L’oncle de mon père avait fait fortune comme architecte au lendemain de la guerre. La « modernisation du logement » recouvrait alors de juteux échanges avec le monde politique et les entreprises de construction. De nouvelles cités poussaient d’un seul jet dans les espaces froids, morts, excentrés, qui deviendraient plus tard les fameux « quartiers sensibles ». Nul n’y songeait, pour l’heure, et toute une génération de « Grand Prix de Rome » s’était tournée vers cette lucrative activité qui prolongeait, sans trop y croire, les utopies de Le Corbusier. Leur rêve d’artistes s’était transformé en trafic de cages à lapin ; ce qui ne les empêchait pas de retrouver tout leur talent pour construire leurs propres demeures.