Le péruvien Antonio Cisneros est à la fois poète et journaliste et son art poétique très audacieux ne se détache pas des questionnements liés à sa profession d'homme de presse, influence que l'on retrouve également dans la forme de son écriture lyrique qui tend vers la chronique.
Si ses questionnements ont été liés à ses débuts au marxisme, puisqu'il appartient à la génération des années 60 dont il a partagé les utopies politiques et idéologiques, sa poésie dans ce recueil a gagné en maturité et interroge toutes les disciplines, archéologie, histoire, peinture, littérature mais aussi vie quotidienne, progrès du monde moderne, urbanité et voyage.
Cisneros se poste en observateur du monde, en flâneur essayiste errant dans une réalité contemporaine qu'il interroge, moque, critique ou admire, dans une forme conversationnelle qui invite le lecteur au partage. Souvent méditative, sa poésie est aussi exigeante que lumineuse et parcourt un chemin ontologique où la question de l'être latino-américain est soulevée selon des approches à la fois esthétiques, historiques et identitaires.
Au lieu de déplorer les conflits et tensions du monde latino-américain ou de s'y résoudre, Antonio Cisneros les affronte avec la seule arme qu'il a à sa disposition : la parole poétique.
A l'instar d'Octavio Paz dans Le Labyrinthe de la solitude où la réalité de l'Histoire est qualifiée de cauchemar, Antonio Cisneros semble en quête comme Paz de cette "grandeur de l'homme qui consiste à créer des œuvres belles et durables avec la substance réelle de ce cauchemar".
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