[BIOGRAPHIE] LA CHRONIQUE DE GERARD COLLARD - CLEMENTINE CHURCHILL
Avec des héritières fortunées, des ex-femmes jalouses, des aventuriers maléfiques, des majors des Indes retraités... ils ressemblent à des contes de fées pour adultes dont les rebondissements multiples se déroulent sous l’œil d’un Poirot ou d’un Harley Quinn toujours indulgents à l’égard des couples amoureux. D’un titre à l’autre, on retrouve le brave Hastings, l’inspecteur Japp, le charmant couple Tuppence et Tommy Beresford, miss Marple... ce qui ajoute au bonheur des lecteurs qui se sentent en terrain connu. Ses dialogues sont truffés de réflexions entendues dans une boutique, un dîner, un voyage, qu’avec son oreille de musicienne elle excelle à reproduire. Avec des phrases courtes, sans mots compliqués ni références politiques ou religieuses, ils peuvent être traduits dans toutes les langues.
"La reine, ma mère, n'était pas seulement une grande reine, elle mérite d'être mise au rand des plus grands rois" (Louis XIV, à la mort de sa mère)
Mme de Navailles écrit au président Hénault: " Il faut se presser de marier convenablement cet homme, sans quoi il épousera la première blanchisseuse qui lui plaira". (à propos de Louis XIV)
Écrire un roman policier lui prend trois mois.
Enfant, elle a toujours adoré ramasser des coquillages, des pierres de couleur et d'autres petits trésors que les enfants aiment à collectionner. "Une jolie plume d'oiseau, une feuille diaprée : voilà, me dis-je souvent, les véritables trésors de la vie, ceux que l'on préfère aux topazes, aux émeraudes ou œufs de Fabergé. (p 230)
Au début de la guerre, Graham Green a écrit à Mrs Christie pour lui demander si elle acceptait de rédiger des textes de propagande : "Je ne pensais pas du tout être le genre d'écrivain qu'il fallait pour cela car il manquait cette forme d'esprit qui permet de ne voir qu'un seul aspect des choses. Il n'est rien de plus inefficace qu'un propagandiste tiède. " Est-ce l'effet des bombardiers qui, nuit après nuit, s'acharnent à détruire Downing Street, le Parlement de Westminster et viennent encore de détruire le port de Plymouth, orgueil de la nation, à un amas de pierre ? Dans "N ou M", elle affiche clairement ses opinions. Elles sont si farouchement antinazies que The Collier's Weekly, magazine d'investigation américain, refuse d'abord de prendre le livre en feuilleton.
Sa seule ambition est de distraire au coin du feu,. Son succès tient à l'agréable détente que la lecture de ses livres procure, comme l'analyse son ami et confrère Edmund Crispin : " Vous savez que le policier n'est pas un vrai policier mas un empoté dont le rôle est de mettre en valeur la grande intelligence de Poirot ou de miss Marple. Vous savez qu'il n'y aura aucune description de scène d'amour ni de violences physiques. Vous savez que le meurtrier doit être pendu mais évidemment, vous n'assistez jamais à un évènement aussi déplaisant... Pendant une heure ou deux, vous pouvez oublier la dureté de la vie réelle. Et psychologiquement, cela fait un bien fou... Le seul auteur qui vous le permet est Agatha Christie." (p 269)
Ce qu'il faut surtout, quand vous avez subi un choc, c'est ne pas penser aux bons moments. Les mauvais, oui, vous pouvez, ça n'a pas d'importance. Tout ce qui vous rappellera un instant ou un évènement heureux en revanche, vous brisera le cœur. (p 207)
"Le Cadavre dans la bibliothèque" ... Elle l'a rédigé en même temps que "N ou M", menant de front, pour la première fois, deux intrigues à la fois : "L'une des difficultés d'écrire un roman est qu'il ne tarde pas à perdre pour vous tout intérêt. Il faut alors le mettre de côté et passer à autre chose, mais je n'avais rien d'autre à faire. Ni aucune envie de rester assise à broyer du noir. Aussi me dis-je que commencer deux livres à la fois et les travailler alternativement pourrait préserver ma fraîcheur d'esprit."
Mon expérience de la vie m'a appris qu'on ne peut se fier à rien, ni à personne. Attendez vous au pire et vous ne serez pas surprise de constater combien vous aviez raison.