En vérité, je n'aperçois dans son action ni doctrine ni grand dessein qu'il poursuivrait avec continuité. Tout au plus s'attache-t-il à défendre des conceptions dépassées.
Il est, par contre, dans la politique quotidienne un tacticien d'une exceptionnelle et incontestable maîtrise. Il est, au sens courant du mot, un grand diplomate, mais plus par la variété des moyens qu'il emploie que par la grandeur de l'objectif qu'il se donne. Il dissimule ses intentions, les dévoile soudain, généralement avec éclat. Il jette le trouble dans l'esprit de ceux avec qui il négocie, usant tout à tour d'une certitude hautaine, d'une bien-veillance désabusée ou d'une grand brutalité. Il est un maître de l'équivoque et se meut avec aisance au milieu des malentendus qu'il provoque (...)
Il est enfin sans pareil pour donner de l'importance à ce qu'il fait et pour cacher derrière son assurance les fluctuations de sa pensée.
Paul-Henri Spaak; Combats inachevés.
1498 - [p. 182] tel qu'ils l'on vu ou connu
tome 1 la capitulation :
Cependant, Napoléon III confie une soir à un député : " Je ne suis pas de votre avis, monsieur, je ne me félicite pas de la guerre. J'ai fait tout ce que je pouvais pour l'éviter. C'est une chose terrible que la guerre, même quand on est sûr de la victoire. Et on n'en est jamais sûr..."
Un homme, chargé pour le monde entier de l'honneur que donne le souvenir de la plus grande fermeté dans le plus grand malheur, et uniquement soucieux du destin de la nation, a reçu des Français, depuis sept ans, la charge de ce destin. Il peut l'assumer encore, avec sa gloire et ses faiblesses. Tout ne va pas bien pour tous, loin de là. Et il ne s'agit pas de savoir si les choses continueront ainsi, il s'agit de savoir comment elles changeront. Il s'agit de l'avenir. Si je ne me souviens pas que le général de Gaulle, en 1958, ait quémandé les voix des députés, je me souviens qu'il m'a dit, assez tristement, à l'hôtel Lapérouse : « Et peut-être aurai-je la chance de revoir une jeunesse française... »
André Malraux (Discours du Palais des sports, 15 décembre 1965)
1433 - [p. 182] tels qu'ils l'on vu ou connu
Chez les soldats de Versailles, comme chez leurs adversaires, une véritable hystérie va crescendo. Ils sont entrés dans Paris perplexes et circonspects, pas toujours très fiers de la mission qui leur était confiée. (...) Mais, au troisième jour de la semaine sanglante, les Parisiens de la Commune, ce sont ces hommes farouches qu'il faut affronter impitoyablement sous le feu des barricades. (...). Ce sont enfin les incendiaires du patrimoine national. Pour ces Français si attachés aux pierres de leur pays, si conscients de la valeur des choses, jeunes recrues ou officiers de carrière, ce crime-là est impardonnable. Les Parisiens eux-mêmes ne le pardonneront pas aux communards.
L'incendie de Paris demeure à tout jamais la tache qui souille leur cause.
Je vis entrer, avec une aisance calme et même placide, un homme dont la taille, la largeur, la carrure avaient quelque chose de gigantesque... Il était tout d'une pièce. Il l'était dans sa personne physique, que chacun de ses mouvements semblait déplacer tout entière sans frottements ; il l'était dans son comportement moral. L'homme qui se présentait ainsi, qui me dévisageait si tranquillement, qui me parlait de sa voix lente et mesurée, ne pouvait, de toute évidence, être occupé à la fois que d'une idée, un dessein, une croyance; mais alors il devait s'y donner absolument, sans que rien d'autre entrât en balance.
Léon Blum, Souvenirs.
1440 - [p. 185] tels qu'ils l'on vu ou connu
Je sais, je sens que de Gaulle n'est point, à proprement parler, un fasciste. Ni son physique ni son comportement ne permettraient de soutenir une telle comparaison. Mais, ce qui me semble grave, c'est que de Gaulle se trouve contraint à accepter des méthodes, un style de propagande qui vont jusqu'à modifier son physique, son attitude, à le fixer dans l'allure du « chef ». Et, pour moi, ce « glissement par la propagande » appartient au processus de croissance du fascisme. » Jean-Paul Sartre
1450 - [p. 187] tel qu'ils l'on vu ou connu
L'armée de Versailles nous arrache heure par heure un lambeau de terrain, de muraille et d'espoir. Eh bien, nous sommes convoqués ce soir pour délibérer sur une proposition de Courbet qui menace de donner sa démission si l'on ne supprime pas Dieu par décret...
Et Jules Vallès d'ajouter : "Je voterai contre la proposition. Dieu ne me gêne pas. Il n'y a que Jésus-Christ que je ne peux pas souffrir, comme toutes réputations surfaites !
Pour tous les Français, le Général de Gaulle est celui qui a sauvé la France dans la plus terrible épreuve de son histoire. Mais, pour nous, il était autant sinon plus. Car, sans lui, nous ne serions pas aujourd'hui indépendants. C’est lui qui nous a permis enfin de réaliser notre idéal d’indépendance nationale et de coopération amicale avec la France.
Léopold Sédar Senghor
1438 - [p. 189] tels qu'ils l'on vu ou connu
La liberté partout, à la Commune et dans l'Etat, la sécurité au domicile, l'épanouissement au travail, affranchi de toutes entraves, livré à toutes ses énergies, le commerce et l'industrie reprenant leur activité, l'instruction répandant la lumière à flot en établissant l'égalité intellectuelle, source unique et seule garantie de la véritable égalité. Enfin, l'union des cœurs et des volontés.
Livrés, au mépris de toute justice et par un odieux abus de force, à la domination de l'étranger, nous déclarons nul le pacte qui dispose de nous sans notre consentement. Vos frères d'Alsace et de Lorraine, séparés en ce moment de la famille commune, conserveront à la France, absente de leurs foyers, une affection fidèle jusqu'au jour où elle y viendra reprendre sa place.