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Critiques de Aymeric Leroy (7)
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L'école de Canterbury

Le genre Canterbury, enfant plus ou moins légitime du rock progressif et du jazz, n'a jamais eu autant le vent en poupe que depuis sa brève splendeur passée, au début des années soixante dix. En 2015, la série documentaire Romantic Warriors lui consacrait son troisième épisode. Aymeric Leroy nous y éclairait déjà sur cette subdivision confidentielle de l'avant-garde musicale de l'époque. Son spécialiste incontesté publie aujourd'hui un ouvrage qu'il avait dans ses cartons depuis belle lurette, pavé de plus de sept cents pages nommé L'école de Canterbury.



L'auteur le reconnaît lui-même : l'appellation de ce genre musical n'est pas forcément judicieuse et ses créateurs se comptent presque sur les doigts de deux mains. Que peut-on donc en lire tout au long de ces nombreuses pages ? Le récit des origines, pour commencer, avec les tâtonnements de la première moitié des années soixante, fortement influencés par le free-jazz, puis la naissance des Wilde Flowers et de Soft Machine, Caravan, Gong, Egg, The Keith Tippett Group et quelques autres, jusqu'au déclin du début des années quatre-vingt... Le gros de l'ouvrage couvre une période de quinze ans, de 1966 à 1981, que Leroy ponctue de dates-clés qui correspondent notamment à des concerts ou des passages en studio, comme autant de bornes plantées dans une chronologie extrêmement détaillée. Il brosse ainsi le portrait des grandes figures du genre (parfois à leur corps défendant tel Robert Wyatt), décrit les interactions importantes entre la douzaine de groupes qui en fit le socle, et en analyse les albums fondateurs. Au fil des pages, des photos illustrent régulièrement les péripéties qui ont animé ce bouillonnement artistique méconnu et mésestimé. Avec la minutie et la passion qu'on lui connaît (on peut par exemple citer ses livres sur Pink Floyd et King Crimson), l'auteur fait le tour de son sujet sans toutefois vraiment évoquer, contrairement au documentaire cité plus haut, les groupes actuels qui se réclament plus ou moins ouvertement de la mouvance, comme si le coup d'arrêt des « terribles » eighties en avait sonné le glas.



Unique en son genre, L'école de Canterbury devient donc de facto la référence absolue sur la question. Précis et très bien sourcé, agrémenté de plusieurs index – groupes, albums, musiciens – et d'un arbre généalogique, il se lit pour ainsi dire comme un essai historique à la thématique pointue, à l'image de ces thèses aux sujets a priori rebutants, adressées à une poignée de lecteurs, mais passionnantes pour un peu qu'on se donne la peine de s'y plonger. Un ouvrage indispensable à tout amateur qui se respecte de la musique d'avant-garde des années soixante-dix.


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King Crimson

Une rapide recherche sur le web, et on constate non sans un certain étonnement qu'il existe très peu d'ouvrages consacrés à l'une des pierres angulaires du rock ambitieux. Serait-il trop ardu de parler du mythe King Crimson ? Ou peut-être trop risqué de froisser la susceptibilité hypertrophiée de Robert Fripp ? Aymeric Leroy relève le défi en s'attaquant à l’œuvre singulière de l'un des colosses intouchables du rock progressif. Auteur prolifique depuis quelques années, on lui doit déjà Rock Progressif, Pink Floyd : plongée dans l’œuvre d’un groupe paradoxal , et Bill Bruford, l'autobiographie : Yes, King Crimson, Earthworks et le reste .



Le choix de la photo de couverture n'est sans doute pas innocent, puisque seul l'égotique Robert Fripp, guitariste inamovible et fil rouge de l'épopée crimsonienne, y est reconnaissable. Par le fruit d’un heureux hasard, l’ouvrage tombe à point nommé puisque celui-ci vient de déclarer qu'il arrêtait la musique, dégoûté par l’industrie du disque. King Crimson prend donc des allures de biographie définitive, en plus d’être l’unique livre francophone consacré à cette institution quadragénaire du rock anglo-saxon. Pour documenter son œuvre, Leroy a utilisé la biographie de référence (In The Court of King Crimson, 2001) mais aussi les nombreux écrits de Fripp (blog, livrets des CD, etc.) ou encore sa propre correspondance avec certains membres du groupe dans le cadre de son fanzine Big Bang. Mais malgré l'évidente admiration que l'auteur nourrit pour son sujet, il n'est que rarement partisan et aucunement prosélyte, tant il n'hésite pas à mettre en évidence les faiblesses d'une discographie pour le moins hétérogène, à commenter les choix discutables effectués à certaines périodes ni même à pointer le caractère autoritaire du guitariste-leader. Leroy rapporte avec le talent d'un auteur qui maîtrise parfaitement son sujet les différentes incarnations parfois surréalistes de cette curieuse entité musicale, les nombreuses luttes d'ego qui ont animé sa vie mouvementée ou les prises de positions artistiques des différentes époques. Où l'on comprend que l'histoire de King Crimson a éminemment dépendu du contexte « historique » et d'événements pas toujours maîtrisés.



Le schéma narratif respecte la chronologie, et les chapitres sont dans l'ensemble centrés sur la discographie du groupe, et pour cause : une partie non négligeable de l'ouvrage consiste en l'analyse des compositions de King Crimson. Le néophyte risque d'en être déconcerté car sans le support de la musique (et dans une moindre mesure des paroles), il est difficile de suivre la prose un peu rébarbative de l'auteur, lorsque celui-ci décortique les titres les uns après les autres. Ces considérations revêtent un intérêt évident pour l'auditeur (très) averti mais pourront ennuyer ceux qui n'ont qu'une connaissance « lointaine » du groupe. Par ailleurs, l'écriture se perd çà et là dans une surcharge un peu laborieuse et toute proustienne, qui rend la lecture parfois fastidieuse. Malgré des lourdeurs pas toujours nécessaires, Aymeric Leroy atteint néanmoins son but : susciter l'envie de (re)découvrir tout ou partie de l’œuvre de ce géant du rock encore largement méconnu.


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Rock progressif

Un bible pour tous les fan du genre
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King Crimson

Depuis "In The Court of The Crimson King" jusqu'à "The Power to Believe", Aymeric Leroy analyse finement chaque album de ce groupe phare des années soixante-dix jusqu'aux années deux mille.

Parti d'un groupe restreint de musiciens qui cherchaient leur voie dans "Giles, Giles Fripp", King Crimson n'a cessé d'évoluer en changeant constamment de personnel. Seul Robert Fripp et dans une certaine mesure le batteur Bill Bruford détiennent un record de longévité au sein de ce groupe. On pense à Frank Zappa, dans le genre changeant constamment de personnes pour se renouveler.

Robert Fripp, la figure tutélaire et le grand ordonnateur de King Crimson, se fait d'abord discret, surtout sur le plan de la composition qui est, dans le tout premier album laissée à Ian Mac Donald, flûtiste et multi-instrumentiste. Les paroles, confiées au poète Peter Sinfield, sont , quant à elles écrites à part et définissent ainsi le concept de l'album. Car, à cette époque, les albums sont des "concept-albums" - des "observations dans le cas de King Crimson - : on développe une idée thématique tout au long du disque et ce, depuis le fameux "Sergeant Pepper" des Beatles.

Le son du groupe est multiforme : on puise dans le jazz, le rock, la musique classique et l'on flirte dès le début avec la musique "contemporaine" déstructurée. Robert imagine comment Hendrix jouerait Bela Bartok et ça donne "Larks' Tongues in Aspic". Fripp est influencé par le blues et le jazz de Django Reinhardt, prend quelques cours de flamenco mais surtout cherche à développer son propre style partant de son jeu de "cross-picking". Fripp "n'a pas écouté Chuck Berry" et on a tendance à penser que c'est tant mieux tant son approche de la guitare est caractéristique.

Il en est de même pour ses relations avec le showbiz. Dès que le groupe risque d'avoir trop de succès, donc de poser une attente face au public, il doit se séparer pour partir à la conquête de nouveaux horizons déroutants ou alors tout simplement marquer une pause de plusieurs années souvent, la première entre 1974 et 1981 et la plus longue étant de 1984 à 1994.

On sent, dans ce livre – et je partage le point de vue de l'auteur – que Robert, en dépit de toutes ses expériences et ses "projeckts", a toujours essayé de retrouver un âge d'or perdu du King Crimson des seventies, celui de "Lark's Tongues in Aspic" et aussi de mon préféré, "Red".

A mon sens, le King Crimson récent avec Adrian Belew au chant me déçoit à bien des égards. Je pense que les meilleurs chanteurs étaient Greg Lake au début et John Wetton pour "Red". On apprend néanmoins qu'une bonne part des morceaux instrumentaux des albums de cette époque bénie (1973-1974), étaient des improvisations de concerts, faute de compositions finies en arrivant au studio. C'est le cas de l'excellent "Providence" créé dans la ville du même nom dans l'Oklahoma, et qui figure sur l'album "Red". de nombreuses rééditions permettent à présent d'entendre la totalité de cette improvisation magnifique.

Ressorti de la cour du roi cramoisi, il me fallait réécouter tous les albums et j'y ai pris le même plaisir qu'à quatorze ans lorsque j'avais acheté "Lizard" sans trop savoir et pour la pochette enluminée et j'avais tout de suite accroché sans culture musicale particulière. Comme quoi, même en étant français et le cerveau lavé avec nombre de ringardises qui se chantaient à l'époque, on peut apprécier des musiques exigeantes. On ne remerciera jamais assez ces gens-là.

Et puis j'avais acheté "Red" et l'aventure a continué.

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Pink Floyd : Plongée dans l'oeuvre d'un group..

La réédition d'un livre est souvent bon signe. Celui d'Aymeric Leroy consacré à la discographie de Pink Floyd en est à sa troisième. La sortie de The Endless River a ainsi été un bon prétexte pour l'auteur de mettre à jour son essai. Les adeptes du quartette trouveront là une nouvelle occasion de se pencher sur un ouvrage qui se focalise non pas sur les frasques de leur groupe favori, mais bien sur l’œuvre proprement dite et les clés permettant de la comprendre, à travers l'histoire mouvementée de ce géant du rock.



Après avoir planté le décor, Leroy décortique chaque disque, depuis les événements qui ont gouverné sa réalisation jusqu'à l'analyse des titres, décrivant les évolutions régulières de la musique de Pink Floyd, sur fond de changements incessants des équilibres à l'intérieur du groupe. S'il porte des jugements argumentés, mais qui n'engagent que lui, sur la quinzaine d'albums studio, il n'hésite pas, parfois, à rhabiller les musiciens pour l'hiver ni à jeter un œil sévère sur certains titres. De même, il n'économise guère les superlatifs lorsqu'il s'agit des compositions qui ont sa préférence. Quoi qu'on puisse penser de ses opinions, sa vision bénéficie d'une justification solide et d'un recul bienvenu, sauf évidemment pour le très récent The Endless River, mais Leroy lui-même ne tranche pas nettement la question et se garde bien de donner un avis arrêté.



Ce livre a l'immense mérite de mettre de côté toute passion partisane pour telle ou telle époque de Pink Floyd, et de traiter sur un pied d'égalité toutes les productions des Britanniques, même s'il y a évidemment plus à dire sur Dark Side of The Moon que sur le dernier-né. Lisible, ne conservant que l'essentiel au détriment des anecdotes qui ne servent pas son propos, Pink Floyd - Plongée dans l’œuvre d’un groupe paradoxal est une invitation à s'intéresser à d'autres facettes – et elles sont nombreuses – d'une formation dont l'auditeur lambda n'a le plus souvent retenu que The Wall.


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Yes

Aymeric Leroy a la plume agitée ces derniers temps. Un an et quelques après le volumineux L'école de Canterbury (qui lui-même suivait de près un ouvrage sur Pink Floyd), voici qu'il s'attaque ni plus ni moins à un autre géant du panthéon du prog' : Yes. Et s'il est un groupe sur lequel il y a des choses à dire, c'est bien celui-ci, tant les remous ont été nombreux (et le sont encore) dans cette entité mythique et multicéphale capable du meilleur comme du pire, dont le grand public ne connaît généralement que le tube « Owner of A Lonely Heart ».



Fidèle à ses habitudes, l'auteur a écrit un livre incroyablement bien documenté, puisant ses informations à de nombreuses sources. Après une introduction sur la période pré-Yes, ce ne sont rien de moins que trois cents pages qui décrivent le parcours chaotique de ce monument presque cinquantenaire à l'histoire émaillée de départs et retours en tous genres, de batailles d'egos surdimensionnés, de petites et grandes trahisons, de déboires juridiques, le tout sur fond de disques inégaux, entre chefs d’œuvre (The Yes Album, Fragile, Close To The Edge…), albums boursouflés de prétention (Tales From Topographic Oceans, Relayer), redites inutiles (Heaven And Earth...) et criants faux pas (Open Your Eyes...). Malgré un amour évident pour le groupe, Leroy reste lucide et plutôt objectif (si tant est qu'on puisse l'être en la matière) sur le contenu artistique comme sur les caractères des musiciens. De nombreuses anecdotes et autres petits détails parsèment cette riche biographie et font de sa lecture un moment agréable quand une analyse presque musicologique pourrait la rendre fastidieuse pour le non musicien. Cette dissection quasi maniaque des titres a tout de même le mérite de mettre en lumière et de revaloriser le parent pauvre des compositions dans le rock progressif : les paroles. On (re)découvre ainsi qu' Anderson n'écrivait pas (toujours) des paroles ésotériques et inaccessibles.



En guise de conclusion de ce qui ne peut devenir qu'un ouvrage de référence, Aymeric Leroy résume bien ce que représente Yes aujourd'hui : deux entités distinctes revendiquant chacune une légitimité qu'il n'y a plus lieu de se disputer (surtout depuis la mort de Chris Squire), dont la production musicale actuelle ou à venir ne peut être qu' anecdotique en regard des pièces majeures déjà produites. Car il y a tant à (ré)écouter dans ce qu'a donné le groupe, en studio comme en live, qu'il ne vaut guère la peine d'y ajouter quoi que ce soit.


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L'école de Canterbury

Un livre de référence (presqu'un manuel d'initiation ou de perfectionnement, selon votre connaissance de ce genre musical) qui permet de comprendre les tenants et aboutissements de cette "école" essentiellement anglaise. Mouvement musical riche et flexible (les musiciens passant souvent d'un groupe à un autre ou bien fondant un nouveau groupe) , où les structures et instruments rocks se sont croisés avec le jazz (notamment par les cuivres) ou aussi la musique contemporaine. Aymeric Leroy domine parfaitement son sujet et vous fera (re)découvrir les incontournables (Soft machine, Caravan, Gong) et les moins connus (Gilgamesh, National Health, Henry Cow...). Le parti pris chronologique est intéressant car il permet de suivre l'évolution et les ramifications de chaque formation.

Lecture (en continu ou en grappillant par ci par là) hautement recommandée en parallèle avec bien entendu une écoute des nombreux albums nommés dans les copieuses page de cet ouvrage fondamental.
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