Rendez-vous avec des livres qui vont à la découverte du territoire québécois. Tout dépendant du contexte, celui-ci peut être accueillant ou inquiétant. Cette table ronde rassemble des auteur·rice·s qui mettent en valeur le territoire d'ici. Sous la plume de Camille Thibodeau, le dialecte gaspésien est mis en lumière dans une histoire à l'imagination éclatée. de son côté Christian Guay-Poliquin ancre son plus récent roman dans la nature sauvage. Ariane Gélinas a eu envie d'élaborer une «toponymie du crime» et de faire de ses histoires des escales aux quatre coins du Québec. Animation par Maguy Métellus.
Avec:
Ariane Gélinas, Auteur·rice
Christian Guay-Poliquin, Auteur·rice
Camille Thibodeau, Auteur·rice
Maguy Métellus, Animateurrice
Livres:
Trou l'immortelle
CriminellesLes ombres filantes
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#slm2021
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C’est la première fois qu’une quinquagénaire m’attire à ce point ; je me surprends depuis deux semaines à ébaucher des plans pour l’avenir en sa compagnie. Projets qui tiendront compte de mes récentes résolutions : pour couronner mes vingt ans, j’ai décidé de vaincre mes peurs. De m’afficher telle que je suis, comme le prouvent les avances que j’ai faites à ma professeure après son dernier cours de la session. Mon courage ayant été récompensé, j’y ai vu un augure favorable : ma relation naissante avec Théa en témoigne.
(Crimes au Musée)
J’ai toujours rêvé d’être mannequin. Mais on m’a dit dès le départ que je n’avais pas ce qu’il fallait. Que je n’étais pas assez belle, féminine. Alors, je suis devenue photographe, par dépit. Et je n’ai jamais cessé de détester les modèles, ces filles parfaites… J’étais prête à faire une exception pour Flora. Et je l’aurais fait, si elle ne m’avait pas repoussée. Je voulais l’épargner. L’obliger à fuir avec moi, en cavale. Elle n’aurait pas eu le choix d’être à moi. Juste à moi. Hélas, les choses ont mal tourné. Mais tu ne peux pas comprendre. Il te manque une case.
Compatissant, Henrik posa une main sur l’épaule deson père, dont la tristesse était palpable. Une mèche grisecollée sur son front plissé, Søren marmonnait.— Si j’avais su, je n’aurais pas quitté notre ancienneville... Je ne pensais pas que Niels aurait besoin de soins àce point coûteux... Et que je devrais vendre la maison pourpayer sa greffe de visage.
Elle aura beau fuir au bout du monde, son passé la rattrapera toujours. Ne vaudrait-il pas mieux y faire face ? Aussitôt rentrée, elle pourrait suivre l’avis de son avocat et signer la poursuite en justice qu’il la presse de remplir. Ce Jaffrès doit payer, de même que son acolyte, le détective Karl Schutz 1 appelé en renfort d’Allemagne. Il s’était juré de ne faire qu’une bouchée de la petite Bretonne têtue. Quatre-vingt-neuf jours en isolement, plus d’une centaine de sessions d’interrogations parfois longues de douze heures. Sous prétexte de calmer les nerfs d’Odile, on l’avait droguée. À force de Diazepam et de Mogadon, l’amnésie avait creusé son lit dans son esprit, tout doucement, déchirant des pans entiers de sa mémoire.
Tuer est mal, tuer pour de l’argent, encore plus perfide. Par contre, tuer le mal est bien, c’est mon affaire. L’importune est venue tout précipiter. Je m’apprêtais à débarrasser moi-même la terre de ce Marvin Delaware, car si le démon a un corps, c’est bien le sien. J’attendais le moment. Que tout l’argent qu’il devait à Évans pour la récolte soit versé. Mon ami a tellement trimé dur. Je l’ai observé s’échiner dans les marais des jours entiers, le front ruisselant, les pieds dans la vase, s’écorchant les mains dans les ronces. Sa sueur valait bien plus que le maigre salaire que l’homme d’affaires lui payait. Pauvre Évans ! Un cœur naïf comme on en voit peu, manipulé par un magouilleur de la pire espèce.
Jamais elle n’avait envisagé de devenir mannequin. C’est l’un des stylistes de l’agence, de passage au village, qui l’avait repérée, alors qu’elle était commis au dépanneur de Saint-Léon-le-Grand depuis des années. Éloïse a toujours pensé qu’il faut suivre le courant là où il nous porte. C’est pourquoi elle songe maintenant à accepter la proposition d’un de ses amis : tenir le rôle principal dans un film érotique. Elle commence à être lasse de sourire béatement à la caméra, d’être entourée de gens obsédés par les apparences, comme Flora et Béatrice, et de faire sans cesse attention à ne pas se salir… Quoique Laurence va lui manquer, avec son talent et sa personnalité d’artiste.
Il n’arrive pas à choisir laquelle il embrasserait en premier. Sans doute parce qu’elles sont toutes deux à l’aise dans un environnement pourtant inhabituel pour elles. Le naturel d’Éloïse l’excite : il aime ses cheveux sombres remontés au-dessus de sa nuque, sa peau pâle, ses traits asiatiques et sa posture désinvolte. Il aurait envie de se vautrer dans la terre avec elle, des heures durant. Ce serait bien si Laurence se joignait à eux. Il est certain qu’elle est une artiste, tout son corps l’affirme : sa chevelure rousse et indomptable, ses iris bleus et brillants, emplis de curiosité, ses sourires, sa démarche gracile.
Elle ne pouvait empêcher un mauvais pressentiment de la tarauder, de disperser ses toxines dans ses artères. Partout.la nuit se déroulait, peuplée de chuchotements.
L’arme blanche sur laquelle on referme sa main, son bras droit que l’on tend dans les airs avant de l’abaisser. Les coups qu’on lui intime d’asséner à la poupée de guenilles. Lors des dernières séances de reconstitution, la présumée meurtrière connaît si bien le scénario qu’elle se lance toute seule dans l’arène : elle entre dans la chambre, s’immobilise à la tête du lit et frappe à la gorge. Trois coups suffisent pour percer la carotide.
Une certitude m’irradie. La suite des évènements s’impose comme une évidence. Le signe que j’attendais depuis des années s’est manifesté.