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Lise Chapuis (Autre)
EAN : 9782267005080
108 pages
Christian Bourgois Editeur (02/07/1993)
3.62/5   33 notes
Résumé :
Ce livre fascinant et inoubliable est le récit, au même temps imaginaire, réel et culturel, d'un voyage aux Açores à la recherche des derniers baleiniers et des quelques baleines survivantes. Mais, bien que le scénario rappelle les mers et les îles de Conrad et de Melville, ce bizarre livre "de frontière" évoque plutôt certains passages du Zibaldone de Leopardi. Les îles de Tabucchi sont des paysages qui cèdent à la tentation métaphysique, ses baleines bleues sont d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Femme de Porto Pim et autres histoires est un recueil de courts textes d'Antonio Tabucchi, inspiré d'un voyage qu'il effectua aux Açores.
Antonio Tabucchi nous offre ce livre qui n'est pas à proprement dit un journal de voyage, mais plutôt une variation, une déambulation dans un univers tour à tour imaginaire, réel, culturel...
L'ensemble ressemble à un archipel avec son harmonie, ses dissonances, ses digressions, mais surtout sa poésie étrange où le chagrin affleure le désir.
Un archipel composé d'îles, de villages faits de lave, de baleines et de baleiniers, de naufrages, d'amours perdues et de chants mélancoliques qui sont comme autant de lamentations que le soir emporte vers le large...
Ici longtemps les Açores furent liées aux baleines et à l'activité de la chasse à la baleine.
Mais au moment où l'écrivain pose le pied sur quelques îles composant les Açores, les baleiniers sont un peu une race en voie de disparition, tout comme les baleines d'ailleurs...
Comment déjà ne pas se laisser étourdir par l'enchantement de ce premier voyage que nous offre la première nouvelle du livre, Hespérides rêve en forme de lettre, promenade dans une ville qui se veut à la fois onirique, chimérique, puis terriblement réelle...
Plus tard l'écrivain s'invite même à une chasse à la baleine, qui n'est pas s'en rappeler le mythique Moby Dick, j'ai trouvé cette scène du recueil à la fois saisissante et insoutenable.
L'écriture de l'écrivain est délicate, poétique, son érudition accompagne son voyage pour ne rien laisser au bord du chemin, pour mieux comprendre ce bel archipel et nous partager avec générosité ces bribes capturées dans des textes historiques, récits de légendes et littérature, qui font des baleines et des baleiniers des êtres à la fois temporels et intemporels...
Comme souvent chez Antonio Tabucchi, certains récits semblent inachevés. Parfois c'est dans leur inaccomplissement que les histoires impossibles sont les plus belles.
Nous sommes ici tour à tour Jonas, Quequeg, Ismaël et le capitaine Achab. Antonio Tabucchi nous rappelle que parfois certaines de nos vies ont pu être des naufrages, mais lorsque nous sommes rejetés par la mer, le rivage est une manière peut-être de rendre cette île possible...
Regarder les hommes du point de vue d'une baleine n'est pas sans ironie non plus, où se mêle une petite pointe de tristesse aussi.
J'ai été définitivement harponné par la dernière nouvelle, ma préférée, confession sublime et pathétique d'un chagrin d'amour, qui donne son titre au recueil, où se mêlent la passion, l'inquiétude, la sensualité, dans un chant poétique, douloureux et tragique. Ces dernières pages sont un brasier, tandis que l'agonie des dernières baleines emportent nos rêves vers le large.
C'est un texte fascinant au ton inoubliable.
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Cette fois-ci l'ami Tabucchi nous embarque aux Açores à la recherche des baleines bleues qui hantent notre mémoire et nos rêves inachevés.
Le livre lui-même ressemble à l'archipel isolé au milieu de l'océan atlantique : des ilots textuels regroupés en deux sections le composent. Ils sont précédés d'un prologue de l'auteur et suivis d'un appendice avec une carte et un court texte explicatif sur les Açores .
Le prologue évacue un malentendu sans importance : l'ouvrage est un faux guide de voyage et les histoires qui le composent sont des illusions mélancoliques nourries de mythes et de récits de voyages que Tabucchi affectionne, de littérature, d'observations et de réflexions personnelles, imprégnées de saudade. Les histoires prennent des formes très variées. Elles ont l'apparence d'un rêve de rêve bien mystérieux, du résumé triste parce qu'il est résumé de la vie d'un autochtone ou bien d'un récit vécu de chasse à la baleine, horrible et archaïque. Antonio Tabucchi maîtrise l'art d'embarquer le lecteur dans un monde imaginaire tout en stimulant délicatement sa réflexion personnelle.
La nouvelle Femme de Porto Pim prend d'abord l'apparence d'une légende (ou d'une complainte) de marin qu'un chanteur mélancolique raconte au narrateur attentif dans un café du port. le chanteur continue. La légende éclaire son histoire d'amour impossible avec une belle propriétaire alors qu'il était un jeune baleinier.
Le dernier récit en forme d'épilogue est celui de la baleine qui considère la tristesse des hommes.
L'appendice qui nous ramène à la réalité insiste. On apprend que la chasse à la baleine telle qu'elle est décrite dans un des récits continue à être pratiquée à l'époque où Tabucchi écrit (1983) et que quatre îles sur les sept sont presque inhabitées.
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Continuant mon chemin de traverse à la découverte de l'oeuvre de l'auteur espagnol Vila-Matas, et ayant lu dans son Mal de Montano situé aux îles Açores que Tabucchi, que j'affectionne également par ailleurs, y avait consacré un livre, quoi de plus naturel que de me plonger dans ce court opus composé de ce que l'on pourrait qualifier de nouvelles, à moins que ce ne soit une succession de courts récits.

On y retrouve toute la poésie de Tabucchi qui arrive, en discourant sur les baleines, à nous faire atteindre une dimension métaphysique de la vie. Ce n'est pas rien.

Si une scène de chasse à la baleine m'a rappelé tout ce que je n'avais pas aimé dans le Moby Dick de Melville, cet opuscule vaut avant tout le détour pour le dernier récit du livre, celui de Dona di Porto Pim, pour les autres aussi, mais Dona di Porto Pim, pour qui aime Tabucchi, c'est un incontournable, à mon sens.
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bien beau livre autour des Açores et des pêcheurs de baleine….belle écriture poétique ...particulièrement aimé l'histoire Hesperides débutant le recueil et bien sûr celle de la femme de Porto Pim clôturant magnifiquement le livre.
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Un court opus tout à fait oubliable d'Antonio Tabucchi, inspiré par son voyage dans les îles des Açores. le cadre est certes original, mais cette succession de nouvelles très courtes passe sans rien laisser de marquant dans son sillage.
Peut-être deux histoires à sauver, une chasse à la baleine très réaliste, visiblement vécue par l'auteur (on chassait encore la baleine aux Açores au début des années 1980...) ; et la femme de Porto Pim du titre, inspirée d'une histoire d'amour tragique entendue dans un bar de l'île de Faial.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je lui demandais : qui es-tu, d'où viens-tu ? pourquoi est-ce que nous ne partons pas en laissant tous ces gens absurdes qui font semblant de jouer aux cartes, je veux rester avec toi pour toujours. Elle riait, me laissait imaginer pourquoi elle menait cette vie et me disait : attends encore un peu et nous partirons ensemble, tu dois avoir confiance en moi, je ne peux rien te dire de plus. Ensuite elle se mettait à la fenêtre, nue, et regardait la lune, et elle me disait : chante ta mélodie, mais chante-la tout bas. Et pendant que je chantais elle me demandait de lui faire l'amour, et je la prenais debout, appuyée au bord de la fenêtre, tandis qu'elle regardait la nuit comme si elle attendait quelque chose.
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Tous les soirs je chante, parce qu'on me me paye pour ça, mais les chansons que tu as entendues étaient des pezinhos et des sapateias pour les touristes de passage et pour ces Américians qui rient là-bas au fond et qui dans un moment vont s'en aller en titubant. Mes vraies chansons sont simplement quatre chamaritas, car mon répertoire est restreint, et je me fais vieux, et puis je fume trop, et ma voix est rauque.
Il m'incombe de mettre ce balandrau qu'on portait autrefois dans les Açores, parce que les Américains aiment le pittoresque, ils rentrent ensuite au Texas et racontent qu'ils ont été dans une taverne d'une île perdue où il y avait un vieux vêtu d'un manteau archaïque qui chantait le folklore de son peuple.
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Il fume lentement et regarde le ciel constellé. Mais vous, pourquoi avez-vous voulu participer à cette chasse, me demande-t-il, par simple curiosité ? Je ne réponds pas tout de suite, je pense à ce que je vais lui dire : je voudrais lui répondre la vérité, mais la crainte de le blesser me retient. Je laisse une de mes mains traîner dans l'eau. Si j'allongeais le bras, je pourrais presque toucher l'énorme nageoire de l'animal que nous sommes en train de remorquer. Peut-être parce que vous êtes en voie d'extinction, vous et les baleines, lui dis-je finalement à voix basse, je crois que c'est à cause de cela. Sans doute s'est-il endormi, car il ne répond pas. Mais entre ses doigts brille encore la braise de sa cigarette. La voile claque de manière sinistre, les corps immobiles dans le sommeil ne sont plus que des petits tas sombres, et la chaloupe glisse sur l'eau comme un vaisseau fantôme.
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Le soir tard ou le matin très tôt, si l'on fait bien attention, on peut entendre leurs voix. Ce sont des plaintes confuses, des litanies et des murmures que, si l'on est sceptique ou distrait, l'on pourrait facilement prendre pour le bruit de la mer ou le cri des vautours. Beaucoup sont des âmes de naufragés.
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Les murènes se pêchent le soir, au moment où la lune se lève, et pour les appeler, on chantait une chanson qui n'avait pas de paroles : c'était un chant, une mélodie basse et langoureuse d'abord, et aiguë ensuite, depuis je n'ai jamais entendu un chant aussi poignant, on aurait dit qu'il montait du fond de la mer ou d'âmes perdues dans la nuit ; c'était un chant vieux comme nos îles ; maintenant plus personne ne le connaît, il s'est perdu, et peut-être que c'est mieux comme ça parce qu'il y avait en lui une malédiction, ou un sort, une espèce de sortilège.
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