Elle s’arrêta un instant, nous dévisageant tour à tour. Une hyène prête à fondre sur une proie n’aurait pas paru plus mauvaise ni déterminée. Des yeux d’encre, des dents luisantes, les lèvres légèrement retroussées, elle avait perdu toute humanité. Elle n’osait pas attaquer.
Toutes les occasions étaient bonnes pour se prélasser sur la pelouse, dans le grand parc qui jouxtait notre lycée. Et c’était tellement romantique aux yeux des filles, de s’allonger nonchalamment au pied d’un arbre en fleur, tout en acceptant de poser leur tête sur votre jambe, pour ne pas que leur chevelure soit remplie de brins d’herbe…
— Tu la connais depuis seulement quelques heures et tu prends déjà sa défense ?
— Je ne prends pas sa défense, j’essaie d’être rationnel. C’est bien ce qu’on nous apprend tous les jours ? Ce qui n’est pas explicable aujourd’hui le sera sûrement demain, c’est juste que la science n’a pas encore trouvé d’explication.
Je ne supportais pas les filles comme elle, arrogantes, sûres d’elles et terriblement jolies. En même temps, elles m’attiraient tels des aimants. Comme si, à leur contact, je pouvais devenir comme elles, confiant et attirant.
Les peines de cœur que tu as déjà rencontrées ne t’ont-elles pas profondément marqué ? Chaque fille qui t’a fait souffrir ne t’a-t-elle pas arraché un petit morceau de toi-même ? À chacun de tes échecs, t’es-tu dit que ta conquête avait peut-être des torts, ou bien t’es-tu replié sur toi-même en te disant qu’une fois de plus, le responsable c’était toi ?
Le sommeil n’était-il pas la porte qui ouvrait sur l’oubli, l’oubli de la réalité et nous projetait dans un monde imaginaire et puissant, celui des songes, un monde où tous nos rêves deviennent réalisables ?
J’ai besoin de toi, le destin peut se modifier si nous le voulons. Rien n’est immuable et rien n’est écrit à l’avance. Nous pouvons tout changer, je t’assure.
La beauté n’autorisait pas tout.