Al retira son blouson pour examiner l'impact de la balle à la lumière de la lune. Ses pièces de métal étaient tordues, dessoudées par le choc et sa main droite ne répondait à aucune implusion.
Sauf que la majorité des humains étaient droitiers.
C'était donc dans son bras droit qu'était implantée la puce servant de pièce d'identité. Si un policer l'arrêtait pour le conrôler, il découvrirait un trou béant dans du métal.
Les eaux sombres qui entouraient la ville-bulle créaient une illusion de calme. Ça et là, des lampadaires aux pétales bleutés avaient fleuri, éclairant des morceaux de rues. On aurait pu croire à une nuit parfaitement normale, mais depuis le toit de l'université, Al apercevait les vitres brisées de la bibliothèque.
Al afficha sa confusion et resserra sa prise sur le bras qui le tenait. Il n'avait fait que répondre à ce que l'humain voulait entendre, pourquoi est-ce que ça le mettait en colère ? Ses programmes de survie s'activèrent, déterminant toutes les issues susceptibles de le maintenir en état de fonctionnement. Les milliers de calculs s'enchaînaient et Al capta une baisse rapide de sa batterie.
- Tu t'intéresses un peu trop à cette enquête toi, grinça Travis. Ou tu te fiches de moi, ou... t'as peut-être déjà quelqu'un dans ta vie.
Al analysa plusieurs fois la remarque de Travis, il la retourna dans tous les sens et finit par conclure qu'elle n'avait aucune logique. La vie n'était pas un objet matériel, comment quelqu'un pouvait-il se trouver à l'intérieur ?
Après de longues minutes à observer chaque imperfection du papier, Travis serra les dents. Quand il avait cru mourir face au robot, il avait souhaité de toutes ses forces une nouvelle chance de pouvoir lire la lettre. Et maintenant qu'il l'avait, il en était incapable.
Les humains n'étaient pas logiques, Al avait fini par intégrer ce fait à ses équations.
On ne pouvait pas forcer la mémoire d'un humain, alors que lui pouvait être démonté, manipulé et étudié comme un vulgaire robot.
Jamais.