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Citations de Benoît Duteurtre (264)


"DONNEZ L'EXEMPLE
en répartissant les déchets de votre séjour :
papiers dans le sac bleu,
déchets divers dans le sac jaune.
En les déposant avant votre départ
dans l'espace poubelles du sous-sol
vous diminuerez l'empreinte carbone de votre voyage."

La noble intention cachait-elle un calcul mesquin ? Thomas, dans le passé, avait déjà remarqué certains paradoxes du discours écologiste quand, par exemple, sa banque avait invoqué la protection des forêts pour cesser de lui envoyer des relevés de compte - tout en continuant à l'inonder de courriers publicitaires. La même question se posait à présent devant le sac jaune et le sac bleu : s'agissait-il de protéger la planète ou de réduire le coût d'entretien des chambres ? Thomas comprenait pourquoi le personnel semblait si rare dans un établissement de luxe où il y avait si peu de linge à laver et de déchets à ramasser, puisque la clientèle se chargeait de tout. Mais comment contester une mesure visant à protéger la planète ? Le voyageur ouvrit donc le sac bleu pour y glisser ses vieux journaux.
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Désignant le capot de sa voiture, elle annonça :
— Je vous présente Marcel.
Ils s'engouffrèrent côte à côte, tandis qu'Ophélie précisait :
— Marcel m'accompagne partout : c'est bien plus qu une bagnole. Il conduit mes aventures exactement comme Proust conduit mes pensées ! Et maintenant, David, à nous deux Paris !
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Peut-être vivons-nous sous le règne d’une économie d'escroquerie. Notre époque a placé en tête de ses valeurs le culte de l'entreprise, la progression des courbes et des pourcentages : symboles sacrés qui permettent de tout exiger, de tout justifier, y compris l’appauvrissement d’un très grand nombre.
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David réfléchit.

Il se dit que le monde qu'il aime a peut-être disparu depuis longtemps : ce monde des villes et des campagnes, des voyages et du temps perdu, ce cheminement de l'art, découvrant des façons nouvelles d'enchanter. Tout cela s'est perdu dans une modernité plus sommaire, occupée principalement de rationaliser, de rentabiliser, de produire et de reproduire.
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Depuis trente ans, des spécialistes annoncent que l’effort débouchera sur la «sortie du tunnel», mais le tunnel se prolonge et chacun doit consentir de nouveaux sacrifices, qui renforcent la précarité ; je me demande : pourquoi une société si stable devait elle se décomposer ?

Est-ce un choix que nous avons accompli ou que d'autres ont fait pour nous ? Les responsables ont-ils menti ? Se sont-ils continuellement trompés ? Ont-ils changé de cap sans en informer quiconque ?
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Mes doigts courent et j'éprouve une véritable jubilation. A ce degré d intensité, mon talent finira par éclater au-delà des cercles étroits de la presse professionnelle. Tel est l'avantage d'écrire dans Taxi Star : car beaucoup de décideurs utilisent le taxi. Un jour ou l’autre, mon édito tombera sous les yeux d’un chasseur de têtes.

Je relance une salve : «Les calculs électoraux du gouvernement expliqueraient-ils un certain relâchement dans le contrôle de la circulation à Paris — dont le maire n'appartient pas au même camp politique ? » Je n'en sais rien, mais mon audace polémique me fait sourire.
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Toute notre vie est ainsi jalonnée par les extinctions d'êtres, d'objets, d'habitudes, comme autant de petits mondes qui s'éteignent pour toujours.
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De mon côté, je songe que la modernité la plus radicale doit être celle d’Epicure, persuadé que, si la vie doit apporter le maximum de jouissance, il n’existe pas, au bout du compte, de plus grande jouissance qu'un verre d'eau et un rayon de soleil.
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J'ai grandi de l'autre côté de la ligne, entre Paris et Manhattan, dans une ville maritime où les trains chargés de passagers arrivaient au pied des transatlantiques. Pendant cent ans, les paquebots ont traversé cette mer, chargés de passagers. Un jour, sans doute, l'un de ces bateaux a transporté un colis spécial, protégé par un détective : le Jardin à SainteAdresse — comme si ce qui avait commencé là-bas devait continuer ici.

Marchant au bord de l'eau, je relève la tête vers les buildings noirs de Wall Street où se reflète le soleil d'hiver. J'aspire de nouveau la mer et le sel à la pointe de New York, songeant au vieux Havre moribond, au monde vivant qui s'étend autour de moi, à cette nouvelle vie. Tout commence.
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"J'ai toujours pensé que nous étions, nous, accidentés de la route, l'équivalent moderne des "gueules cassées" de 14-18. Hier, on envoyait les soldats au casse-pipe "pour la France". Aujourd'hui, des milliers de gens meurent sur les routes "pour l'économie". L-automobile sert d'aiguillon à l'industrie ; chaque année, il faut que la production augmente, avec son cortège de morts et de blessés. Nos grands-pères étaient mutilés de la nation ; nous sommes les mutilés de la consommation."
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Cette haute muraille s'allonge sur cent kilomètres, du Havre au Tréport. Broutant sur le plateau, les vaches normandes portent le même vêtement brun taché de blanc. Les autochtones ont la peau blanche et les cheveux roux, comme si tout sortait d'une même pâte.
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On a beau trouver chaque matin enchanteur, avoir conquis un certain bonheur de vivre, cultiver ses goûts, ses amitiés, ses amours, on sait que le rêve ne durera qu'un temps. Plus notre existence progresse, et plus se renforce la hantise de ce moment où le chemin lumineux que nous avions cru suivre deviendra ce chemin de croix où il faudra, comme dans l'Enfer de Dante, abandonner toute espérance. On peut bien rejeter les idées sombres ou tenter de les combattre, cela n'y change rien. Tôt ou tard, les plus solides se voient rattraper par la fatigue, la maladie, les épreuves.
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« On pourrait imaginer qu'un épisode particulièrement important determine, une fois pour toutes, l'âge d'une ville. Même lorsqu'elle continue à se transformer, son style s'épanouit à un moment de l'histoire — comine si tous les changements à venir ne pouvaient plus modifier ce caractère essentiel et singulier : le siècle de Périclès pour Athènes, la Renaissance pour Florence, le XIX’ et la Belle Epoque pour Paris, avec ses avenues boisées et ses immeubles à six étages, telle une variation infinie du même modèle. »
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Et que dire de cette immense bibliothèque (...). Autant l'avouer, la plupart de ces ouvrages ne font que m'envahir, malgré les allégements que j'opère pour un bouquiniste... qui ne vient plus, n'en veut plus, car il possède lui-même beaucoup trop de volumes qui n'intéressent personne. Ils continuent donc à squatter mes murs et à se couvrir de poussière pour me punir d'avoir cru, jeune homme, que la vie ne saurait avoir de plus noble but que de constituer une belle bibliothèque. Les trésors d'une génération sont la poubelle de la suivante.
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La France d'aujourd'hui est américaine de la tête aux pieds ; mais elle replante de faux becs de gaz 1900 pour remplacer des réverbères des années 1960 comme si cette ville, finalement, n'avait rien de mieux à proposer qu'un décor de carton-pâte. L'imagerie parisienne attire toujours davantage les tours-opérateurs et soude les Français dans la nostalgie d'une culture commune réduite à quelques clichés.
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Nous, en tant qu'hommes, un rien nous émoustille,
Autant l'avouer, on aime le cul des filles !
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La suite des mois, puis des années avait démontré que la Brigade rétroactive n’hésitait jamais à s’emparer de tout ce qu’elle pouvait dénicher comme preuves approximatives, pourvu que celles-ci jouent au détriment du suspect.
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Il me semble parfois que, malgré mes efforts, je n'existe pas encore en tant qu'individu, maitre de son destin. Mes crises d'adolescence ont fait place au grand vide de l'âge adulte.Mon corps, mon cerveau montrent chaque jours leurs limites.
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Dans la perspective de cette revente juteuse, son attention s'était fixée sur la Cogeca (Compagnie générale de câblage), un groupe industriel dont le médiatique PDG se présentait en champion de l'entreprise écologique. Cyprien espérait lui céder le plus grand complexe d'industrie éolienne jamais conçu en France : soixante kilomètres de mats et d'ailes blanches tournant dans le ciel. Les premières prises de contact étaient décevantes, une partie des cadres s'appliquant à refroidir ce projet que d'autres prétendaient soutenir. Suivant le patron du groupe à la trace, Cyprien devait filer une heure plus tard à Orly et s'envoler pour l'Italie où se tenait un séminaire de la Cogeca. Il avait réussi à se faire inviter au dîner de clôture, où un directeur adjoint devait le présenter au président.

Mais il fallait d'abord renforcer le réseau de terrains préachetés qui donneraient consistance au projet et, pour cela, persuader le maire de Fontaine-au-Bois du bien-fondé de cette implantation dans sa commune. Il regarda son interlocuteur dans les yeux :
— Un moyen de réconcilier les gens d'ici (qui veulent se développer) et les gens d'ailleurs (qui vous regarderont comme un champion du développement durable), pendant que vous prendrez un repos mérité au bord de votre piscine !

Un frémissement passa dans le regard de M. Tonnetot. Il imagina ses petits-enfants sur des chaises longues, en train de siroter des jus d'orange au bord de l'eau. Cyprien n'était pas loin d'abattre les derniers obstacles, quand un bruit sec les fit sursauter l'un et l'autre. Assommé par les paies de l'éolienne, un corbeau venait de tomber sur le sol. Il était mort. Le maire imagina les troupeaux de vaches, paissant sous une pluie de cadavres d'oiseaux.
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On aurait dit plutôt, dans ce pays comme ailleurs, que plusieurs sociétés vivaient juxtaposées : l'archaïque et la post-historique, la provinciale et la branchée, la gréviste et la mondialiste. La Rugénie, en somme, était à l'image du monde (...).
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