Citations de Benoît d` Halluin (55)
"D’ailleurs, s’il avait une seule ambition dans la vie, il la placerait là : sur le visage qu’il voudrait voir au réveil tous les matins de sa vie, pas sur le montant imprimé au bas de son bulletin de salaire. Il a cette certitude tranquille qu’il finira par rencontrer la bonne personne. Pour l’instant, on ne peut pas dire que la vie l’ait vraiment aidé, mais il se l’est juré. Sa promesse de l’aube, il se l’est faite à lui-même." (p149)
"Douter qu’un amour puisse durer toujours reste le meilleur moyen pour, précisément, le faire durer. L’amour est une question de volonté, chaque jour renouvelée. Le mariage serait le témoignage de cette volonté. Pas la fin du défi, mais plutôt son début. " (p323)
"C’est étrange, les voyages. À deux, on se protège, on se suffit, on n’est pas vulnérable, ni aux autres ni aux retards. C’est comme si on faisait voyager son foyer avec soi. Mais seul, on trouve tout hostile, étranger. Il n’y a plus la chaleur de l’autre pour tempérer la froideur de ces avions et de leurs passagers pressés. Seul, on ne voyage plus. On se déplace." (p290)
"Bon-Papa lui disait toujours que le bonheur est comme un oiseau qui se pose sur la main. Quand on cherche à le saisir, il s’enfuit." (p290)
"Personne ne peut rendre heureux quelqu’un qui se refuse à l’être." (p283)
"Hemingway avait raison, Paris est une fête. New York est une fuite." (p210)
"Ce n’est plus un autre qu’il doit conquérir, c’est une partie de lui qu’il vient de retrouver. Leur rencontre est une évidence." (p179)
"La seule chose qui comptait dans la vie était l’amour que l’on donnait et l’amour que l’on recevait, rien d’autre." (p90)
Elle adore, comme aujourd’hui, se baigner, même quand l’eau est froide. Catherine, la belle Catherine, pleine de fantaisie, de joie, de confiance absolue, en elle, mais surtout en l’autre, en l’avenir, en Dieu… Elle s’occupe de ses quatre enfants, chante du matin au soir, en rangeant, en mettant la table ou en conduisant, les accompagne et les encourage dans leurs différentes activités, surtout lorsque eux-mêmes ne sont pas dupes de leurs propres talents.
« Tu verras, le jour où tu auras des enfants, tu comprendras le sens de la vie. » Comme il a alors l’impression qu’on lui cache un précieux sésame, un de ces secrets du monde des adultes, Marc espère que ce jour viendra vite.
Son père lui apprend à observer la mer, les rares poissons qu’ils prennent, le ciel pour savoir s’il va faire beau demain, les sommets de leur île qui paraît parfois si éloignée, la course des bateaux. Il lui répète toujours la même phrase : « Tu dois savoir ce que tu veux dans la vie, Marc, car regarde autour de toi : il n’y a pas de vent favorable pour un bateau sans cap. »
Après avoir raccroché, Catherine se dit qu’elle aurait peut-être dû le remercier. Mais on ne remercie pas quelqu’un qui vous annonce que votre fils est dans le coma. Et d’ailleurs, si c’est un accident, a-t-on arrêté le chauffard ? On ne peut pas renverser son fils, pas comme ça, pas Alexis.
Catherine entend, mais n’écoute plus. Sa respiration devient difficile, sa vue trouble. Elle a vaguement conscience de ce téléphone contre sa joue. Et de cette voix. Un peu trop droite, un peu trop sûre d’elle, un peu trop concernée.
Quel fou, ce chauffeur ! On conduit une Classe E, alors on se croit tout permis… Tout à coup, le jeune homme s’arrête. Le regard fixe. À l’extrémité du pont, la voiture fait demi-tour vers lui. Elle ne l’a pas frôlé par mégarde.
Un frémissement, d’abord lointain, puis des centaines, des milliers d’oiseaux crépitent dans le ciel. Un nuage animé, qui se forme et se déforme. Le jeune homme ralentit pour contempler ce ballet céleste et mystérieux. Les Américains appellent cela des murmurations. La nature qui murmure à l’oreille des hommes.