Citations de Aurore Gomez (57)
Je ne suis plus une enfant. Je n'ai plus, depuis longtemps, la prétention de croire que mes parents me protègent de quoi que ce soit. Mon père ne peut rien pour moi, ma mère ne viendra pas essuyer mon visage.
- Le jour où mes parents m'ont surpris en train d'embrasser un garçon, ils m'ont affirmé que l'homosexualité était une maladie et qu'on pourrait me soigner. Eh ben, tu sais quoi . Pendant un instant j'ai presque été soulagé.
- Vraiment, pourquoi ? ai-je demandé, le cœur battant.
- C'est horrible, mais j'avais peur. Peur de rester au bord de la route et de ne jamais être heureux. En tout cas, pas comme les autres.
Mais tu sais, Aurèle, il n'y a rien de plus beau qu'un iceberg qui chavire. Pour l'avoir vu, je peux te dire qu'on a l'impression d'assister à la naissance d'une montagne.
- Tu as quel âge, au juste ?
- Bientôt quinze ans. Mais je suis une vieille âme.
Grand-mère connaît les plantes. Celles qui apaisent les blessures, celles qui font tomber la fièvre, celles qui guérissent les maux de ventre. Elle les cueille en forêt, les fait sécher et les met en bocaux. Ils garnissent les étagères de la cuisine.
Ainsi, après avoir préparé tout ce qui lui était nécessaire, grand-mère a nettoyé les plaies de Névée (et les miennes au passage), mis des pommades sur celles qui le méritaient, des pansements et un bandage sur d'autres, enfin elle a posé un linge frais sur son front chaud. Névée donnait l'impression de dormir. Je me suis assise en tailleur sur le fauteuil d'en face en espérant qu'elle se réveille vite.
(p.41-42)
Que tu sois Alpha ou Rigel, tu te souviendras de tout. Il faut vraiment que tu luttes. C’est ça le combat : ne pas se perdre.
"Parfois un coeur qui se brise ne fait pas de bruit".
Le loup, où il demeure, ne fait point de dommage.
Soudain, Abel eut tellement peur de ce qui allait se passer qu’il n’entendit pas ce que criait Ange à son cousin.
Il se releva et se mit à courir de toutes ses forces, quittant rapidement le sentier principal, sans se soucier des ronces qui griffaient ses jambes et ses bras ni des branches basses des chênes qui giflaient son visage. Il entendait toujours les voix d’Ange et Joris, criant qu’ils allaient lui faire sa fête. Mais ils avaient perdu sa trace, il en aurait mis sa main au feu et heureusement, Joris n’était pas venu avec son molosse.
Pourtant, la peur le poussa à s’éloigner encore parce que le Loup était là. Abel le sentait dans les fourmillements de ses membres et le goût ferreux de sa salive. Il fallait qu’il le retienne encore un peu, au moins jusqu’à la rivière. Il tomba une première fois, un peu en dessous du cercle de battage et encore une fois en sautant par-dessus un muret. Le choc au sol lui fit pousser un cri de peur autant que de douleur. Il essuya le sang qui coulait de son nez jusqu’à sa bouche et vomit de la bile jaune sur ses avant-bras.
Il fallait se relever, malgré la douleur à l’épaule, malgré le nez gonflé, malgré la fatigue et les larmes qui brouillaient sa vue.
Il fallait se mettre en sécurité. Mettre les autres en sécurité.
Nos rêves, nos espoirs sont comme l'écume. À peine façonnés, ils disparaissent, lavés par la réalité.
Ils ont fermé la porte doucement, sans bruit, comme quand on quitte la chambre d'un enfant qui dort, pour ne pas le réveiller. Ils ne sont pas revenus. Ils ont regardé, de loin en loin, le naufrage de notre famille.
Ils n'avaient pas de bouée à nous lancer.
( p171)
Tu sais Aurèle, il n'y a rien de plus beau qu'un iceberg qui chavire. Pour l'avoir vu, je peux te dire qu'on a l'impression d'assister à la naissance d'une montagne.
- Si tu veux un conseil, vas-y doucement avec lui. Abel, c’est un peu le renard du Petit Prince, il a besoin d’être apprivoisé.
- C’est sûr qu’Abel a besoin d’être apprivoisé, murmura Mathilda, les yeux fixés sur la nuit. Mais je t’assure, ce n’est pas un renard.
N'espère rien, Abel, sinon ta solitude deviendra une prison.
Kim la pique avec un bâton.
- C'est dur à l’extérieur et mou dedans...
- Qu'est-ce-qui est dur à l'extérieur et mou dedans ? demande Pac' qui nous rejoint.
- Cette merde.
Pac' a l'air ahuri mais comprend vite.
- Un loup ?
- ça m’en a tout l'air...
Les filles rappliquent. On repique, on discute, tendus. Gaëlle avance que ça pourrait être le " caca d'un autre concurrent" mais Kim objecte :
- Je ne sais pas quel concurrent avalerait un animal avec os et poils, mais si c'est le cas, il me fait plus peur qu'un loup.
( p 126)
"N'allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n'y a pas de chemin et laissez une trace." Ralph Waldo Emerson
"Le courage ne rugit pas toujours.Parfois, il est la petite voix qui te chuchote à la fin de la journée: j'essayerai encore demain." Mary Anne Radmacher
Je vais quitter le territoire des loups, mais le prédateur me devance, je ne le dépasse pas. Je les regarde s'éloigner. Les forces qui m'avaient quittée me reviennent.
C'est l'énergie du désespoir, la rage au-delà de la colère.
- Mais, bien sûr que je suis fière ! a-t-elle dit d'une voix mi-exténuée mi-offusquée.
Ma mère ne disait pas la vérité. Je l'avais déçue quand j'avais choisi de m'orienter en lycée professionnel plutôt qu'en général. Que son fils aime le bois plutôt que les bouquins, c'était rageant pour une professeur-documentaliste.
Elle ne me l'avait jamais dit aussi franchement, mais j'avais beau ne pas aimer les bouquins, je savais lire entre les lignes.
Y avait-il un film pour toutes les possibilités du réel ? Sûrement. « La fiction n’a pas de limites, pensa Abel. Elle peut tout. »