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Citation de TerrainsVagues


J'ai filmé les matins bleus de la frontière bolivienne, là haut à quatre mille mètres, des matins absolument purs, sans faille, sans une trace, pas même un voile de céruse oublié par le peintre. J'imaginais Che Guevara, sa moto à l'arrêt, assis sur le cuir à se frotter les mains dans la froidure en regardant ce que je voyais. C'est ce ciel qui a dû fasciner Pedro de Valdivia, en 1540, pour se brûler les yeux au passage des neiges, dans la tourmente du soroche. Quelle fièvre nourrissait sa folie et quelle conquête allait-il faire dans le désert d'Atacama avec une poignée d'hommes et de chevaux épuisés, une écume de sel sur l'encolure? Tout brûle ici, l'eau des rivières bouillonne et il n'y a, dans la nuit australe, que ce grand filet d'étoiles dans lequel le conquistador s'est laissé prendre. J'aurais bien aimé voir le Che sur sa pétoire rencontrant Valdivia sur sa carne. Qu'est ce que tu vas chercher, Pedro? Et toi amigo? Fin du dialogue, et ils seraient repartis, l'un vers le sud avec l'épée sur la croix et l'autre vers le nord avec son carnet de bord et ses rêves. Moi aussi, je voulais soulever la poussière du désert, comme ça, pour voir, et ça m'a plu. C'est en ces moments de grâce que me revenait ce désir d'enfance d'écrire au monde.
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