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Citation de Charybde2


Pour ouvrir les tiroirs, il faut faire tourner la poignée en appuyant. Alors le ressort se déclenche, le mécanisme joue avec un léger déclic, les roulements à billes se mettent en mouvement, les tiroirs s’inclinent légèrement et glissent sur de petits rails. On voit d’abord apparaître les pieds, le ventre, puis le tronc et la tête du cadavre. Parfois, lorsque les corps n’ont pas subi d’autopsie, il faut aider le mécanisme en tirant avec les mains, car il arrive que leur ventre soit gonflé et entrave le mouvement en faisant pression sur le tiroir supérieur. En revanche, les cadavres autopsiés sont minces, comme asséchés, et une sorte de fermeture Éclair court sur leur ventre rempli de sciure. Ils sont semblables à de grandes poupées, à de longs pantins jetés au rebut une fois la représentation terminée. D’une certaine manière, il s’agit là d’un entrepôt de la vie. Avant leur disparition définitive, les rebuts de la scène font ici un dernier arrêt en attendant d’être classés comme il se doit, car les causes de leur décès ne peuvent rester inconnues. C’est pour cette raison qu’ils font étape en ce lieu, et lui il les assiste et les surveille. Il gère cette antichambre de la disparition définitive de leur image visible, enregistre leur date d’entrée et de sortie, les classe, leur donne un numéro, les photographie parfois, remplit la fiche qui leur permet de quitter le monde du sensible, leur accorde un dernier aller simple. Il est leur ultime compagnon, ou mieux, une sorte de tuteur a posteriori, impassible et objectif.
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