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Dans le cadre d'"Un Après-midi à Bordeaux : « À quoi sert d'écrire ? À ne pas vivre mort. » rencontre avec Pascal Quignard. Animation par Jean-Michel Devésa. Avec Dolorès Lyotard, "Vol de nuit", Frédérique Toudoire-Surlapierre, "Quignardises", Bénédicte Gorrillot, « Pascal Quignard : lire-traduire-écrire en Gréco-latin », Dominique Rabaté, « Un irrésistible élan d'émancipation », Mireille Calle-Gruber, "Pascal Quignard : L'incatalogable écriture du sentiment océanique" Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/Recherche?requete=Quignard%2C%20Pascal Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
On sait que, avec Commencement (1989) et les fictions longues qui se succèderont pendant près d’un demi-siècle (jusqu’à Les Enfances Chino en 2013), naît une écriture qui, bien qu’elle ait été rendue possible par tout ce qui l’a précédée, est radicalement nouvelle. Nouvelle en ceci qu’elle s’installe cette fois-ci dans la durée, c’est-à-dire dans la prose, dans le continu, dans la copia et dans la prolifération. Elle est portée par ce que Christian lui-même appelle un « phrasé », c’est-à-dire par un rythme, voire une cadence (il suffit de les avoir entendus une fois pour ne plus jamais les oublier), qui rend possible et conditionne l’enchaînement des événements linguistiques (grammaticaux et lexicaux) en quoi consiste la phrase. Grâce à ce phrasé, l’écrivain connaît l’euphorie de parler enfin sa langue (une langue qui a cessé d’être étrangère à celui qui la profère), faite de l’imbrication et du choc, souvent dans la même phrase, des tonalités émotionnelles et des niveaux de langage (du sophistiqué au trivial, du comique au sérieux, etc.), voire de plusieurs langues (breton, gallo, français médiéval, latin…). D’où cette écriture à la fois très dense (où le moindre mot est un événement considérable) et entraînée dans un mouvement rapide (qui emporte tout sur son passage) et ininterrompu (que rien ne pourrait arrêter sinon l’épuisement du désir). Ce que l’austérité et le raidissement rhétorique de l’écriture militante avaient dû écarter (quand l’urgence était d’abord de déconstruire la littérature pour pouvoir un jour la réinventer) redevient désormais possible : récits, descriptions, personnages, allégories façon Roman de la Rose, lais façon Marie de France, complaintes et chansons paillardes, histoire et sociologies (« C’est quoi qu’on a été, qu’on est, qu’on sera, j’écris pour savoir ça »), tout, non plus presque tout, peut être dit – qui était déjà là, à disposition en quelque sorte, mais déréalisé et confisqué par le symbolique, tout peut enfin surgir et être nommé, dans sa fraîcheur, c’est-à-dire (pourquoi ne pas oser le mot ?) dans sa vérité. (Alain Frontier, « Comment j’ai connu Christian Prigent »)
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Bénédicte Gorrillot
Carnet d'un pseudonyme.

EN BÉRÉNICE



Elle est une baie sereine si bouche bée et sans dit sur sa nixte, oh proche encore de la-bien-disante Bénédicte! Et reine, mais trop! soudain hissée sur des grands airs elle rit CANTATRICE à gorge-ivre en Bérénice!

La bouche je ne l'aimais qui souriait ni résonnait : mais en plein songe se vouait. Or en ces rêves de révérences ou d'allégresses coloratures les dents sont si laides sciant la douceur.

Bénie devenue beri-beri.



Pour ce nom rongé d'orgueil demi-vrai, on ne fermera plus mal les lèvres sur Bénédicte. Car le hoquet demi-final accrochait la poigne des choses Et il fallait désirer l'épeller hors le réflexe aveugle d'amitié ce prénom d'intimité adulte. Les bouches enfantines ne savaient pas l'expirer, mal dite Bénedite! Je l'ai perdue.

Août 96.







PUIS GARANçAY



Bérénice se vêt en Garance car il faut bien un nom social mais dans le souvenir d'un gué alphabétique où j'ai aimé m'allonger en rareté. J'y ai appris le plaisir de m'y faire attendre sans excès, et la première prédisposition à être aimée.

Le gué était aussi d'orgueil où GORRILLOT accroché à ses deux airs faisait tonner les trilles solennelles du corps d'un mot plus long dans le convoi! Et en quelle fanfare! Mais combien d'ailes et d'airs retombés des lèvres trop hâtives ont brouillé ma noblesse.

J'aimais cette écriture redoublant ses consonnes parce qu'elle contraignait à une attention forcément élective ou provoquait l'erreur rieuse et bien-disante qui me ferait être la doublure vivante d'un roman de papier.









LE MANTEAU COMIQUE.



Pauvre trompeuse aujourd'hui tu te drapes en Garance parce que ton amie de coeur aime cette couleur tu sais. C'est un rouge, mais un rouge affaibli voilé par la romance lourde des verbales anses plus résonnantes en ce nom. Hors la pOUrpre rage de la cOUleur! en un rouge de mystère donc _ c'est facile comme tout lointain! _ tu te dépeins, en ce rouge douteux peut-être auburn, or, marron ou rien du tout, tout se brouille! Tu erres après un nom.

Une étoffe indécise recouvre enfin la chasse d'airain des deux grands airs autrefois rassemblés pour te proclâmer en importance.

Or tous tes mots, même celui-là qui te dément, ont une saveur parce qu'ils sont le change d'un corps : tu as pris Garance tu sais c'est aussi pour le cliché de PASSION! Rouge! Car tu es rouge du délice des Choses!

Août 1996.







L'ENVOL DES LETTRES

(...)

Garançay? Aussi pour l'hameçon d'un accroche-coeur à l'oeil. Péché d'art-déco, mignon. Et combien futile cette crotte arrière d'esthétisme en fin de mensonge; si vaine que l'oreille l'en méprise, insonore : s ou ç?. Et pourquoi l'y grec puisque tout semble désiré? Par la longue palme arrière offerte retournée offrante vibrante mon bras plonge dans la profondeur de ma sensation ; car j'aime le monde des choses en une nage immense où rien ne se dérobe à l'accès de ma peau.

Beau mythe! L'Y-GREC vient clore à vue le nom en fanfare, en stuc, en roccoco! en queue équilibrant parfaitement le prime accroche-coeur de l'oeil. Et cela fait précieux et cela fait MYSTERE. Car on ne peut vouloir tant de superfétatoire! Le nom est une tromperie! et la merveille est d'exhiber son vide retentissant en ses crottes inutilement belles de plâtre!

Août 1996.









LA FANTAISIE DE GARANÇAY

(...)

[G-a-r]. Ma vie dans les g-a-r-es, à me garer : sans toit? non. Sans amour? non. Pourtant toujours à souffrir d'un soyeux, terriblement léger décollement de l'être à soi : un frisson de dehors quelque part , où? en la chair? Et mes yeux! que voyais-je qui n'était pas mon vis-à-vis? Que disais-je que mes paroles se déchiraient en dissonnants contrepoints? CAR PAR UNE IMPLOSION D'Etre et INTENSE!

A toujours me garer à côté du Simple d'une après-midi d'automne cousue sur une nappe, disons, à carreaux rouges. Et non! Moi, il faut que je jouisse du silence, de la lumière déclinante! Il faut que je souffre et que je les nomme avec force respirations imaginaires et lèvres crampées.

Je serre mes mains. Je suis bien là pourtant et uniforme.

Terrible à toujours me gar-der en partance malgré mon égal affamement de l'immobilité des choses.

Août 96.


DEMI FAIRE-PART



Garançay : gare et avance tu sais, en garce peut-être mais piteux et banal oxymore de l'être et du mouvement

Plâtre et stuc inutile accroche

de l'oeil

voile gonflée de passion

mais voilée, rouge biaisée sans le cliché,

Garance, si peu garce, danse, pauvre ment au vent

se garde -'"en garde!"_

d'avoir perdu son nom.

Août 96.






POST-CRIPTUM À GARANÇAY.



Elle a cru refusés son vrai nom, son roman. Elle est partie pour la Pseudélie qui perd la souffrance, dit-on. Or elle ne riait jamais tant du Bonheur des Choses que lorsque son double romanesque les grandissait d'être l'écrin à un amour en oraison. Elle étaient Belles antiquement les beautés vertes d'être rendues utiles. Et ce service privilégié de l'amour n'était autre que cette métaphore de l'hyperbolie à boire, humer, jouir : et Vivre. Elle a voulu réapprendre à éprouver la sensualité de ce verbe conjugué à ce point au présent d'habitude qu'il devient insonore. Voici l'histoire d'un roman cru refusé. Il fallait enterrer le nom qui s''était enorgueilli de cette identité de révélante.

Août 96.
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Dans la première version de L’incontenable (P.O.L., 2004) intitulée Réel : point zéro, Christian Prigent formule cette définition qui a fait date : « J’appelle « poésie » la symbolisation paradoxale d’un trou. Ce trou, je le nomme « réel ». Réel s’entend ici au sens lacanien : ce qui commence « là où le sens s’arrête ». La « poésie » tâche à désigner le réel comme trou dans le corps constitué des langues. » Et de compléter cette conception négative du travail poétique entendu au sens large du terme, c’est-à-dire par-delà les frontières entre les genres institués : « La poésie vise le réel en tant qu’absent de tout bouquin. Ou : le réel en tant que point zéro du calcul formel qui fait texte. »
Ce retour au réel s’explique d’abord en un temps où, justement, comme l’analyse Alain Badiou, le « réel » a disparu au profit des « réalités » du Marché, c’est-à-dire d’un réalisme ultralibéral consubstantiel à un « monde qui est constamment en train de jouer une pièce dont le titre est « La démocratie imaginaire » » ; dans ces conditions, faire surgir le réel, c’est faire tomber le masque démocratique dont se pare cette puissance totalitaire. Atteint-on pour autant le Réel ? Pas vraiment, puisque le réel est inatteignable : comme Prigent, entre autres, le philosophe marxiste reprend à son compte la célèbre formule de Lacan : « Le réel c’est le point d’impossible de la formalisation. » Si « le réel surgit quand le divertissement est à bout de souffle », l’espoir semble de mise. À défaut d’être immédiatement politique, la trouée dans le Semblant peut être poétique : « tout grand poème est le lieu langagier d’une confrontation radicale avec le réel. » (Fabrice Thumerel, « Réel : point Prigent (Le réalisme critique dans la « matière de Bretagne ») »)
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Au sujet de ces syllabes que fait apparaître l’écriture versifiée, il est possible de reprendre l’analyse que Barthes propose, en 1971, d’un texte de Jean Ristat (L’Entrée dans la baie et la prise de la ville de Rio de Janeiro en 1711) : « Cette opération de dépeçage syllabique […] ressemble assez à ce qu’on appelle, dans certaines formes de publicité cinématographique, des images subliminales. » Il précise : les mots nouveaux ainsi créés « ne veulent rien dire ». Ce sont « des physionomies verbales, des mots asémantiques. » Il ajoute : « Ils n’ont pas de sens, mais jouent avec un sens possible. C’est une opération très riche et très justifiée. » On dirait aussi bien, avec Christian Prigent, et pour citer une formule de Météo des plages, que ce sont des « appeaux de signification ». Mais on est tenté de souligner – avant tout effet de « sens possible » de ces mots « asémantiques » – la pure (si l’on ose dire) matérialité de ces syllabes libérées, la présence sensible, éphémère, bizarre, troublante, délicieuse, d’étroits morceaux de langue, retirés de toute continuité et (sauf exception) de toute signification. En quoi on peut éprouver la fragilité même de cette langue, ce qu’elle a, hors de son usage ordinaire, de concret et friable à la fois. (Jean Renaud, « La matière syllabique »)
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Cette frénésie inventive est hantée par un manque dont le parler cochon n’est jamais que l’expression. Prigent voit dans l’obsession de la littérature (et de la sienne incidemment) pour le sexe le signe de l’ « échange métaphorique symétrique entre d’une part le rêve de fusion amoureuse […] et d’autre part le fantasme poétique de pallier par certaines opérations rhétoriques (cratyliennes, mimologiques, métaphoriques…) l’inadéquation des signes aux choses. » Or la « Tentative d’idylle », pour reprendre le titre rimbaldien d’un de ses poèmes, s’accompagne toujours de sa « mise à distance cruelle » dans la « grande littérature », et c’est dans cette perspective que l’on aimerait relire le passage jugé le plus infréquentable de l’œuvre de Rabelais. (Dominique Brancher, « Dégeler Rabelais – Mouches à viande, mouches à langue« )
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Nul n’écrit directement confronté au monde « extérieur » (la société, l’histoire, la nature) ou « intérieur » (l’inconscient, l’imaginaire, la « sensibilité »). On écrit devant un mur de textes et d’images levé entre soi et la pure expérience (le monde sans langue, la vie nue). De cette expérience, les nouvelles ne nous parviennent que filtrées par le bâti des langues, médiatisées par des paroles, des écrits, des images. (Christian Prigent, « L’Archive e(s)t l’oeuvre e(s)t l’archive », 2012)
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