lui montrer un autre point de vue…
Comment prendre ce risque, comment lui faire courir le risque de payer les conséquences d’une pensée vaincue et encore pourchassée… ?
Ce fut l’aboutissement le plus terrible de ma condamnation au silence… Je ne pouvais éduquer mon fils…
(p. 153, Chapitre 3, “1er étage - 1949-1985 : Biscuits amers”).
Lucio n’était pas le seul à avoir retourné sa veste. La simple survie exigeait une adhésion inconditionnelle au régime. Il ne fallait pas seulement renoncer aux vieux idéaux mais être encore plus royaliste que le Roi. Ces changements trahissaient une tragédie personnelle aussi profonde qu’inavouable… Ce n’était pas de la trahison mais du suicide idéologique… Pour affronter le présent, ils devaient enterrer le passé, mourir pour rester vivants. (…) Mon mariage aussi fut un enterrement. Je dus enterrer ma dignité et mes idéaux, seul moyen de commencer une nouvelle vie. Comme nombre d’Espagnols, j’appris à vivre sur mon propre cadavre
Dans un monde sans liberté, la folie n'était pas perçue comme un mal mais comme un don... Entre boutades et divagations, le fou énonce la vérité. Il a l'intelligence qu'il faut pour reconnaître l'injustice, le courage ou l'inconscience de la dénoncer.
(...) La simple survie exigeait une adhésion inconditionnelle au régime... il ne fallait pas seulement renoncer aux vieux idéaux mais être encore plu royaliste que le roi... ces changements trahissaient une tragédie personnelle aussi profonde qu'inavouable... ce n'était pas de la trahison mais du suicide idéologique... pour affronter le présent, ils devaient enterrer le passé... mourir pour rester vivants...
Je peux donc certifier qu'il se suicida de cette manière, je peux également affirmer qu'en apparence cela prit quelques secondes... Mais qu'il mit en fait quatre-vingt dix ans à tomber du quatrième...
Beaucoup des maux dont nous souffrons sont la conséquence de la colonisation belge. (p.47)
On avance sur terre. Mais en fait notre chemin est dans le ciel….
Pétra a raison, les hommes sont une source d'ennuis... Il faut être à leur botte et supporter leurs cochonneries... ils ne pensent qu'à ça.
Sans compter qu'un crime n'est artistique que s'il est gratuit ...
Pourquoi tu me poursuis...? J'ai rien fait... Je t'ai rien fait, ni à toi ni à ta famille...
Pour pouvoir voler vous devez croire à l'invisible.
"Ma mère est morte en couche à ma naissance. Et comme mon père était très amoureux d'elle, il a voulu me tuer." Voilà comment ma mère, sans plus d'explications ni de trémolos, racontait sa venue au monde. Il lui arrivait d'ajouter : "Ma sœur Florentina m'a arrachée des bras de mon père, sans elle je serais morte." N'importe qui d'autre en aurait fait tout un plat, s'en serait servi pour justifier et même mythifier un destin providentiel. Ma mère, habituée au récit familial de cet événement, dont elle était la protagoniste tout en n'en conservant aucun souvenir, ne lui accordait pas plus d'importance que cela. Pas davantage que mon grand-père qui, en dépit de son amour pour le théâtre, éludait (ou préférait oublier) cet épisode dont Eschyle, Shakespeare, Calderón ou même des dramaturges plus médiocres auraient tiré une tragédie.