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Citations de Aurélie Jeannin (179)


Maman distingue les écrivains et les romanciers. Elle dit que les romanciers savent raconter des histoires. Que ce qui importe aux écrivains, ce sont les mots, leur enchaînement et le rythme. Ceux qui excellent dans les deux elle les appelle les auteurs. Et j'adore la voir savourer leur œuvre auprès du feu.
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Notre conscience a des limites, et c'est précisément pour cela qu’il y a des peines insurmontables et inimaginables. Des peines dont on ne peut faire aucune œuvre, dont rien ne pourra jamais vous délivrer. On ne peut pas faire de littérature avec ce genre de deuils. Ils sont ineffables. Ce sont des événements qui appauvrissent les mots, qui les creusent. Ce sont des événements qui raclent, grattent les bords, les fonds, de vous et de la vie. Ils vous assèchent, vous lyophilisent, vous laissent comme un corps vide. Ces peines sont l’infini lui-même. Un puits sans fond. Des tristesses éternelles. On ne reprend pas une vie après la mort de son enfant, on avance emporté par le courant glacé. On flotte à la surface, on coule parfois mais on ne redevient jamais ce marcheur sur la berge, serein, qui avance à son rythme en regardant le paysage. Nous, les endeuillés sans dénomination, nous sommes charriés par les flots, nous avons le regard brumeux et l'âme lessivée. Nous ne vivons pas vraiment. Demain ne nous ramènera pas nos enfants. C’en est fini d’eux. L'histoire est celle-ci. La leur et la nôtre.
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Maman a une voix très douce et elle trouve toujours le bon rythme lorsqu'elle lit. Elle n'a pas peur de faire des pauses. C'est le seul moment de la vie, je trouve, où elle a le juste tempo. Elle s'abandonne aux mots, rentre dedans, les emmène ou se laisse emmener.
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Avant l'hiver, ceux qui passaient étaient les chasseurs et parfois, quelques marcheurs. Mais jamais de touristes. Et jamais de gens perdus. Nous sommes les perdues du coin. C'est comme ça qu'ils nous appellent, ceux du village, et surtout ceux du bar. Ceux qu'on ne voit jamais mais qui savent tout. Ceux qui pensent peu mais parlent fort. Ils croient nous connaître sans jamais nous avoir adressé la parole.
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Je crois qu'il y a quelque chose que notre sémantique dit mal : depuis le coup de fil, Maman et moi ne survivons pas, nous sous-vivons.
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On ne se relève qu’au présent, à chaque pas, à chaque geste. C’est mon sentiment. On ne tient pas vraiment debout, on se relève, on retombe et on se relève.
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Nous parlons peu de nos lectures, solitaires ou partagées. Nous trouvons que commenter les romans les assèche. En revanche, nous aimons relever certaines phrases qui nous ont marquées.
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Dans notre hémisphère, la durée de l'hiver est de quatre-vingt neuf jours. C'est la saison la plus courte. En réalité, le froid s'installe six mois environ. En automne, il rôde l'air de rien, avant de gagner les collines et de se rapprocher par les plaines. Là il accélère le pas et prend la forêt en étau, comme le ferait une mer qui monte.
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En restant dans le passé, on tombe en arrière, et rien ne nous retient. Si on se projette, on tombe en avant, dans ce trou incertain que représente l'avenir. Il faut être dans le présent, de façon absolue, profonde, totale, pour, à défaut de continuer de vivre, au moins ne pas mourir.
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Ce soir-là, je dis à voix haute : Je ne cherche pas à ce que l’on me raconte une histoire. Je veux que cela soit divinement écrit.
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Elle a changé de prénom. Elle n’a plus de prénom. Même son mari dit « maman » quand il parle d’elle. Elle est une maman. Elle est maman. Elle est la leur. Elle est toutes les mamans. Elle est maman le jour la nuit tout le temps pour tout pour l’un pour l’autre pour les deux pour toujours. Ce « ma » qui précède ce « man ». Ce « ma » qui dit « à moi ». Ma-man, ma mère, ma maman.
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Au-delà de notre sang, nous partageons d’avoir eu à marcher derrière les cercueils de nos fils. Nous partageons de ne plus savoir qui nous sommes face à des deuils que ne portent pas de nom. Ni veuves ni orphelines…
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En restant dans le passé, on tombe en arrière, et rien ne nous retient. Sion se projette, on tombe en avant, dans ce trou incertain que représente l’avenir. Il faut être dans le présent, de façon absolue, profonde, totale, pour, à défaut de continuer de vivre, au moins ne pas mourir.
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La lune est presque pleine.Elle allume sur le sol des milliers de pépites qui scintillent...Le froid a froissé l'eau.Figée par la glace,la surface de l'étang a les mêmes plis qu'un drap brouillé par la nuit.
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Maman est unique, mais tout le monde l'est. C'est pour cela que je ne l'admire pas - je n'admire personne au demeurant. Il m'est arrivé parfois de lire des livres qui ressemblaient à Maman ; serrés, compacts. Jamais faciles, parfois inaccessibles, mais pour moi, immensément beaux et inspirants.
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Nous sommes les perdues du coin. C’est comme ça qu’ils nous appellent, ceux du village, et surtout ceux du bar. Ceux qu’on ne voit jamais et qui savent tout. Ceux qui pensent peu mais qui parlent fort.
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Ne pas ruminer le passé, ne pas se projeter dans le futur, vivre ici et maintenant est sans conteste l'effort le plus important que j'aie jamais eu à fournir. Et je crois qu'il en est de même pour Maman. C'est à ce prix que nous tentons de surmonter nos deuils, l'une et l'autre. On ne se relève qu'au présent, à chaque pas, à chaque geste. C'est mon sentiment. On ne tient pas vraiment debout, on se relève, on retombe et on se relève. Et on le fait à chaque seconde. Tout cela mis bout à bout fait que nous tenons debout. En restant dans le passé, on tombe en arrière, et rien ne nous retient. Si on se projette, on tombe en avant, dans ce trou incertain que représente l'avenir. Il faut être dans le présent, de façon absolue, profonde, totale, pour, à défaut de continuer à vivre, au moins ne pas mourir.
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Maman a toujours pensé avant d'être.
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Malgré tout ce qui se passe ici, Maman est droite comme un i, comme ceux qui ont déjà connu ça. Je me dis qu'elle est le i de fierté, de soutien et, je l'espère ce soir en tentant de faire reculer la douleur, d'espoir.
(p. 119)
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Ils étaient faits de chair, d’os et d’histoires, comme elle.
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