« En pénétrant dans le village, Alfred frissonna ; le lieu était lugubre et peu accueillant. Il s’élevait vers l’amont de la montagne et se terminait par une petite maisonnette. Il n’y avait que peu d’habitants à l’extérieur des maisons, la plupart d’entre eux étaient à l’intérieur, observant par les petites ouvertures, creusées dans les murs, les nouveaux arrivants.
En détaillant leurs visages, ils virent que la plupart des habitants semblaient hostiles et apeurés par leur arrivée. Les deux jeunes princes furent conduits jusqu’à une maison de pierres.
Une petite femme attendait devant celle-ci, un châle marron sur ses épaules maigres. Elle observa les jeunes princes tour à tour avant de baisser les yeux devant le chef du village. Il n’eut pas un regard pour elle alors que ses hommes transportaient le cadavre de son frère dans la maison. »
« La princesse mère avait accouché un mois après l’arrivée de Constantin au château. À la surprise générale et au bonheur de la cour, elle avait donné naissance à des jumeaux : un garçon et une fille.
Le garçon était gros et vagissant. La petite touffe de cheveux qu’il avait sur la tête indiquait qu’il aurait les cheveux auburn de son père. La petite fille était frêle de constitution, comme si son frère avait pris toute la place dans le ventre de leur mère en ne lui laissant que le minimum d’espace pour qu’elle puisse se développer. Au contraire de son frère, elle ne pleurait que rarement et était d’un calme presque olympien. Elle ne semblait pas avoir de carences ni de manques selon les maîtres de guérison. »
Pierre trouvait, parfois, qu’il manquait de compassion envers les familles des victimes.
Non pas que l’homme manquât de cœur. Il savait quelle souffrance c’était de perdre un être cher. Il avait, cependant, une autre vision des choses. Pour lui, plus vite il arriverait à coincer le meurtrier de Valentine Daudet, plus vite sa sœur pourrait faire son deuil.
Elle n’était pas différente de ses camarades. Elle avait été attirée par le rococo de la boîte de nuit : les moulures dorées, les rideaux de velours rouges et noirs et les fauteuils excentriques. À croire qu’elle se trouvait dans un film de vampires de série B. Elle aurait pu y penser si la musique n’était pas l’un des derniers titres d’électro.
Il lui arrivait de prier, parfois, lorsqu’un sursaut de spiritualité revenait à la charge, mais c’était plutôt rare. La seule chose qu’il respectait dans sa religion, c’était bien la consommation halal et l’absence de porc dans son régime alimentaire. Il devait le reconnaître, cela relevait plus d’une habitude que d’une véritable volonté.
Elle ment comme un arracheur de dents. Tout ce qu’elle nous a dit n’était qu’un mensonge. Elle terrifie ses employées. Elle n’aurait pas donné un jour de congé à Clémence Daudet, même si celle-ci avait été sur son lit de mort.
Il était pourtant rare d’assister à des suicides. Il leur arrivait, néanmoins, de temps en temps, de découvrir un homme ou une femme capable de trouver, par on ne savait quelle ruse ou quelle force, la mort.
Il avait peur de découvrir la partie immergée de l’iceberg. Il était au moins sûr d’une chose, cette investigation ne serait pas une affaire comme une autre.