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Critiques de Bénédicte Belpois (182)
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Saint Jacques

« Je pourrais dire que la maison a pris la parole en premier, qu’elle m’a raconté, ce matin-là, sa solitude insupportable, ses petits maux et ses grandes douleurs. Je l’ai écoutée gémir, subjuguée, interdite. Je ne m’attendais à rien de semblable ».



A la mort de sa mère, Paloma reçoit un héritage surprise : une énorme bâtisse de schiste cévenole dont elle ne soupçonnait pas l’existence, une ancienne magnanerie délabrée, toit de lauze à refaire, chaos de végétation, châtaigniers à perte de vue ; et un carnet dans lequel sa mère s’adresse directement pour se raconter et lui demander pardon de l’avoir si mal et peu aimé. Interdite puis subjuguée, Paloma prend les Cévennes en plein coeur et décide d’y refaire sa vie.



On comprend très vite les enjeux existentiels qui vont agiter Paloma. On devine aussi trop vite le cheminement qui sera le sien avec une issue très prévisible et convenue. Tout est très joli dans cette rencontre improbable entre une infirmière parisienne très seule, réfugiée derrière une approche très sarcastique de la vie, et un couvreur local droit et digne ( le Jacques du titre ), deux personnes en jachère qui avaient fait une croix sur l’amour et se retrouvent tout surpris que cela leur tombe dessus à nouveau. Rajoutez à cela des personnages très sympathiquement pittoresques, et on n’est pas loin du feel-good empli de bienveillance, ce qui n’est pas un défaut en soi mais ne correspond pas vraiment à mes attentes livresques.



Heureusement, l’évident talent de conteuse de Bénédicte Belpois évite que le récit ne s’enlise dans un trop plein de glucose. Derrière la jolie histoire d’amour et de solidarité villageoise se dessine une réflexion sensible sur la transmission générationnelle. En lisant le carnet de sa mère, Paloma découvrent le poids de l’atavisme familial ou comment des liens tacites tissés entre générations font reproduire les mêmes traumatismes. Elle doit lutter pour conjurer la malédiction familiale qui lui feraient porter les gènes des femmes malheureuses, abimées ou abandonnées. Une fois les secrets révélés, son chemin de reconstruction doit l’amener à se débarrasser des choses laides pour vivre heureuse.



Et c’est cette libération que raconte fort bien ce roman empathique, avec douceur et humanité, dans une simplicité touchante à défaut d’être marquante. Si les personnages de Paloma et Jacques m’ont laissé assez insensible, celui de la vieille Rose, passeuse d’une vie à l’autre, est fort réussi.



Lu dans le cadre de la sélection 2022 des 68 Premières fois #15
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Suiza

Suiza est une jeune femme qui débarque un jour dans le décor d’un village espagnol, traitant avec elle une lourde charge de souffrance passée. Jugée idiote, ses origines françaises créant un écran d’incompréhension réciproque avec le cafetier qui l’héberge, et ne se limite pas à lui fournir vivre et couvert : l’exploitation d’une jolie femme sous-entend des services en nature qui déclencherait la hargne des réseaux sociaux féministe (à juste titre).



Le jour où le narrateur croise son regard, les jeux sont faits. C’est une déflagration soudaine, une passion animale, instinctive, totale, qui s’exprime dans une grande violence que vient contrebalancer la force de cet amour. Eros règne en maître, alors que Thanatos rode. Histoire d’amour et de mort, intemporelle, universelle.



C’est superbement écrit, avec une plume dense, réaliste et imprégnée de la passion qui unit les deux personnages. On aime aussi la clairvoyance des femmes qui interviennent avec délicatesse, comme des directeurs de conscience, écoutées et respectées.



C’est le contraste entre la violence exprimée et dite, et la subtilité des messages délivrés qui fait de ce roman un écrit hors norme. S’il existe des indices permettant d’identifier l’auteur sur le plan du genre, c’est ici impossible.



Sans la révéler, j’ai détesté la fin.
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Saint Jacques

Comme j’ai attendu ce roman avec impatience ! J’avais tellement aimé Suiza, cet ovni de l’année 2019.

Dans ce deuxième roman j’ai retrouvé ce que j’aime dans cette auteure : un style rapide, alerte, des descriptions simples et pourtant lyriques, des petits personnages ruraux qui s’agitent dans un imbroglio quotidien pas très éloigné du nôtre.

Il est question d’amour, maternel, charnel, filial. Toujours le même au fond, mais vécu différemment. Des voix de femmes, jeunes et vieilles qui parlent de maternité, d’hommes, de désir. Une tendresse en plus, un peu de sexe en moins. Un peu de moins de souffre, un peu plus d'apaisement. J'ai eu peur d'une fin trop tragique, j'ai été soulagée.

J’ai lu vite, j’ai trouvé le texte trop court, je voulais rester avec Paloma, je voulais encore un peu de Sud, et toujours en été.

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Suiza

A la fin de chacune de mes lectures , je vais souvent " me promener " parmi les critiques et confronter mon ressenti à celui des amies et amis babeliotes . Pour " Suiza " , l'objectif de l'auteure est sûrement atteint car il me semble que la plupart d'entre nous reconnaissent en elle une "sacrée plume " , mais sortent aussi bien bouleversés de cet amour entre Suiza et Tomas . Suiza , elle sort de nulle part et se " retrouve là " , en Galice , exploitée des plus méprisables façons par le patron d'un bar . C'est là que Tomas la repère, s'en empare , il n'y a pas vraiment d'autres mots , pour assouvir ses instincts les plus primaires . Un objet ? La brutalité de Tomas et les propos rapportés semblent le laisser supposer . A noter du reste que ce comportement , porté par des mots crus , violents , a de quoi heurter , perturber , révolter., ce qui ressort du reste de plusieurs critiques ....Peu de personnages mais des personnages forts , la " garde rapprochée " et tutélaire d'un Tomas au passé et à l'avenir " gorgés " de désespoir.

Alors , oui , Bénédicte Belpois a écrit un roman fort , très fort , dérangeant, perturbant . Un roman que j'ai dévoré, happé par une histoire d'amour loin de la " bluette " , une histoire d'amour éloignée des conventions , une histoire d'amour dont d'aucuns diront qu'elle n'en est pas une ....Ce que j'ai aimé dans ce livre , c'est sa puissance qui nous met " KO " de la première à la dernière page . Je rejoindrai donc le " peloton" des satisfaits , si je puis dire , tout en comprenant parfaitement les réticents et réticentes dont les arguments sont incontestablement pertinents .Connaissant bien les attentes de mon épouse, je ne suis pas certain de lui recommander cette lecture , vous voyez . Une femme pour écrire un tel texte ? Ben oui , elle l'a fait , et , à mon avis , très bien fait .Mais ....ce n'est là que mon humble avis .
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Saint Jacques

Paloma ne sait rien de son père et, de sa mère, n’a jamais connu que le rejet, initié dans un déni de grossesse. Aussi, grande est sa surprise lorsqu’à son décès, cette mère lui laisse en héritage une maison délabrée dans les Cévennes et un cahier dévoilant le secret de sa naissance. Incapable de se séparer de la bâtisse, elle s’y installe et se lance dans sa restauration, nouant bientôt des liens avec quelques habitants du cru, comme Jacques, un entrepreneur local, et Rose, une vieille voisine qui vit seule.





Rien n’est spectaculaire dans ce roman, mais tout y est de la plus grande vérité. Ce qui, traité plus superficiellement, aurait pu résulter en un feel good sans grand intérêt, s'avère ainsi doté de profondeur sous son apparente simplicité. Les personnages, parfaitement justes, évoluent avec le plus grand naturel. Leur rapprochement s’effectue dans une narration sobre et pavée de non-dits, loin de tout pathos et de la moindre once de complaisance ou de naïveté. Et c’est convaincu que l’on se laisse envahir par la discrète tendresse qui se tisse peu à peu entre ces êtres ordinaires, cabossés par la vie, dans le cadre de Cévennes évoquées avec un joli lyrisme.





L’on ressort de cette histoire charmé par sa mélancolie, et plein d’interrogations quant à sa récurrence de destins féminins, à jamais marqués par les cicatrices laissées par la perte et le deuil des hommes qui les ont traversés.


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Suiza

Suiza-Ladybirdy: 1-0. KO par forfait abandon.



J'ai pourtant tenté de poursuivre ce livre en me persuadant de son potentiel puisque la majorité des lecteurs l'a encensé.

Non pas moyen. Je capitule.



Vulgarité, grossièreté, langage cru, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Je pensais lire une belle histoire d'amour, je n'ai lu jusqu'à la moitié que des scènes de sexe bestiales qui commencent par un viol avec comme personnage phare un homme macho que j'ai détesté dés le départ. Peu de finesse au final dans ce monde d'hommes accros au sexe et aux femmes faciles. On ne fait pas l'amour, on baise. Une femme un peu ronde c'est une truie. Mais c’est quoi ça pour un roman ?



« Elle ne m'excitait plus, elle ressemblait vraiment à une grosse truie »



« Je la verrais, j'attendrais qu'elle sorte, je la coincerais et je la baiserais.

Peut-être même bien devant tout le monde. »



Si certains apprécient ce genre d'images crues dénuées d'émotions, tant mieux pour eux, de mon côté, ce roman m'a agacée, ennuyée et choquée.



J'abandonne donc milieu du livre car allergique à ce genre d'histoires pornographiques, bestiales, au milieu d'hommes alcooliques, où la femme est reléguée au rang d'object de consommation. Et ce roman est écrit par une femme. Quid ?



Si la finesse et la beauté se cachaient entre les lignes, je n'ai pas eu les codes pour les deviner.

Au suivant.

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Suiza

Un roman dont l'écriture, vive, crue et charnelle m'a happée dès le départ. Récit à 2 voix, ce texte narre la rencontre improbable d’un espagnol, veuf, macho, malade et d’une jeune femme suisse à la naïveté et sensualité exultante. Les corps sont donc le langage de ce roman âpre, dur, terrien (et d'une grande maîtrise pour un premier ouvrage). Une vraie belle réussite !
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Saint Jacques

L'amour maternel, ce merveilleux sentiment universel qui protège la vie des plus petits et offre une sorte de légitimité à l'être humain dans sa solitude intrinsèque serait-il un leurre ? Un passage non obligatoire, qui, en raison du discours ambiant et bien pensant, enfonce encore un peu plus dans les affres de la culpabilité les mères que la bonne fée n'a pas inondées d'ocytocine à la vue d'un petit être vagissant issu de leur corps avec parfois pertes et fracas ?



Pour Paloma, la certitude est tout autre : sa mère l'a toujours tenue à distance, lui interdisant même l'utilisation de mot « maman ». Dans ce cas, on se construit sur cet édifice vacillant avec ce que cela implique de doutes et de remises en questions. S'y ajoute pour elle, le poids d'une malédiction ressentie, une lignée de mantes religieuses dont les compagnons ont tous eu des destins tragiques.



Quand la mère disparait, le retour aux sources est difficile, tant le ressentiment est lourd. Que faire refuser ou accepter cet héritage inattendu, une maison et surtout un cahier…





Portrait de trois générations de femmes qui ont du composer avec les aléas des rencontres de jeunesse qui laissent parfois des souvenirs durables.

L'écriture est là pour porter le récit avec soin et souci de l'analyse psychologique.

Et les drames se succèdent, évitant toute possibilité d'assimilation au feel-good.



Une belle lecture que ce deuxième roman qui vient confirmer le talent déjà présent dans Suiza.
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Suiza

Quel choc! Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par l’épilogue de ce terrible roman (dans tous les sens du terme). Sans rien en dévoiler, je vous dirai simplement qu’il vous surprendra et ne pourra vous laisser indifférent. Et si je vous en parle d’emblée, c’est parce qu’il est à l’image de tout le roman, très loin du politiquement correct, se jouant des codes et de la bienséance. S’il n’était signé par une femme, j’imagine même qu’on aurait volontiers taxé l’auteur d’«affreux macho».

Sauf que Bénédicte Belpois a plus d’un tour dans son sac pour torpiller ce jugement à l’emporte-pièce, en particulier une habile construction.

Mais venons-en au récit qui s’ouvre sur une première scène forte en émotions: Tomás vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer et que ses jours sont comptés. De retour dans son exploitation agricole située dans un village de Galice, il choisit de raconter que les médecins lui ont trouvé une pleurésie et de continuer à travailler dans ses champs.

Quand il rejoint ses amis au bistrot, une surprise l’attend. Álvaro s’est adjoint les services d’une jeune femme qui a quitté la Suisse pour partir vers le sud et qui, après quelques pérégrinations va finir chez lui. Une serveuse dont il fait peu de cas : «Elle parle pas espagnol. Tu peux lui dire qu’elle est conne, elle comprend pas. Tu peux l’insulter, elle bouge pas d’un poil. La femme idéale, j’te dis.»

Celle qu’Álvaro a décidé d’appeler Suiza va subjuguer Tomás. Son innocence, son visage, ses cheveux blonds, son odeur vont le rendre fou. «J’étais comme un dingue. Un prédateur. J’avais envie de la mordre, là où les veines battent, et de ne lâcher son cou que lorsqu’elle aurait fini de se débattre. Me revenait en mémoire une scène similaire de renard étouffant une caille, la froideur scintillante de ses yeux patients et déterminés. Je me suis levé, au ralenti, tout doucement, pour la surprendre, la coincer au plus vite. J’avais au moins trois têtes de plus qu’elle, ça allait être facile.»

Comme Álvaro avant lui, il va prendre la jeune femme et l’installer chez lui.

Donnant la parole à Suiza, Bénédicte Belpois va retracer le parcours de la jeune femme et détailler son état d’esprit. Il n’y est nullement question de rancœur ou de colère mais bien davantage de se construire une nouvelle vie.

À force d’attentions et de persévérance elle va gagner le cœur de Tomás. Lui qui s’est retrouvé très vite marié et qui aura très vite perdu cette épouse décédée d’un cancer bénéficie en quelque sorte d’une seconde chance. Avant de partir à son tour, il veut offrir à Suiza un avenir, lui montre comment gérer la ferme, lui offre des cours d’espagnol, lui fait découvrir la mer, lui offre une garde-robe, encourage ses talents artistiques…

De cette rencontre d’êtres meurtris, Bénédicte Belpois fait une épopée tragique, un opéra en rouge et noir que l’on pourrait fort bien lire sur un air de Carmen:

L'amour est enfant de Bohême,

Il n'a jamais connu de loi;

Si tu ne m'aimes pas, je t'aime,

Si je t'aime, prends garde à toi.


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Saint Jacques

Un gentil roman familial auquel on pardonne plusieurs invraisemblances, qui trace habilement des portraits de plusieurs générations de femmes, souvent en difficulté, souvent frustrées, d'amour, de sexe, de plaisir, de vie tout simplement. En cela, c'est un livre plutôt dramatique mais rédigé avec un certain humour qui enlève le poids des vécus de ces femmes, mères très jeunes, ou privée de maternité pour l'une d'elles, amoureuses, aimantes ou non.



En peu de pages, Bénédicte Belpois accompagne aussi ses lecteurs vers d'autres détresses, celles du grand âge, de l'hôpital pour lieu inéluctable de fin de vie, mais là encore, l'humour et la légèreté de l'écriture sauve l'humain dans ce qu'il a de positif.



Finalement, les vies des cinq héroïnes auront été peuplées d'un peu de bonheur, très bref bien souvent, illusoire quelquefois. C'est sans doute la plus jeune qui, libérée des carcans des deux tiers du vingtième siècle, connaîtra un bonheur qui n'est toutefois pas racontée dans ce roman.



Une petite lecture de plage sympathique à faire si possible dans le Gard ou au plus près du mont Aigoual.
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Suiza

Son arrivée au village fait sensation. Sa peau diaphane et ses boucles couleur feu contrastent avec les chevelures de jais et le teint d’olive que l’on croise en Galice. Sortie d’on ne sait où et recueillie par le tenancier du bar où tous se retrouvent pour un verre de vin sitôt que l’occasion se présente, on la baptise Suiza – la rumeur dit qu’elle viendrait des terres helvètes. Elle a certes le gîte et le couvert, mais Alvaro, son « sauveur », lui témoigne un cruel manque de respect. Lorsque Tomás la voit pour la première fois, c’est tout son monde qui s’arrête de tourner. Un coup de foudre ravageur. La jeune femme sera sienne, quoi qu’il lui en coûte. Fou d’un désir qui frôle la folie, il l’enlève au cafetier aux yeux de tous pour l’installer chez lui. Si leurs premiers contacts sont violents et le dialogue difficile (elle ne parle pas un mot d’espagnol), c’est un amour bien réel qui naît entre eux au fil des jours. Tomás et Suiza s’apprivoisent comme deux animaux qui ne sont pas de la même espèce, chacun apprend de l’autre en l’observant, elle interprétant les intonations d’une langue incomprise, lui déchiffrant ses silences. L’inverse, parfois.



Pour le paysan rustre, aujourd’hui veuf et dans la quarantaine, c’est un nouveau quotidien qui se dessine sous les attentions de la douce étrangère. C’en est fini de ne penser qu’aux champs à labourer et de vivre dans la crasse. Suiza n’est pas une lumière, mais c’est une vraie femme d’intérieur, soucieuse de lui rendre la vie plus amène. Si Tomás en a bavé, Suiza n’a pas un passé des plus rose, et elle semble parfois dépassée par la souffrance qui la ronge. S’installe alors un besoin réciproque et le Galicien, riche bougon solitaire, dépose les armes devant sa belle : de ses débuts très charnels, leur relation se fait complice et tendre. Secondé par le vieux Román qu’il aime comme un père, Tomás se donne le temps de jouer les amoureux. Mais il est des vies où rien ne se passe comme on l’attend…



Il y a, dans ce superbe roman, la familiarité des milieux ruraux qu’on ne trouve nulle part ailleurs. La promiscuité dont ne sauraient se passer les petites communautés où l’on se met le poing sur la gueule pour se réconcilier l’heure d’après au zinc de la grand-place, trinquant avec les habitués. Il y a aussi l’écriture impeccable, à la fois délicate et brute, ces deux voix qui se croisent – Suiza prend quelquefois la place du narrateur, avec une telle candeur qu’on a le sentiment de découvrir le monde par ses yeux – et suscitent une foule d’émotions. Les personnages secondaires sont parfaits, la vieille Agustina, pour ne citer qu’elle, ne rougirait pas dans un roman de John Fante. Mais il y aurait à dire sur chacun. Il y aurait beaucoup à dire de ce roman, un premier roman qui plus est, sans un défaut à relever. Je suis admirative de l’auteur, qui a su mêler fraîcheur et tragique avec autant d’habileté, et me conduire à cette fin que pas un instant je n’aurais imaginée. Alors simplement, Bénédicte Belpois, merci. Pour ces mots justes, et beaux. Pour cette peinture sociale, ces gens que j’ai quittés à grand-peine. Pour cette intensité, ce décor. Merci pour cet étrange voyage.
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Suiza

«  La souffrance te fait ce que tu es, comme un arbuste de la Sierra, poussé de travers à cause du vent trop fort.

Mais en ton coeur tu es droit , tout le monde le sait . Tu as trouvé cette Suiza , elle aussi est une figue de Barbarie pleine d'épines au coeur sucré et doux.

Vos deux faiblesses mises ensemble, ça fait quelque chose de solide, une petite paire d'inséparables . Quand tu mélanges deux malheurs , ça monte en crème de bonheur. »



Extrait de ce livre incandescent, déflagrant, à la beauté sulfureuse, merveilleusement écrit, rare, très rare pour un premier roman.



Je suis sortie bouleversée , remuée par une tonne d'émotions ,mais effrayée par la fin de ce bijou littéraire.

Un choc !

La rencontre d'êtres meurtris par la vie, lui, un espagnol Tomas, agriculteur de quarante ans ,«  Une bête sauvage doublée d'une brute épaisse » c'est lui qui le dit ,rencontre une jeune femme , qui arrive de Suisse , au coeur d'un village de Galice, elle, «  Son innocence , son visage , ses cheveux blonds , son coeur » vont le rendre fou d'amour.

«  J'étais comme un danger ,un prédateur . J'avais envie de la mordre , là où les veines battent et de ne lâcher son cou que lorsqu'elle aurait fini de se débattre . »



C'est l'histoire d'une passion animale , une déflagration soudaine , instinctive , brutale qui s'exprime dans une grande violence, alliant la naïveté confondante et la sensualité exaltante , magnétique de Suiza au désir animal de Tomas qui regrette et se reproche de ne pas avoir assez aimé sa première femme Rosetta , morte jeune d'un cancer .



L'écriture est charnelle, vive, crue, âpre, puissante, ardente.



Elle happe dés les premières lignes .

Progressivement la tendresse et la douceur , la compréhension réciproques vont l'emporter sur le violent désir charnel, la déflagration, instinctive, totale !

Un ouvrage terrien, dur , puissant, une épopée d'amour et de mort tel un opéra funèbre , tragique , qui prend aux tripes , définitivement.

Une histoire intemporelle, et universelle !

Ouvrage coup de poing!

Merci à un ami littéraire qui se reconnaîtra .

















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Suiza

Une poésie charnelle de la vie qui brûle comme le soleil de Galice. Un texte sombre et coupant traversé par des éclats de lumière.

Quel choc ! Une belle révélation que ce premier roman de Bénédicte Belpois, Suiza dont j'avais envie d'en savoir plus sitôt terminée ma lecture. Bénédicte Belpois, d'origine suisse est sage-femme consultante et reçoit dans le cadre de son travail des femmes et des hommes en souffrance. L'auteure s'est donc inspirée de son expérience professionnelle en relation étroite avec le corps pour créer les personnages et fabriquer la mosaïque de son roman qui ne m'a pas laissée indifférente.



Parce qu'elle voulait voir la mer, Sylviane que l'on dit simplette s'est échappée du foyer de l'autre coté de la frontière espagnole pour se retrouver seule en pleine campagne de Galice en Espagne où « sans vous rendre méchants, la pauvreté vous rendait avare de sentiments ». C'est dans un bar que Tomas, un fermier condamné par la maladie aperçoit pour la première fois celle qui est devenue Suiza, l'étrangère à la peau laiteuse .



Le roman m'a secouée par l'écriture crue, libre et sans retenue qui dit la violence du désir de Tomas pour Suiza. Une création hautement menée par l'auteure qui prend la voix de Tomas pour oser la transgression littéraire et sexuelle en se mettant à distance de la femme.



Ce que j' aimé, c'est la transformation du désir en l'éclosion d'un sentiment amoureux sur un terreau pourtant peu fertile aux inclinaisons et à la tendresse. Tomas et Suiza, tous les deux blessés par la vie se ressoudent, s'apprivoisent se protègent, se consolent et deviennent côte à côte ce quelqu'un en attente. Malgré la maladie. Malgré la différence. Des désirs d'éternité.



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Suiza

Une réussite, mais quelle réussite pour ce premier roman de Benedicte Delpois. Du début dramatique a un final tellement inattendu, cette histoire ne peut laisser indifférent et insensible.



En Espagne, un paysan nommé Tomas, très peu loquace, plutôt riche, solitaire, vit sa vie entre ses terres, son cheptel et le bar du village. Jusqu'au jour, où, son regard croise la nouvelle serveuse du bar, une jeune femme attirante, venue de Suisse, ne parlant pas espagnol, qui ne le laisse pas indifférent. Dès le premier regard, leurs destins est liés, ils se possèdent a leurs façons.



Ce récit est écrit comme un écrin, un journal intime, une confession entrecoupé de la voie de Suiza comme un ressenti avec une innocence et une beauté incroyable. Une historie forte, dès les premières lignes, dès les prémices de la maladie.



La plume de Benedicte Belpois est aussi forte que son récit, une écriture qui respire la vrai vie, l'espérance, l'espoir, la sensualité, la bestialité, avec en fond sonore un air de guitare qui appelle à l'amour.



Suiza, la belle Suiza, est d'une beauté bouleversante du point de vue de son physique comme de son innocence, de sa naïveté, de sa simplicité. Un regard émerveillé sur un monde en berne. Cette fille capte l'attention tout au long du roman, avec des rêves tellement simple : voir la mer, peintre et se sentir aimer.



Benedicte Belpois est une conteuse hors pair, un narration riche, maitrisé, humoristique comme dramatique, rythmé telle un air de Carmen dans une Espagne ensoleillée. Je suis complètement conquis par ce premier roman !
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Saint Jacques

Paloma dans les Cévennes



Avec Saint Jacques on retrouve l’ouverture aux autres et l’humanité dont Bénédicte Belpois avait fait montre avec Suiza. Ce portrait de femme, qui part s’installer dans les Cévennes après un héritage, est bouleversant.



Ce n'est pas de gaîté de cœur que Paloma prend la direction de Sète. Elle se rend aux obsèques de sa mère et va retrouver sa sœur avec laquelle est n'entretient plus guère de relations, sinon conflictuelles. Elle fait contre mauvaise fortune bon cœur et n’a qu’une hâte, retourner à Paris où l’attend sa fille Pimpon et son travail. Elle est donc très surprise lorsque le notaire lui annonce qu’elle hérite d’une maison dans les Cévennes, sa sœur conservant pour sa part l'appartement de Sète.

Mais Paloma n'est pas au bout de ses surprises. Un cahier – à n’ouvrir qu’une fois sur place – accompagne cette première annonce. Ce qu’elle y découvre va la laisser pantoise: cette maison appartenait à son père biologique. Michel, le père qui l'a élevée, ayant juré de garder le secret sur ses origines.

Dans cette montagne délaissée où ne vivent plus qu’une poignée d’habitants, elle s’imagine vendre au plus vite son bien, avant de revenir sur son choix initial et la garder. «J'avais pris mes décisions dans l’urgence, je me doutais que si je gardais un peu de raison, j'aurais fait marche arrière. Je m'étais jetée dans un tourbillon de démarches administratives pour pouvoir oublier la petite voix en moi qui me susurrait que j'étais folle.» Elle se met alors en disponibilité de l'hôpital où elle travaille et décide de s’installer en tant qu'infirmière libérale, achète une voiture et vend son appartement. «Pimpon avait été d'accord sur tout. Elle resterait à Paris pour ses études, je ne pouvais pas l’embarquer totalement dans ma folie, elle viendrait seulement aux vacances.»

La seconde partie du roman nous raconte la nouvelle vie de Paloma dans un environnement peu accueillant. Pourtant, à l’image de Rose sa voisine, la distance et la méfiance vont faire place à l’entraide et à la solidarité. Même Jacques, l’entrepreneur appelé sur place pour établir un devis de réfection de la toiture, va finir par trouver du charme à cette femme aussi courageuse qu’inconsciente. Car jamais, avec ses maigres revenus, elle ne pourra payer les travaux. Car il faut tout refaire, déposer les lauzes, une partie de la charpente, et refaire toute la toiture. Après un repas arrosé, il accepte toutefois de sa lancer dans cette réfection avec Jo, le jeune employé qui va ainsi pouvoir montrer son savoir-faire.

Comme dans Suiza, Bénédicte Belpois raconte avec talent cette histoire simple mais touchante, faisant de ce microcosme un concentré d’humanité. Les liens se créent et se renforcent au fil des pages. Et même si le drame n’est jamais loin, ces moments de bonheurs simples, cette envie de partage fait un bien fou.




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Saint Jacques

Quand j'ai découvert que l'autrice de Suiza (un de mes coups de coeur de 2019) avait sorti un nouvel ouvrage, je me suis précipitée sur ce dernier opus que j'ai dévoré en une soirée. J'ai retrouvé sa plume charnelle, pétillante, sensible ; mais une plume différente, moins aiguisée que dans son précédent roman. En effet, dans Saint Jacques, Bénédicte Belpois change totalement de registre et propose une histoire plus lisse, d'une tonalité beaucoup plus lumineuse (sous fond de secrets de famille, une femme reçoit en héritage de sa mère une maison dans les Cévennes qu'elle s'approprie et où elle fait de belles rencontres...)

On y retrouve, comme dans Suiza, la nature, l'esprit de village, l'aspect un peu conte mais les aspérités qui faisaient le sel de son précédent récit ont disparu. Je le regrette (un peu) même si cette expérience cévenol reste plaisante et de belle qualité.

Une petite douceur 😀
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Gonzalo et les autres

Après Suiza, Saint Jacques, je me suis laissé prendre à la lecture de ce dernier livre de Bénédicte Belpois.



Nous sommes en Espagne, sous Franco. Gonzalo a 16 ans et il ne veut ni faire son service militaire, ni travailler à la vigne avec son père.

Il part en Allemagne avec deux amis où ils donnent des représentations de flamenco. Toujours sans papiers et désireux de partir sur Nice, ils prennent le train et durant le voyage, Gonzalo est arrêté par la police.

Pour ne pas retourner en Espagne, toujours sous le régime franquiste, il s’engage dans la Légion.

Après plusieurs années, Gonzalo souhaite retourner au pays où il est accueilli à bras ouverts.

Il devient alors le confident de tout son entourage…



Comme dans ses autres livres, Bénédicte Belpois écrit dans un style simple et la lecture de ses pages est facile.

Même si parfois les descriptions sont crues, il émane de ses mots beaucoup de poésie.

L’Espagne y est joliment dépeinte.

Les personnages sont très attachants et les liens qui les unissent semblent indéfectibles.



La construction de ce livre est assez originale. Il m’a semblé être un recueil de nouvelles. En effet, chaque chapitre concerne une personne et l’histoire qui y est contée est indépendante des autres.

Le lien alors ? La présence de Gonzalo dans chacun de ceux-ci.



Et bien sûr, une fin inattendue…!!!



Ce livre déborde d’amour et dans ces périodes très troublées ça fait beaucoup de bien. Je vous encourage à le découvrir.
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Gonzalo et les autres

La vie après l'exil



Le troisième roman de Bénédict Belpois confirme une nouvelle fois son talent pour sonder les âmes, au plus profond de l'intime. Autour de Gonzalo, les personnages racontent leurs relations, leurs amours, leurs espoirs.



Déjà dans Suiza, son magnifique premier roman, Bénédicte Belpois nous entrainait en Espagne. Et déjà, elle parlait d'exil et de rencontres. Et déjà, elle faisait de gens ordinaires des héros. Mais rassurez-vous, Gonzalo et les autres a beau aborder les mêmes thèmes, il n'en reste pas moins un roman original et singulier.

Nous sommes cette fois dans l'Espagne de Franco, non plus en Galice mais en Estrémadure, dans un petit village qui n'offre guère de perspectives à Gonzalo, sinon celle de rejoindre les rangs de l'armée franquiste. Aussi décide-t-il de partir. Grâce à son copain Marco qui a entendu parler d'un munichois à la recherche d'un groupe de flamenco, il part en compagnie de Guzmán le guitariste et de Pilar, «l’âme de notre groupe, la seule à posséder le duende». Malgré une formation aussi accélérée qu'approximative, les choses se passent plutôt bien. Sauf que le spectacle de flamenco n'a qu'un temps et les voilà remerciés. Il leur faut trouver un autre emploi. Ils partent alors pour la France où on cherche des maçons et des femmes de ménage.

Dans le train, du côté de Lyon, Gonzalo est arrêté par la police et n'a qu'une alternative, rentrer en Espagne où intégrer la légion étrangère. Il choisit les képis blancs et entame alors une période assez exaltante de sa vie, voyage et fait des rencontres. À Toulouse, il fait la connaissance de Fanfan, «une Guadeloupéenne d’un an mon aînée qui m’avait regardé comme une pâtisserie, et embrassé de ses grosses lèvres rouges au bal du Nouvel An du régiment.»

La vie de Gonzalo aurait alors pu être belle. Mais l'amour n'étant pas une science exacte, leur relation va s'étioler. Il voit alors dans un retour au pays la possibilité d'un nouveau départ.

Bénédicte Belpois a choisi le roman choral qui lui permet de donner successivement la parole aux différents personnages. C'est la Tia Caya qui ouvre le bal, elle qui vient de recevoir le courrier de son neveu lui annonçant son retour. Puis vient le tour de la Nina qui, comme Gonzalo a choisi l'exil. Suivront Chico et Mange-Miette, qui finira par épouser Gonzalo - qui a finalement accepté le contrat matrimonial élaboré par son père, même s'il n'aime pas cette épouse qui ne rêve que de faire carrière dans la mode. Marco le copain d'avance, qui l'a aidé à fuir et qui l'a ensuite regretté, notamment en voyant le chagrin de son père prendra aussi la parole. Tout comme Fanfan, dont Gonzalo aurait bien aimé connaître le destin. Ezra, Blanca, Nina, Marie-Té, Poco nous confieront aussi leurs bleus à l'âme.

Des confidences sur leurs amours, leur parcours de cabossés de la vie qui vont s'accompagner ici d'un regret ou là d'une envie.

Bénédicte Belpois sait trouver les mots qui émeuvent, raconter les histoires pour nous toucher au cœur. Même si face à ce maelstrom Gonzalo est un peu désemparé. Si la passion amoureuse s'en est allée, reste l'expérience d'une vie mouvementée et une philosophie faite de bonté et de sagesse.


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Saint Jacques

Il aura fallu une jolie découverte dans le cadre des 68premièresfois pour quitter la capitale et retrouver le temps d'une lecture mon Languedoc-Roussillon natal... 



Après le décès de sa mère Camille avec qui elle avait coupé les ponts depuis des années, Paloma hérite d'une vieille maison située dans l'arrière-pays cévenol, bâtisse dont elle ne connaissait l'existence. Pourquoi Camille a-t-elle souhaité lui léguer ce bien alors que les deux femmes n'ont jamais rien partagé ensemble? Pourquoi donc ne pas plutôt le confier à sa soeur Françoise car celle-ci était très proche de sa mère ? de nombreuses interrogations vont alors germer dans la tête de Paloma…

En remettant les clefs du bien à la jeune femme, le notaire va lui confier un carnet, objet refermant de nombreux secrets et qui sera à l'origine d'un nouveau départ et qui mettra sur sa route des personnes extraordinaires et sacré.



Dès les premières pages, Bénédicte Belpois a le don de nous transporter dans cette histoire familiale intergénérationnelle où sont abordés avec une grande délicatesse des thèmes forts comme celui de la maternité et du deuil… En lisant cet ouvrage, j'ai eu l'impression que la plume de l'auteure se transformait petit à petit en pinceau pour nous peindre une parenthèse de la vie et le quotidien de nos personnages vivants au cœur des montagnes cévenoles. J'ai réussi à me représenter très facilement les différents tableaux offerts par cette nature luxuriante propre à la région au lieu au fils des saisons… Je tiens à remercier les 68premièrefois pour cette belle découverte dont j'ai beaucoup apprécié la lecture et qui m'a permis de faire un très beau pèlerinage livresque...
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Gonzalo et les autres

Gonzalo quitte son petit village d'Estrémadure pour éviter l'armée (sous Franco) et ne pas devenir viticulteur comme son père. Il le craint, sait que celui-ci ne serait pas d'accord et part donc, avec l'aide d'un copain, sans mot dire et sans papiers... Il se retrouve en Allemagne où il devient un improbable danseur de flamenco et il se produit dans des cabarets avec deux compagnons d'exil. le trio décide de passer en France, mais Gonzalo se fait arrêter dans le train. Pour éviter les ennuis et le rapatriement, il s'engage à la Légion étrangère. Suit une période de sa vie qui, contre toute attente, lui plaît beaucoup, surtout grâce aux voyages qui satisfont sa curiosité. À Toulouse, il rencontre une plantureuse Guadeloupéenne avec laquelle il s'installe et vit plusieurs années. Mais ils ne se supportent bientôt plus et Gonzalo envisage un retour au pays…

***

Gonzalo est le premier des narrateurs et il interviendra sept fois sur les quinze chapitres que compte ce bref roman. Les huit autres narrateurs sont des habitants, originaires du village ou plus récemment installés, qui vont confier à Gonzalo, au fil des années, leurs espoirs, leurs craintes, leurs amours, leur honte, leurs secrets les plus enfouis. Peu après son retour, ému par l'accueil chaleureux qu'on lui a réservé, Gonzalo a lui-même confié ses problèmes au petit groupe de parents et d'amis auxquels il fait confiance, et c'est comme si ces confidences intimes avait permis à chacun de s'épancher à son tour. Tout le malheur du monde est là, dans le microcosme du village : l'inceste, la xénophobie, l'homosexualité honteuse et refoulée, la prostitution, la folie, la cruauté, le sexisme, l'insatisfaction, l'impuissance, etc. Chaque intervenant porte son expérience comme une douleur jamais apaisée et longtemps refoulée. Mais le temps passe, et parfois la souffrance s'atténue, parfois même une joie vient la remplacer : un nouvel amour, l'arrivée d'un enfant ou la concrétisation d'un rêve.

***

J'ai beaucoup aimé Gonzalo et les autres. Je me suis projetée dans le village où j'ai vécu une quinzaine d'années, où chaque personne connaît l'autre, où la pure malveillance côtoie la bonté et la générosité, où toutes les expériences de vie se trouvent réunies, des meilleures aux pires. L'écriture de Bénédicte Belpois est simple, mais forte et généreuse. On sort de ce roman avec le sourire. Pourtant, en y repensant, j'ai trouvé que l'autrice nous présentait des portraits de femmes bien peu positifs, alors que, me semble-t-il, les hommes s'en tirent un peu mieux, en tout cas ceux qui se confient à Gonzalo. Toutes et tous, cependant, font preuve d'une solidarité et souvent d'une ténacité et d'un courage qui les rendent attachants, particulièrement le solaire Ezra.

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