Citations de Arthur Navellou (22)
Tu n'es qu'une poussière
Et tout ce que tu possèdes
C'est ton temps sur cette terre
Ton temps sous les étoiles
Aveux
Je crève tout le temps
Dans mes rêves
J'ose pas dire comment
J'ose pas chercher
A savoir pourquoi
Jusqu'à mes trente ans
J'ai toujours eu sous mon lit
Une valise pleine
Au cas où je voudrais m'enfuir
Changer de pays
Comme cet illustre ancêtre
Qui a quitté femme et enfants
Pour ne pas avoir à combattre les Prussiens
C'était un jockey et il a fait soixante kilomètres à cheval
A refondé près d'Alençon toute une famille
Dont je suis le descendant
ŒIL
[...]
Je crois que je la connais
Je la regarde avec insistance
La voilà qui fait de même
Nous faisons peut-être erreur
Mais cette erreur nous attire
Donc je marchais dans la grande ville
A la recherche d'un poème
Car maintenant que j'ai commencé ma carrière
de chasseur-cueilleur de poèmes
J'ai toujours un carnet et un stylo des yeux
et des oreilles et je guette le poème
Je guette qu'il sorte d'un trou d'une porte d'une bouche
d'une scène ou d'un crâne
Maternité
Un jour c'est certain
Tous les bâtiments où nous sommes nés
Seront rasés ou reconstruits
D'autres enfants naîtront
Et les bâtiments où ils sont nés seront rasés ou reconstruits
Les villes évoluent et se transforment
Pour rester telles qu'elles étaient elles doivent mourir
Elles tiennent ça des forêts
Avez-vous remarqué que certains jours
On lève plus les yeux que d'autres
C'est le signe chez moi d'une fraîche détente
Quand le monde m'appuie moins dessus
Mécaniquement je relève la tête
Et j'aperçois le septième
Ou huitième étage des immeubles
Les détails là-haut sont différents
Les constructeurs le savent bien
Une fois arrivés à la fin de l'oeuvre
A la dernière fenêtre de la façade du dernier étage
On peut se permettre une excentricité
DÉCLARATION
J'aime
Pouvoir me noyer dans tes yeux
Sentir chaque clignement
Le monde comme une fleur
Et la vie comme un jeu
J'y jette quelques pièces d'une monnaie qui n'a plus cours
En faisant un vœu pieux
NAISSANCE
D'abord
Du calme
Des caresses
D'insignes maladresses
Nous sommes du cuir
De la vague
Du petit feu crépitant
Et forcément
Du vent
Nous venons et partons
Dans un sample de soupirs
Un lointain bruit d'étoiles
Minuscule et merveilleux
Alors nos petites embrouilles
Ne valent pas cher
Sur Saturne ou Jupiter
Rois du monde
Sur la place des Halles devenue place François-Mitterand
On peut voir de très loin des amis arriver
J'y ai joué mes meilleures parties de foot
A vingt heures en été
La fontaine est devenue rouge orange et bleue
Quelqu'un même la fit mousser un matin de printemps
Sur la place des Halles devenue place François-Mitterand
Nous avions fait tourner un vieux manège fermé
La police avait pris nos cartes d'identité
Les caméras de surveillance fleurissaient toutes les rues
Juste après la réélection du député-maire sortant
Sur la place des Halles devenue place François-Mitterand
Les grandes dalles de marbre gris se sont toutes fendillées
J'ai parlé toute une nuit sous l'effet d'un seul joint
Thomas W. y habitait et c'était mon ami
Qui avait Internet chez lui avant tout le monde
APRÈS
Quand je serai mort
[...]
J'espère que mon absence
Sera moins pénible
Qu'une invitation à mettre de l'argent
Sur une cagnotte d'anniversaire
Il n'y a rien de plus suspect
Qu'un ami même charmant
Qui nous voudrait pour lui seul
HYPNAGOGIQUE
[...]
L'idée est un coquillage creux
Que le cerveau peint de la meilleure couleur
Mon métier c'est prendre l'air
TRACT
[...]
La sagesse dans la guerre
Est de bien choisir son camp
Arme-toi de patience
L'avantage est aux rampants
SOIGNANT
Je viens d'une famille de soignants, tous ont déja connu l'hôpital en tant qu'outil pour divertir la mort le plus longtemps possible.
Nous partons faire nos vies
Nous apprenons à vivre seuls
[...]
Nos parents vivent et disparaissent
Nous nous accrochons à ce qui reste
SI VOUS AVEZ LE TEMPS
[...]
Je me dis pour me rassurer
Jamais temps perdu n'est vain
Car il donne au moins du sens
Aux quelques petites choses
Accomplies sur le chemin
SCAËR, FRANCE
C'est au nombre de personnes
Ayant le même nom de famille dans un cimetière
Que l'on reconnaît la ville d'où l'on est parti
La jeunesse
C'est quand la vie est telle qu'on se la raconte
Et on se la raconte
CA
Tu es jeune
mais tu n'empêcheras pas le temps
de t'apprendre à mourir