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Citations de Arthur Vernon (37)


On regrettera d'abord et encore la pauvreté du vocabulaire de notre langue française. Aucun mot unique n'existe pour qualifier le " plaisir sexuel ", malgré sa place fondamentale dans la vie humaine. Le plaisir sexuel se définit comme tout plaisir ressenti lors d'actes à caractère sexuel. Il se distingue donc de l'orgasme, " plaisir suprême " qui achève la relation sexuelle, car il comprend également le plaisir ressenti lors des caresses, attouchements, ou plus généralement lors des préliminaires ou mises en scène à vocation sexuelle.

LE SEXE.
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Ainsi gangrenée par cette maladie du rejet de la sexualité, la société panse ses plaies en tolérant des remèdes cache-misère. L'alcool joue le rôle de médicament palliatif. Institutionnalisé socialement, il autorise tant à pousser la drague qu'à lui succomber. La tolérance s'exerce tant pour le gros lourd bourré en boîte qui pelote les minettes à portée de main, la pupille dilatée (alors qu'un comportement similaire en un autre endroit serait susceptible de poursuites pénales) que pour ladite minette qui se retrouve dans le lit dudit gros lourd (« J'ai déconné, j'étais bourrée. »). Cette situation est d'une tristesse absolue. Les règles sociales brident tellement les règles biologiques que des désinhibants artificiels deviennent nécessaires pour retrouver un comportement naturel ! Car ce n'est pas l'alcool qui provoque la sexualité, mais c'est bien la sexualité bridée qui provoque la consommation d'alcool.

LE SEXE, Fonction sociale du plaisir sexuel et ses conséquences.
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Ce contexte social a parfois des conséquences dramatiques. Ainsi conditionnées par ce diktat « la femme ne doit pas avoir de plaisir », certaines femmes seront incapables d'en éprouver. Et dans des proportions qui font frémir puisque des études récentes avancent des chiffres avoisinant les 25 %. Un quart des femmes auraient donc un défaut biologique ? Absolument pas. L'immense majorité des femmes est évidemment " techniquement " accessible au plaisir sexuel. Mais la prégnance de l'environnement social a entraîné un blocage d'une violence inouïe. […] Et le plaisir féminin fonctionne de façon moins mécanique que son homologue masculin. Qu'un quart des femmes ne puissent ressentir le plaisir le plus fort accessible à l'être humain du fait de règles sociales relève quasiment du crime contre l'humanité. L'excision est inadmissible, qu'elle soit l'œuvre du scalpel ou de dogmes.

LE SEXE, Fonction sociale du plaisir sexuel et ses conséquences.
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Le mariage tel qu'il existe aujourd'hui est donc une monstruosité. Il impose la fin du plaisir sexuel, au mieux sa réduction à la portion congrue, pour le restant de ses jours. Et encore maintenant, le mariage est l'événement de la vie qui est le plus sublimé en littérature ou au cinéma. Un acte social extraordinaire qui donnera lieu à une cérémonie qui le sera encore plus. Des dizaines ou des centaines d'invités, venant pour certains de très loin. Souvent l'acte social le plus intense dans la vie d'individus, eux-mêmes transcendés par l'enjeu et qui deviennent des stars exceptionnelles le temps de la commémoration, avec biographie reprise par les amis des mariés, et œuvres artistiques qui leur seront consacrées pour la seule fois de leur existence. Une ode prodigieuse et unique pour célébrer tous ensemble la mort du plaisir.

LE SEXE, Fonction sociale du plaisir sexuel et ses conséquences.
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La vision abominable de la sexualité prend une tournure autrement plus dramatique lorsqu'elle se spécialise. Ainsi, pour des raisons fort stupides, souvent liées à l'ignorance, mais aussi malveillantes, les hommes ont condamné encore plus fortement le plaisir féminin. […] Aujourd'hui encore, les femmes qui recherchent des relations sexuelles aux seules fins d'en retirer du plaisir sont considérées comme des " salopes " et sont socialement dévalorisées.

LE SEXE, Fonction sociale du plaisir sexuel et ses conséquences.
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Le constat scientifique que le plaisir sexuel est le plus intense accessible naturellement à un être humain, quel que soit son sexe, implique qu'il soit socialement valorisé comme tel.

LE SEXE, Vers une nouvelle fonction sociale du plaisir sexuel.
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Certes, tous les actes sexuels ne sont pas reproductifs. Mais ce serait une grossière erreur de considérer que chaque élément du vivant fonctionne dans un but évolutif exclusif. Aucun être vivant, y compris l'être humain, ne saurait prétendre à la perfection de sa constitution : le hasard joue un rôle considérable, et des éléments qui ne sont pas directement la cause d'un risque pour la survie de l'espèce peuvent se créer et subsister, alors qu'ils n'ont au mieux aucune utilité pour l'espèce et l'individu — ce que l'on appelle l'exubérance biologique. Ceci s'explique par le contexte global qui est celui de l'hostilité générale de l'environnement, et par l'objectif ultime qui est bien de survivre et de transmettre ses gènes dans cet environnement difficile (et non pas d'atteindre une perfection inutile).
Par exemple, pour assurer l'objectif primaire de la survie, les êtres vivants doivent s'alimenter. Leur système digestif est toutefois très loin d'être parfait : les êtres seront très attentifs à ce qu'ils ingurgitent sous peine de la mort. Un aliment mal préparé peut être fatal, et les défenses immunitaires semblent bien faibles face à certaines substances. Et pour tant, le résultat d'ensemble fonctionne : l'être humain existe toujours.
Il n'y a aucune raison que le système sexuel soit plus " parfait " (au sens évolutif du terme) que le système digestif. Seul importe le résultat.

LE SEXE, Origine et mécanismes du plaisir sexuel.
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Le plaisir sexuel est le plus intense que l'individu est susceptible d'éprouver dans sa vie tout en ayant des effets positifs pour sa santé. Étant ainsi au sommet de l'échelle dans la hiérarchie de ce qui est bon pour l'individu, le plaisir sexuel devrait être sublimé par la société et la culture. C'est exactement le contraire, le sexe est considéré comme un acte vulgaire rabaissant l'homme, cet être supérieur, au rang de bête. Le sexe ne sera pas absent des discours de société : il en sera l'élément le plus grossier et dégradant.

LE SEXE, Fonction sociale du plaisir sexuel et ses conséquences.
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« Le sexe est partout » ou « le sexe fait vendre ». Ces constats de l'homme de la rue proviennent de la profusion de références sexuelles dans la publicité et les médias. Ces derniers sont ainsi accusés de " racolage " — car le sexe serait indigne et flatterait les bas instincts des consommateurs. Et telle est d'ailleurs bien la vision des publicitaires et des programmateurs. Car leur message sur le sexe reste désastreux. Si le sexe se répand dans les magazines, sur les affiches, dans les films, son image est toujours associée à un tabou grotesque. La présence du sexe ne signifie absolument pas que la société prône la liberté sexuelle, et même bien au contraire : il reste un interdit ludique, qu'on s'amuse à transgresser, mais un interdit tout de même.

LE SEXE, Fonction sociale du plaisir sexuel et ses conséquences.
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La question la plus intéressante relève de la pratique du " no sex " absolu. Cette pratique est celle imposée aux religieux. La médiatisation récente des pratiques pédophiles de certains prêtres montre d'ores et déjà la limite d'une telle proscription. Mais même pour ceux qui ont la volonté de ne pas jouir, leur corps n'hésite pas à passer outre : l'Église a longtemps tergiversé sur la sanction applicable aux… pollutions nocturnes ! Éjaculations involontaires, mais bien réelles, et pas désagréables. Le prêtre incontinent avait-il de troubles pensées ? Bien évidemment, cette pollution n'était qu'un signe de son corps qui hurlait famine.

LE SEXE, Origines et mécanismes du plaisir sexuel.
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Le principe de survie sous-tend un principe déjà exposé du " toujours plus ". L'individu n'est pas programmé pour être heureux, il est par nature un éternel insatisfait que la recherche du " toujours plus " protège des aléas et des dangers de la vie. Lorsque l'individu vit dans un environnement favorable, et que son corps dispose d'un surcroît d'énergie après avoir géré tant l'homéostasie que la conquête et la satisfaction de ses partenaires, ce reliquat d'énergie peut parfaitement et logiquement être affecté à la poursuite du second principe fondamental [c-à-d. le reproduction], et donc favoriser la sécrétion de lulibérine pour se focaliser sur d'autres proies.
Et ce, même si l'individu vit heureux en couple. Au-delà d'une certaine période, la passion disparaît dans le couple, ce qui ne remet pas en cause l'attachement que les partenaires peuvent éprouver l'un envers l'autre. Mais cet attachement, l'œuvre de l'ocytocine, est sans rapport avec l'objectif de féconder le maximum de partenaires possibles aux fins de transmettre ses gènes, et la lulibérine peut donc ressurgir à tout moment dans cet objectif. Un homme marié, sincèrement amoureux de sa femme, est donc susceptible d'éprouver une passion dévorante pour une tierce personne. Alors que cette situation est biologiquement naturelle, elle est considérée comme dramatique par les règles sociales.

L'AMOUR, Le paradoxe de l'amour et du sexe.
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Le fait que l'effet Coolidge concerne des mâles et non des femelles est surtout lié au fait que seule la femelle est sûre que son enfant sera d'elle. Le mâle est contraint quant à lui de multiplier ses chances d'être le géniteur en multipliant les copulations avec différentes femelles.
Cet effet Coolidge observé chez tous les mammifères est donc aussi applicables à l'homme et fait partie de sa nature profonde. Cet effet reste circonscrit par l'environnement socioculturel et aussi par sa faisabilité. Dans les (rares) cas où ces limites n'existent pas, l'homme applique pleinement l'effet Coolidge. C'est ainsi que la quasi-totalité des monarques comptent leurs maîtresses par dizaines (nos rois de France), centaines (les sultans, dans leurs harems) ou même milliers (l'empereur de Chine dans la cité interdite) : leur position sociale limite considérablement les efforts à fournir pour s'accaparer de nouvelles prises, et celles-ci sont socialement acceptées voire glorifiées.

LE SEXE, Origine et mécanismes du plaisir sexuel.
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Le terme même " amour " est particulièrement ambigu en langue française. Il revêt en réalité trois sens différents.
Le premier est " l'amour passion ", celui qui unit deux êtres par des sentiments très puissants, et qui, selon le schéma social type, sont un homme et une femme destinés à avoir des enfants. C'est de ce sens du mot amour que dérive exclusivement l'adjectif " amoureux ".
Le deuxième est " l'amour familial ", celui qui est très fortement ressenti entre des êtres très proches, ayant le plus souvent vécu ensemble : c'est notamment le cas de l'amour réciproque entre les parents et leurs enfants, voire au sein d'une fratrie.
Le troisième est " l'amour sexuel ", celui que l'on retrouve dans l'expression " faire l'amour ".
Seul un lien de chronologie existe entre ces trois signification du mot amour — dont chaque sens est tellement important qu'il aurait mérité une adaptation du vocabulaire pour qu'un mot propre de désigne (comme dans certaines langues étrangères) et éviter ainsi de malheureux amalgames. Cette séquence chronologique définit le mécanisme propre au second principe fondamental, celui de la reproduction ; ainsi, on éprouve d'abord de l'amour passion avant de faire l'amour, et d'engendrer la progéniture qui sera protégée par de l'amour familial.

L'AMOUR.
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Ce lot de malheurs annoncés et cette dose de souffrance exceptionnelle qui créent une angoisse énorme (et cette fois pour des éléments bien réels), peuvent être évités grâce au suicide.
Parmi les milliers de malheurs susceptibles de s'abattre sur un être humain, un seul échappe au remède miracle : l'accident paralysant, qui interdit l'autolyse. Un cas qui reste rare.
La mort devient donc une alliée extraordinaire dans le cadre de notre vie quotidienne pour lutter contre la quasi-totalité des angoisses inhérentes à cette vie.
Quoi de plus rassurant que de se dire : si tel problème survient, il est de ma simple volonté d'y mettre fin instantanément.
À la naissance, chaque être humain devrait se voir remettre un pendentif dont le médaillon recèlerait une pilule létale indolore. Que chaque vie soit ainsi consacrée par le droit d'interrompre définitivement l'expérience.

LA VIE, La mort.
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Cet outil sur-performant est une hormone appelée " lulibérine ". Une fois sécrétée par l'hypothalamus, la lulibérine va " inonder " notre cerveau de façon à ce que celui-ci se consacre quasi exclusivement à la conquête d'un corps désiré. Les moyens mis en œuvre (la quasi-totalité du temps de cerveau disponible) sont donc exceptionnels, eu égard aux performances potentielles d'un être humain.
L'objectif de la lulibérine est tout aussi exclusivement lié au second principe fondamental : assurer la transmission des gènes. […]
La seule certitude scientifique est que la lulibérine ne sera pas sécrétée pendant plus de quelques mois, voire quelques années, entre les individus d'un même couple.
Ainsi, en application des règles biologiques, la passion va quitter le couple, qui se maintiendra encore un certain temps pour assurer la survie de la progéniture, grâce à l'action de l'ocytocine. […]
Mais une fois la passion évanouie dans le couple, l'hypothalamus, l'organe sécrétant la lulibérine, ne va pas s'atrophier. L'individu est susceptible d'éprouver régulièrement de nouvelles passions tout au long de sa vie. À chaque instant, à chaque rencontre, la lulibérine peut être de nouveau sécrétée, et une nouvelle passion débuter. L'objectif utilitaire est simple : chaque individu a plus de chance de mieux transférer son patrimoine génétique en le mélangeant à des individus différents plutôt qu'à un seul — une application pragmatique et évolutionniste du proverbe des œufs qu'il vaut mieux éviter de mettre dans le même panier. Chacun a donc une vocation biologique à éprouver plusieurs passions dans sa vie.

L'AMOUR, Synthèse des mécanismes hormonaux de la transmission des gènes.
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Chaque individu, quel que soit son sexe, doit être en mesure d'aimer et d'être aimé, de donner du plaisir et d'en ressentir, et à ces fins, en fonction de sa personnalité, de séduire activement et faire l'objet de séduction. Et surtout que cette dernière soit accompagnée du respect de l'autre : respect par celui qui séduit, respect de celui qui l'est ; respect de la décision de refus, respect (et reconnaissance) de l'invitation au plaisir, qui ne doit plus être perçue comme une agression.

LE SEXE, Fonction sociale du plaisir sexuel et ses conséquences.
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Le plaisir sexuel implique donc une pluralité de partenaires aux fins de satisfaire à ces principes. Cette assertion a été dénommée " l'effet Coolidge ". Monsieur Coolidge, président des États-Unis (1923-1929), visitait une ferme avec son épouse, lorsque le fermier expliqua au couple que le coq du poulailler en était à sa dixième copulation de la journée. Madame susurra à l'oreille de son mari : " Tu te rends compte, Calvin, dix fois par jour ! " Et le président répondit : " Oui, très chère, mais avec dix poules différentes ! "

LE SEXE, Origine et mécanismes du plaisir sexuel.
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Les religions n'existent que grâce à la mort. Elles constituent même la conséquence première de la phobie de la mort. En effet, l'être humain est intelligent, il développe des solutions à ses problèmes. Je ne pense pas qu'il existe une seule religion qui ne réponde pas d'une façon ou d'une autre à cette question : que se passe-t-il après la mort ? Je ne crois pas que les religions auraient pu jouer le rôle qu'elles ont joué et qu'elles continuent à jouer si elles ne répondaient pas à cette question.
Ce qui est dramatique, c'est bien évidemment la réponse donnée puisque les religions veulent faire croire qu'il existe quelque chose après la mort, le plus souvent, une nouvelle vie — mieux : un paradis.

LA VIE, Les religions.
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L'homme doit constamment conserver à l'esprit sa misérable condition d'être vivant. les religions n'ont pas toujours diffusé de bonnes paroles, mais celles qui affirment : " Tu es poussière et tu redeviendras poussière " ont visé particulièrement juste. Le fait que nous soyons objectivement et individuellement insignifiants a une conséquence positive immédiate : il nous décharge de l'immense responsabilité d'avoir à prendre soin d'un être exceptionnel : soi-même. N'être rien, au mieux pas grand-chose, relativise énormément notre façon de percevoir notre vie.

LA VIE, Le corps.
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À la fin sera la mort. Et rien d'autre. La mort est l'angoisse absolue de l'espèce. SI les individus de l'espèce meurent, l'espèce disparaît. Il n'existe toutefois nulle part une volonté supérieure qui commanderait aux espèces et aux êtres de survivre. C'est parce que notre espèce (comme chaque espèce vivante actuellement sur le globe) a des gènes qui lui imposent de survivre qu'elle est encore présente. Toutes les espèces qui n'avaient pas intrinsèquement une telle volonté de survivre ne sont plus là aujourd'hui. La survie n'est donc qu'un avatar de l'existence : une option qui s'est perpétuée de par sa nature même (qui consiste justement à se perpétuer) par rapport à tous les autres événements de l'univers, qui peuvent être exceptionnels, mais qui n'ont pas cette caractéristique. Rien d'objectif ne justifie donc l'apologie de la survie.

LA VIE, La mort.
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