Aurélien Dony sur les Grandes Voix Francophones avec Amine Laourou au 30 festival international de la poésie de trois-rivières
" Sur l'arbre, les corneilles ne savaient plus quoi dire."
Le soleil s’attardait dans le ciel comme on s’attarde sur la grève, les jours d’été. Julien pouvait s’asseoir sans s’inquiéter du temps. Il se lova entre deux racines et croisa sur son corps frêle ses bras d’enfant. Grandirait-il jamais ? (p. 62)
Il s’assit sur la pierre qui tant de fois l’avait recueilli. Les eaux de la rivière ne s’émurent pas de ses sanglots. La forêt chantait dans une après-midi claire. Après le temps des cerises venait le temps des noyaux. (p. 80)
Au fond
rien n'a changé
tu te surprends encore
nu sous la douche
à crier fuck
fuck à l'orage
merde à la pluie
mais rien n'y fait
tu oublies peu
à peu sa voix
la couleur de
ses yeux
rien n'a changé
ta tête quitte
les épaules
et va rouler
sous le fauteuil
la main
qui te ramasse
- zinc, tôle, ferraille -
n'est plus la sienne
autrefois tu bandais tous tes muscles
à grandes eaux tu suais
mains aux rames
aujourd'hui tu en viens à douter
qu'il y ait eu barque un jour
[tes pas. tu penses qu'ils portent. en vérité piétinent. nuisent à l'espace. où vivre.]
quand soigneras-tu
tes dents
tes pieds
tes ongles
ton nom s'écaille
à chaque dislocation
[peut-être vivons-nous à la lisère du manque, peut-être le silence peut renouveler nos peaux]
"Devant la porte de la maison, il hésita. Chez lui, il n'y avait jamais eu de place pour les hérons."
"L'oiseau glissait dans l'air. Il fit entendre un cri aigu avant de se poser sur la berge."