Les murènes se pêchent le soir, au moment où la lune se lève, et pour les appeler, on chantait une chanson qui n'avait pas de paroles : c'était un chant, une mélodie basse et langoureuse d'abord, et aiguë ensuite, depuis je n'ai jamais entendu un chant aussi poignant, on aurait dit qu'il montait du fond de la mer ou d'âmes perdues dans la nuit ; c'était un chant vieux comme nos îles ; maintenant plus personne ne le connaît, il s'est perdu, et peut-être que c'est mieux comme ça parce qu'il y avait en lui une malédiction, ou un sort, une espèce de sortilège.