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Critiques de Aristide Barraud (8)
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Mais ne sombre pas

« Fluctuat Nec Mergitur »

« Il est battu par les flots mais ne sombre pas. » Devise inscrite sur le blason de Paris, dont on se souvient pour ne pas sombrer après les attentats meurtriers de Paris le 13 novembre 2015.



Aristide Barraud, ancien joueur de rugby, raconte comment il s’est relevé de ses blessures, comment il lui a fallu renaître, se réinventer, car sa vie avait changé de cap.



« On vient au monde plusieurs fois », lui disait sa grand-mère. Ces mots prennent tout leur sens après cette fusillade.

On renaît après la guerre, après un deuil, un échec… succession de vies éphémères, dont on se relève en réapprenant à voler.



Il renaît grâce à son mental de sportif de haut niveau. Il fait face avec ses armes de non-violence ; la beauté du monde, la musique, la solidarité, la famille, les rencontres avec de belles personnes.



Son récit se colore de rap :

« Dans mon combat pacifique contre le temps qui passe, j’ai choisi mes armes. Dans les carnets j’écris, ça m’évite de lâcher des larmes. J’écris de Paris à Venise, Piacenza ou Parme. Pour survivre, pas pour faire du charme. […] J’écris pour ne pas exploser, j’évite le trop-plein, je comble le vide, en ce moment j’évacue l’horreur de mon bide. J’ai trop de trucs dans la tête, je dois les évacuer. Pour laver mes yeux du sang, mon esprit se rétablit, je le sens. Il y avait un avant, il y a un maintenant.



Aristide Barraud nous offre un formidable témoignage de résistance face au terrorisme. Il est facile de faire du mal, de manipuler des adolescents, plus difficile de lutter contre la haine et la violence, de ne pas sombrer. J'ai apprécié la couleur et la force de ses mots.

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Mais ne sombre pas

Qu'est-ce qu'un destin ? Ce n'est pas ce qui nous arrive : c'est ce que nous faisons de ce qui nous arrive. Avec les mêmes bonnes surprises, avec les mêmes malheurs, les uns ne vont rien faire, les autres vont s'enfoncer, et d'autres encore vont monter plus haut. Aristide Barraud a déjà eu plusieurs destins avant trente ans, et à chaque fois, il est monté plus haut. Il l'a fait malgré les montagnes russes que la vie lui a réservées : il voulait devenir rugbyman professionnel, il raconte comment toute son enfance a été dominée par ce désir, et comment il s'est approché du sommet. Il voulait devenir rugbyman professionnel, il raconte comment une rafale d'arme automatique a détruit ce rêve un certain soir de 13 novembre, mais aussi comment il est revenu sur le terrain en déjouant tous les pronostics. Il voulait devenir rugbyman professionnel, il ne l'est plus, mais c'est lui qui l'a décidé après s'être donné toutes les chances de revenir au sommet.



Beaucoup de choses m'ont plu dans ce livre, écrit très simplement, avec une construction agréable qui, sans doute comme la vie de l'auteur, tourne autour d'une date qu'il désigne comme le point de départ d'une deuxième naissance, racontant tantôt l'avant, tantôt l'après, tantôt le pendant, et y revenant sans pour autant y coller.



J'ai peut-être encore plus aimé le fil rouge familial qu'il fait apparaître, qui lui donne une dimension qui va au-delà du témoignage, en en faisant une réflexion sur le destin. Car ce n'est pas uniquement le destin d'un homme et de sa soeur, Alice, qui s'est joué le 13 novembre, c'est celui de toute une famille et c'est le sens que nous donnons à la notion de filiation. Ce qui est arrivé à Aristide Barraud ce soir-là, l'horreur mais aussi la volonté invraisemblable, envers toute logique physiologique, d'en sortir, c'est ce qui était déjà arrivé à l'un de ses ancêtres un siècle plus tôt, pendant la première guerre mondiale (c'est d'ailleurs intentionnellement que je poste cette chronique un 11 novembre). Il y avait déjà une légende familiale, dit-il, mais on devine qu'elle était tranquille, qu'elle était là, qu'elle reposait en tous les descendants de cet ancêtre, qui était peut-être déjà lui-même dépositaire du même miracle au siècle précédent - qui sait. Elle s'est exprimée en Aristide Barraud une première fois quand il a décidé qu'il monterait au sommet du rugby même sans avoir le physique pour cela (dit-il), et elle s'est exprimée de nouveau quand il a décidé qu'il survivrait même s'il avait été touché d'une manière qui aurait dû le tuer.



Car il l'a décidé, aussi incroyable que cela paraisse. Il l'a décidé parce qu'il était dans une condition physique qui le lui a permis, certes, mais aussi parce qu'il est d'une lignée qui décide cela, qui réussit cela, il l'a décidé parce qu'il ne "voulait pas tuer sa famille et ses amis en mourant" (je le cite de mémoire), il l'a décidé parce que sa soeur était blottie contre lui et qu'il voulait qu'elle vive, et il l'a décidé parce qu'un homme providentiel est venu aider ce destin à s'accomplir. C'est un autre fil rouge extraordinaire du livre : celui qui a placé Serge Simon, médecin, rugbyman, sur le chemin de l'auteur plusieurs fois, depuis le moment où, admirant l'homme, il en avait offert un livre à son père, jusqu'au moment où cet homme est venu lui porter secours le 13 novembre et est resté à ses côtés pour qu'il ne sombre pas. Un livre et une vie tissés de fils rouges... jusque dans leur bande son, celle du chanteur Oxmo Puccino, dont l'auteur aimait la musique depuis qu'il l'avait croisée par hasard dans le walkman d'un salarié de la cantine de son collège, puis de nouveau dans une période de deuil, chanteur dont la phrase "La vie est une chance, le reste du mérite" est sortie dans un nouvel album le 13 novembre 2015, et enfin qu'Aristide a rencontré lorsqu'il a donné un concert à Massy, sa ville, quelques mois après cette date.



Voilà, j'ai aimé que ce ne soit pas un livre de témoignage à chaud, ni un livre qui donne des leçons, ni qu'il donne des recettes sur ce qu'il faut faire si un drame survient, mais un livre qui replace le drame, les leçons, le témoignage, au carrefour de multiples fils et dans un parcours, de façon, on le devine, à pouvoir donner à l'absurde un sens qui permette de continuer. Il y a des regrets, il y a des sacrifices, il y a des pleurs. Mais il y a aussi une suite et la fin du livre est ouverte.



Destin, drôle de mot que je me répète depuis que j'ai refermé ce livre... est-ce que cela existe ? Je me dis maintenant que oui. Mais non, décidément, ce n'est pas ce qui nous arrive. Et si c'est ce que nous en faisons, c'est aussi, et peut-être plus encore, la manière dont nous y réfléchissons après-coup, dont nous donnons sens à l'absurde, dont nous le faisons entrer en résonance avec toute notre histoire pour lui donner sa place dans la logique de notre vie, parce que sinon, on ne pourrait plus vivre. Il ne faut pas que ces choses-là arrivent. Mais puisqu'elles lui sont arrivées, à lui, il en a fait quelque chose.



C'est pourquoi il faut lire Mais ne sombre pas. Pas parce que c'est un témoignage poignant (même si c'en est un), mais parce qu'il nous incite à réfléchir nous aussi à ce qui, dans nos vies, fait destin.
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Mais ne sombre pas

‘'Mais ne sombre pas'' est une sorte de journal sans véritable chronologie avec, à l'occasion, un langage ‘'djeune'' ou un langage poétique. Il m'a été difficile de lire ce livre sans le lâcher à plusieurs reprises



Mais… un livre finalement attachant dont les thèmes sont les trois combats de l'auteur : ne pas succomber à la haine contre les auteurs de l'attentat du Bataclan, récupérer un maximum après les graves blessures subies lors de cet attentat (la majeure partie du livre) et la renonciation à ce qui faisait sa vie avant l'attentat, le rugby.



- ne pas succomber à la haine contre les auteurs de l'attentat du Bataclan :

‘'Lutter, c'est compliqué, tenir face à ses convictions est un combat. C'est faire le mal qui est facile. Tout le monde peut descendre dans la rue et tuer des gens. Mais ne pas sombrer dans la haine après ce qu'on a vécu, c'est une bataille de tous les jours, c'est pour les durs. On est des résistants face à la tentation de la chute. On est des maquisards de l'apaisement.''



- récupérer un maximum après les très graves blessures subies lors de cet attentat, un combat très éprouvant de tous les instants :

ce combat est illustré par les étapes médicales qui ont suivi les blessures, étapes entrecoupées de souvenirs (enfance et adolescence dans une famille modeste et unie et une banlieue populaire et métissée, carrière de rugbyman construite à la force du poignet mais avec des aléas**) ; ces souvenirs montrent comment s'est construit l'auteur et ce qui lui a donné force mentale et physique pour ‘'recommencer quasiment à zéro le chemin de croix pour retrouver un corps de sportif de haut niveau'' ; ce combat, ‘'c'est dur, c'est rageant, mais c'est comme ça, je suis prêt. (…) Je ne me plains pas, je ne l'ai jamais fait, je ne le ferai jamais. Je suis un privilégié. (…) Je n'aurais pas pu vivre avec la sensation de l'abandon, sans être allé au bout.''



- la renonciation au rugby :

la reprise d'un entraînement adapté à sa condition physique diminuée va se solder par une constatation : « le courage est-il de s'obstiner jusqu'à se détruire ou est-ce d'avoir la force d'accepter et de renoncer ? J'y ai cru, je me suis battu. Seize mois après je dépose les armes, j'ai lutté de toutes mes forces. J'ai récupéré au-delà de toutes les prévisions, je suis allé au-delà de ce qui était possible, je me sens en paix. (…) Je voulais aller au bout de la route, je pensais qu'elle s'achèverait sur un terrain. Elle m'a finalement mené jusqu'à l'acceptation. (…) Je pensais que le plus gros défi serait de rejouer. Il est finalement de devoir se réinventer.''





J'aime la positivité chez les gens et dans les choix de vie … et là, j'ai été servie !

‘'Ca n'existe pas les manuels pour apprendre à vivre après l'enfer. (…) Il a fallu improviser, on a dû faire au mieux. Revivre, ça s'est fait doucement. (…) J'aurais bien aimé un guide pour m'aider. J'ai tâtonné, laisser mes renaissances redonner du sens.''







(**) En passant, l'auteur en profite pour tacler une certaine partie du monde du rugby professionnel.



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Ajout :

Livre reçu dans le cadre de l'opération ''Masse critique''. Merci aux Editions du Seuil et à Babélio
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Mais ne sombre pas

Émouvant témoignage, celui d'un homme, d'un sportif, meurtri dans sa chair durant les attentats de Paris. Il raconte l'horreur, l'effroi, pour lui et sa sœur, elle aussi blessée. Il raconte les hôpitaux, la rééducation, les copains qui jouent encore au rugby pendant que lui réapprend petit à petit à retrouver son corps. Il raconte sa vie de joueur professionnel, ses enjeux, sa dureté. Un récit marquant.
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Mais ne sombre pas

Magnifique écriture

Prenant, émouvant, "christique". À lire absolument
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Mais ne sombre pas



Mais ne sombre pas.

Aristide BARRAUD



Il est jeune (27 ans), il est sportif (rugbyman professionnel), il est en pleine forme et il a la vie devant lui.

Mais au soir du 13 novembre 2015 alors qu’il est attablé en terrasse « au petit Cambodge » avec 3 amis et sa sœur Alice tout bascule dans l’horreur.

Il fera rempart de son corps pour protéger Alice et sera touché au poumon, à la jambe et au pied.

Alice, trapéziste, sera touchée au bras.

Meurtris, blessés, affaiblis mais « chanceux » malgré tout car vivants tous les 5.

Aristide n’a qu’un rêve depuis tout gosse : être dans une équipe pro de rugby.

Alors même s’il n’a pas le physique comme il dit, sa détermination, son courage et son travail vont l’emmener au sommet.

Et même si les pronostics médicaux et les multiples interventions chirurgicales l’éloignent de cet objectif de rejouer un jour en pro, il ne lâche pas et travail sans relâche jusqu’à atteindre son but.

« Mais ne sombre pas » prend là tout son sens.



Une ode à la vie, à la persévérance et à l’amour des siens.

Ses parents, sa sœur et ses grands parents.

Ses amis, ses collègues.

La France et l’Italie.

Un récit très personnel qui relate bien toutes les étapes par lesquelles les rescapés de ces abominations sont passées en terme de souffrances, reconstructions et résilience.

Aristide Barraud passe de son enfance à sa rééducation, de ses entrainements pour des compétitions à l’immobilité forcée…

Un récit touchant et plein de force. Respect.

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Mais ne sombre pas

Un récit intéressant d'Aristide qui a été blessé par plusieurs balles lors des attentats du 13 novembre 2015. Il raconte de façon sincère son combat et aussi les raisons qui l'ont aidé à s'en sortir que ce soit moralement et physiquement.

Mais il revient aussi sur sa vie avant les attentats et notamment sa passion et sa profession à savoir le rugby et nous explique à quel point le fait d'avoir pratiqué le rugby professionnel l'a aidé à guérir suite aux attentats.

J'ai trouvé que le roman n'allait pas trop dans l'émotion contrairement à ce que l'on pourrait penser, et est malgré tout positif.

Par contre, je l'ai trouvé très déstructuré, ce qui m'a parfois un peu déroutée.
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Mais ne sombre pas

"Mais ne sombre pas" d'Aristide Barraud est un témoignage sur les attentats de novembre 2015 mais également sur la carrière écourtée de ce jeune rugbyman.

Il y a des passages à forte émotion mais également des passages que j'ai trouvé totalement inutiles.

Le livre n'est pas structuré, on passe des attentats, à sa vie enfant, à sa reconstruction, à son passé de rugbyman au stade français, on revient sur les attentats, à son acceptation de devoir arrêter sa carrière, et on revient en arrière sur les attentats.

Si ce livre aurait eu un ordre chronologique j'aurais beaucoup plus apprécié cette lecture.

Ce livre ne m'a rien apporté, et même si Aristide a vécu l'horreur, il n'a pas réussi à me happer dans son histoire.

Dommage.

Merci à Babelio, livre reçu dans le cadre de la dernière masse critique.

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