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Critiques de Aurélien Boutaud (4)
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Les limites planétaires

Un peu moins de 110 pages, mais une extrême densité pour ce petit livre de poche. Comme souvent, la collection « Repères » ne déçoit pas avec un contenu de qualité bien que synthétique. Il sera question dans cet ouvrage des « Limites Planétaires », c'est-à-dire, pour faire cours, des capacités de notre planète à réguler l'équilibre dynamique du « système Terre ».



En ouverture, les auteurs proposent un historique rapide de la notion de limite planétaire par le prisme de l'Économie. Ils mettent en évidence que la question des ressources (et des impacts de l'activité humaine) a longtemps été négligée des principaux courant de l'Économie et des politiques induites. A l'époque du développement de ce nouveau champs d'étude, contemporain de la révolution industrielle, « la nature apparait aux observateurs comme largement inépuisable et inaltérable ». On évoque Malthus, un des premiers à s'interroger sur la durabilité du développement humain, en comparant les croissances – selon lui respectivement géométrique et algébriques – de la population et des ressources. Les solutions qu'il préconise sont cependant discutables et, encore aujourd'hui, la référence au « Malthusianisme » en porte les stigmates. Pour ses opposants, le problème n'est pas la rareté ou la finitude des ressources, mais les limites techniques et humaines visant leur exploitation. Hormis des pénuries locales et temporaires, l'Histoire donnera plutôt raison à ces derniers, la population s'étant accru en parallèle des ressources disponibles. Cette idéologie, dite « cornucopienne » – le fait de repousser indéfiniment les limites de la nature – restera la norme dans la plupart des travaux économiques jusqu'à l'aube des années 1970, période de la fin des Trente Glorieuses ayant accueilli la publication, en 1972, du célèbre « Limits To Growth » (Les Limites de la Croissance) de Denis MEADOWS et son équipe. C'est l'occasion pour des économistes peu orthodoxes comme Georgescu-Roegen (parmi d'autres) de voir leur intuition confirmée, tandis que les économistes dominants s'enferment dans le paradigme impliquant nécessairement que les limites puissent être dépassées.

La première concrétisation de ces réflexions est apparue la décennie suivante, avec la mise en évidence d'un trou dans la couche d'ozone, résultant d'émissions anthropiques massives de gaz chlorés pouvant avoir des effets « catastrophiques, allant jusqu'à menacer directement la vie sur Terre ». le Protocole de Montréal aura rapidement donné des résultats, toutefois les auteurs soulignent qu'en aucun cas le parallèle puisse être fait avec le réchauffement climatique : il existait alors des alternatives aux substances incriminées et de surcroît, les secteurs concernés étaient circonscrits ; ce qui n'est absolument pas le cas concernant le CO2.

Cet élan mondial aura eu le bénéfice de permettre d'établir le lien entre limites planétaires et régulation écologique, là où les ressources étaient jusqu'alors l'objet dominant.

Finalement, c'est au tournant du XXIème siècle qu'apparait le concept d'anthropocène : « homo sapiens est devenu le principal facteur de modification des équilibres écologiques à l'échelle planétaire […] ». le terme a depuis fait largement débat, concernant notamment la généralisation implicite d'un mode de vie particulier, attribué abusivement à une humanité essentialisée, ainsi que la responsabilité non différenciée qui en découle. Comme pour enfoncer le clou, en 2004 est publié un article (1) qui fera date, dont on retiendra notamment la « Grande Accélération » (2), ensemble de graphes témoignant de la croissance exponentielle de l'exploitation des ressources et des pollutions connexes.



[...] Résumé détaillé : https://docdro.id/RnTRwCN



En guise de conclusion, les auteurs insistent sur la nécessité d'intensifier la recherche bien qu'ils constatent « un engouement scientifique indéniable » mais regrettent le manque d'actions politiques conséquentes. Si au niveau mondial et national, en France, les discours officiels intègrent de plus en plus la notion de limites planétaires, « la mise en acte tarde à être entreprise ». Les inégalités environnementales et socio-économiques sont pointées du doigt et obligent à revoir la répartition non seulement des richesses, mais aussi des « capacités limitées de la Terre à fournir des ressources et des services ».



(1) Version 2015 : doi:10.1177/2053019614564785

(2) https://www.researchgate.net/figure/The-Great-Acceleration-Steffen-et-al-2015b_fig5_326295135
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Déclarer l'état d'urgence climatique : Et s'il ..

Aurélien Boutaud signe ici un ouvrage remarquable, indispensable et nécessaire à tous, qu’il faut lire impérativement, le plus tôt possible.



Les climatosceptiques sont un véritable danger. Ils font partie du fléau que représente l’urgence climatique. Leur désinformation, leur propagande mensongère sont pourtant tellement médiocres ; comment tant d’individus peuvent-ils se laisser berner aussi aisément ?



L’individualisme est le second fléau majeur de l’urgence climatique dans laquelle nous sommes plongés désormais. L’égotisme nous tue à petit feu. Les générations futures sont déjà perdues si nos habitudes quotidiennes ne changent pas radicalement et rapidement.



Cet ouvrage est plus qu’indispensable. Il est vital. Absolument chaque humain devrait lire ces pages. C’est aujourd’hui une question de survie. Ce n’est pas alarmiste, c’est la vérité. Ce n’est pas paranoïaque, ce sont des faits.



Rien que l’explication détaillée des conséquences directes liées à la température, à chaque degré Celsius près, permet de tirer des conclusions simples et concises. Rien que ces données devraient suffire à prendre conscience de l’urgence de la situation.



L’auteur explique à merveille, avec beaucoup de précision et de concision, tous les enjeux, tous les risques, tous les retentissements, selon plusieurs schémas hypothétiques. L’urgence est absolue. Chaque année qui passe sans changement est une catastrophe qui s’accumule.



Le gradualisme apparaît aujourd’hui comme un leurre, comme une arnaque dans laquelle sont malheureusement tombés bon nombre de militants écologistes. Le mot « urgence » n’a pas le luxe de l’horizon 2050 comme les politiciens tentent de nous le faire croire. En 2030, il sera déjà trop tard.



Le chapitre qui aborde et explique de quelle manière il est possible d’atteindre une neutralité carbone est particulièrement inspirant. Il donne une sacrée dose d’espoir. Notre plus gros problème est politique. Cette idée préconisée de ne surtout pas effrayer la population est une terrible erreur. Elle fait perdre énormément de temps. Du temps que nous n’avons pas.



Le « Pearl Harbor climatique » est possible, mais il est évident que ce ne sera pas facile.



Avec ce livre, Aurélien Boutaud nous présente tout ce que signifie précisément cette urgence climatique qui nous étreint chaque jour un peu plus. Il met à jour les défis les plus urgents à mettre en place, comme l’importance d’intégrer la notion même d’urgence climatique dans la culture générale mondiale ; répondre aux contraintes techniques pour lutter efficacement et agir concrètement le plus rapidement possible, et enfin impliquer tous les gouvernements dans cette urgence capitale de manière officielle. Il s’agira ainsi d’enrôler spécialistes scientifiques et citoyens dans un même combat.



« Oui, nous savions. Et voici ce que nous avons choisi… ». Cette phrase clef devrait agir sur tous les esprits, responsabiliser chaque citoyen et leur faire assumer leurs choix face à face avec leurs enfants.



L’écoanxiété chez les 16-25 ans est terriblement élevée. Leur futur est promis à de nombreux bouleversements, sur tous les plans. Tout, absolument tout sera plus difficile et plus douloureux.



Il est grand temps d’agir.

Maintenant.



Monsieur Aurélien Boutaud, merci pour ce livre nécessaire et indispensable à notre survie.



J’espère qu’un jour, le discours écrit en fin d’ouvrage sera réellement lu par tous les gouvernements à travers le monde…
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Les limites planétaires

cet essai nous propose un état des lieux de notre planète en partant du concept de limites planétaires (en gros les limites ce que notre planète est en capacité de supporter avant de basculer dans un déséquilibre complet du climat, de la biodiversité, de l'état des sols, ...).

Il le fait de façon simple mais pas simpliste, avec pédagogie, en partant de faits scientifiques qui font consensus ; en indiquant aussi les limites de l'exercice en lui-même sur certains sujets particulièrement complexes (donc difficiles à modéliser), ou pour lesquels les connaissances scientifiques sont actuellement trop faibles.

un essai à mettre entre toutes les mains, car la situation est grave, très grave !
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Les limites planétaires

Un livre qui démontre le temps long de l'écologie et qui tâche de l’amarrer au temps court des décisions politiques.

Aujourd'hui, en cette période qualifiée d'anthropocène, les scientifiques par leurs travaux sur les limites planétaires veulent aider les politiques dans leurs décisions. Le concept de " limites planétaires" n'aborde plus le stock de ressources en matières premières comme seul élément limitatif au développent humain mais cherche à mesurer les capacités de la nature à réguler les activités humaines. D'abord, il s'agit d'identifier les processus qui ont permit de conserver la stabilité du système terre (rétroactions positives ou négatives) durant l’holocène (10 000 ans). Ensuite, il s'agit, à partir de 1750, d identifier les phénomènes anthropiques et leurs conséquences sur la nature ainsi que sa capacité à les réguler. Enfin, les chercheurs modélisent (variable de contrôle ; variable de réponse) les 9 processus environnementaux devant faire l'objet d'une surveillance particulière. Certains sont définis comme éléments de rupture c'est à dire dont les impacts sont planétaires comme l'acidification des océans : phénomène irréversible pour des dizaines de milliers d'années, qui a des effets négatifs sur la chaîne alimentaire, qui participe au réchauffement climatique et qui compromet la protection des littoraux ; d'autres agissent sur la résilience du système terre et ont des impacts locaux comme le changement d'affectation des sols, la déforestation. Aujourd'hui, en cette période de pandémie, la déforestation a des conséquences planétaires.

La vérité de la science réside en ce qu'elle peut toujours être remise en question pour autant gardons-nous de minorer ses conclusions ni d'y croire aveuglement.
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