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Critiques de Bertrand Redonnet (21)
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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

Douze nouvelles sur l’attente, pour un nouveau mélange détonant d’humour et de sérieux, de poétique et de tragique, de retors et de tendre. Encore une réussite Antidata.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/08/30/note-de-lecture-stand-by-collectif/



Un an et demi après « Décamper », voici que paraissait en juin 2023 la nouvelle anthologie collective des éditions Antidata, notre spécialiste préféré de la forme courte : « Stand-by », douze nouvelles sur l’attente, pour nous apporter une nouvelle fois ce rare mélange d’humour et de sérieux, de poétique et de tragique, de retors et de tendre, convoquant des écritures déjà connues chez l’éditeur et d’autres que l’on découvre ici.



Nous aurons la joie de célébrer ce recueil en compagnie d’une bonne moitié des autrices et auteurs, ainsi que des deux éditeurs, ce mercredi 30 août, à la librairie Charybde (Ground Control, 81 rue du Charolais, 75012 Paris), à partir de 19 h 30.



Guillaume Couty, qui nous avait récemment régalé, chez le même éditeur, de son machiavélique et hilarant « Laqué », réussit, en quelques mouvements de torsion et de quiproquo bien ajustés, à dynamiter tendrement la notion même d’attentes réciproques au sein d’un couple (« Au tournant »).



Bertrand Redonnet, dont il s’agit d’un grand retour depuis son « Théâtre des choses » de 2011 et ses nouvelles de « CapharnaHome » et de « Douze cordes », nous plonge, aux confins de la Pologne et de l’Ukraine, dans une poignante et enflammée attente de la paix, alors que l’agression fait rage, là-bas, de l’autre côté (« Guerre et paix »).



Cécile Matt, nouvelle venue dans les recueils collectifs Antidata, nous offre quant à elle une insidieuse bascule fantastique qui n’aurait rien à envier à certains des textes les plus matois de Shirley Jackson (« Heart trouble »).



Antonin Crenn, dont nous avions tant apprécié ces dernières années « Passerage des décombres », « Le Héros et les autres », « L’Épaisseur du trait » ou encore « Les Présents », nous propose une synthèse largement extraordinaire de physique théorique de la reproduction cellulaire et de mysticisme religieux autour de la claustration et, donc, de l’attente, condensant en quelques pages certains angles morts laissés ailleurs par « Du domaine des murmures » de Carole Martinez ou par « Quand sort la recluse » de Fred Vargas (« Alix ne fait rien »).



Nous avions adoré aussi les « Capsules » de Benjamin Planchon en 2018, et davantage encore son « Domaine des Douves » de 2022. Il nous invite ici à accompagner dans sa tâche l’auteur d’un projet littéraire très particulier (en tout état de cause, audacieux, voire sans-gêne, voire intrusif, mais pouvant semble-t-il passer crème sur un malentendu), projet où le hasard comme la nécessité, au même titre que la patience et le sens de l’observation, doivent pleinement jouer leur rôle (« Fauteuil club »).



Amélie Hamad, autre nouvelle venue chez Antidata, met en scène un arbre centenaire à la patience logiquement infinie pour proposer une fable d’une extrême cruauté, où l’ennui et l’attente d’autre chose jouent pleinement leur rôle de déclencheur tragique, en une narration pourtant joliment dépourvue de tous effets spéciaux effrayants. L’abîme s’ouvre sous le seul choc sourd du sens des mots adolescents (« Le poirier »).



Stéphane Monnot, que nous avions jadis rencontré notamment à Séville, un funeste soir de 1982 (« Noche triste »), côtoyé dans de grands espaces de l’Ouest américain (« Ici-bas ») et croisé avec joie dans les recueils collectifs « Petit ailleurs », « Terminus », « Version originale » ou « Jusqu’ici tout va bien », pour n’en citer que quelques-uns, offre un rôle en or, et pour le moins inattendu, à un gastéropode sans coquille, et concocte un cocktail robuste et hilarant à base de whisky « digne d’un roman de Manchette, de blanquette de veau familiale et de perspective d’un footing matinal, entre autres ingrédients étonnants (« Juliette et la révolution »).



Véronique Emmenegger, découverte elle récemment chez Antidata, avec sa belle novella « Dans ta sévère fontaine », développe, dans l’enfer moite d’un after où les repères flottent puis se perdent, la langue nécessaire pour traduire le couvercle des stroboscopes, le harcèlement multi-sources qui menace et la possibilité d’un sauvetage pour le moins inespéré, mais d’une réconfortante beauté rugueuse (« Distillation de la rosée »).



C’est grâce à Jean-Luc Manet que j’ai découvert, il y a maintenant quelques années, les éditions Antidata (« Haine7 »). Depuis, ce rocker au cœur tendre et à l’humour ravageur a su entre autres inventer un héros presque récurrent qui m’est particulièrement cher, ex-libraire du 12ème arrondissement parisien devenu clochard après avoir fait faillite (« Trottoirs » et « Aux fils du calvaire »). Ici, il met un tueur à gages au repos forcé, en une sorte de parenthèse balnéaire inattendue – et dont l’issue sera plus surprenante encore. C’est logiquement gouailleur et curieusement enchanteur (« Bras armé, bras ballants »).



On n’a plus guère besoin de présenter Gilles Marchand que l’on suit ici quasiment depuis « Dans l’attente d’une réponse favorable » (2011) chez Antidata qu’il anime avec Olivier Salaün. On apprécie ici la finesse rêveuse de ses romans « Une bouche sans personne », « Un funambule sur le sable », « Requiem pour une apache » ou plus récemment « Le soldat désaccordé », ainsi bien entendu que celle de ses nouvelles, au sein des recueils collectifs Antidata ou dans le recueil si joliment nommé « Des mirages plein les poches ». Ici, il imagine un citoyen ô combien respectueux de la règle et de la loi, incarnée par un feu tricolore dans un environnement pourtant résolument désertique. Ce qui s’ensuit vaut tout le détour, pince-sans-rire, poétique et savamment onirique (« Feu rouge »).



Olivier Boile, qui est sans doute le seul auteur officiellement et majoritairement étiqueté auteur de fantasy parmi les participants des recueils collectifs Antidata (on se souvient bien néanmoins de son « Vengeur du peuple » dans « Jusqu’ici tout va bien ») imagine une délicieuse mini-uchronie dans laquelle la guerre de Troie ne s’est pas déroulée tout à fait comme cela nous a été raconté, et dans laquelle on en apprend un peu plus sur le pourquoi de ce storytelling bien avant la lettre (« J’étais souverain de Mycènes »).



Pour conclure un recueil consacré au « Stand-by », quoi de plus satisfaisant qu’un profond clin d’œil au maître lui-même de l’attente sous toutes ses formes, le grand Samuel Beckett ? Benoît Camus, dont on se se souvient avec joie du « Réveil du nain de jardin » dans « Petit ailleurs » ou du « Ailleurs, les murs sont moins gris » dans « Parties communes », s’acquitte de cette dette morale au fond tout à fait réjouissante en imaginant un affût à la Godotte (que l’on attend donc), créature qui prend ici des allures à la « Palafox » d’Éric Chevillard, mais dont la traque immobile prendra peut-être un tour bien différent (« Godotte »).
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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

Je remercie les éditions Antidata et Babelio pour l'envoi de ce super recueil de nouvelles.



J'ai adoré la présentation des nouvelles sur le thème de l'attente. Chaque nouvelle est annoncée par un ticket numéroté, puis un bref point sur l'auteur, ses œuvres suivi du temps de lecture de chaque nouvelle sous l'intitulé temps d'attente ainsi que le sujet général par le bureau concerné. C'est très sympa et adapté à la thématique.



Les nouvelles sont plutôt courtes et plaisantes. Certaines sont plus rythmées et présentes une chute par lesquelles j'ai été plus séduites. C'est affaire de goût.



En bref un format adapté que l'on emporte partout. Des nouvelles courtes adaptées à la lecture rapide pour s'occuper agréablement partout où l'on vous fera attendre.

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Douze cordes

Un grand merci aux éditions aNTIDATA que je ne connaissais pas pour la découverte de ce recueil de douze nouvelles en lien avec la musique.



Douze cordes, donc, douze nouvelles.

Douze histoires.

Douze auteurs, douze univers.

Douze débuts et douze fins, douze fois plus de chances d'être surpris, ému, charmé ou amusé.

Douze occasions de se demander pourquoi je ne lis pas plus souvent de recueils de nouvelles !



Le lien avec la musique (le sous-titre stimule bien "douze nouvelles musicales") m'a forcément enthousiasmée, et en tant que musicienne professionnelle j'ai vraiment apprécié la place qui lui est donnée. Ou devrais-je dire "qui leur est donnée", car entre musique classique, rock, variété française ou internationale, musique de rue et flamenco, ce recueil sonne comme un véritable jukebox ! Chaque auteur dresse d'ailleurs en ouverture de nouvelle sa propre playlist, et ces douze invitations à découvrir la musique, les musiques, révèlent de sacrées pépites !



J'ai beaucoup aimé le style personnel de chaque auteur et leur manière de happer l'attention en quelques pages. Mention tout particulière pour la nouvelle "la faucheuse n'aimerait pas les aubades ?" de Bertrand Redonnet, ou la musique semble défier la mort.

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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

Il n'y a pas très longtemps, j'ai eu besoin d'appeler une plateforme qui gère un service que ma banque ne gère pas en direct avec ses clients, j'ai donc appelé ce fameux service et je suis tombée sur une nénette incompétente, désagréable, qui s'est contentée d'en faire le minimum, résultat je n'ai rien reçu de leur part,10 jours plus tard, j'ai donc été obligée de rappeler ce fameux service, avec l'angoisse de revivre ce que j'avais déjà vécu et là euréka, je tombe sur une fille super compétente, agréable, à l'écoute et qui s'aperçoit que je ne risquais pas de recevoir les documents car après vérification, ils ont fait des erreurs sur nos deux dossiers (mon mari et moi), le code postal (inversion entre celui du travail et celui du domicile), sur l'adresse mail (même adresse mail renseignée pour mon mari et moi, donc inefficace et inactive) et sur le lieu de naissance de mon mari (ville du lieu de travail au lieu de celui de naissance), elle a tout rectifié, m'a certifié que tout était dans l'ordre et que j'allais donc recevoir prochainement mes identifiants et mon mot de passe provisoire pour courrier. Suite à mes appels, une société externe m'appelle en me demandant si j'acceptais de répondre à leur questionnaire de satisfaction suite à mes échanges téléphoniques, et là, j'explique à la personne que j'ai eu deux expériences contraires et que la première mérite un 2 sur 10 (elle a quand même décroché le téléphone et dit bonjour) et un 10 sur 10 à la deuxième que je n'avais eu au téléphone que quelques jours plus tôt sans avoir pour le moment reçu les documents demandés. L'enquêtrice me dit de faire au mieux dans le choix de mes notes accordées à toutes les questions qu'elle allait me poser et qu'elle ne pouvait pas distinguer les deux personnes, avec pour réponse soit les fameux très satisfait, satisfait, insatisfait etc ou une note de 0 à 10, difficile pour moi de répondre de façon correcte, je me suis donc contenter de mettre des 5 ou 6 sur 10 ou des satisfait ou pas tout à fait satisfait, j'ai donc fait monter la moyenne de la personne incompétente et sabrer celle qui était au top, j'ai d'ailleurs ressenti plus de remords pour la seconde que de déception pour la première et bien ce recueil de nouvelles m'a donné cette même impression, des très bonnes nouvelles et d'autres dont je me serais bien passé de lire, d'où ma note de 3 sur 5, qui ne reflète pas du tout mon ressenti puisqu'au final, je les ai soit trouvées mauvaises soit efficaces mais jamais moyennes.



PS : J'ai reçu mes documents rapidement, donc la deuxième personne était vraiment compétente jusqu'au bout et méritait un 10 sur 10.
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Le silence des chrysanthèmes

En quatrième de couverture, il est écrit : « Redonnet, tout le monde s'en fout ». C'est étrange, non ? Mais au départ c'est bien ce que j'ai pensé, oui, Redonnet, tout le monde s'en fout, alors pourquoi prend-il la peine d'écrire une autobiographie. Car c'est une biographie que je viens de lire, en étant très sceptique pendant les premières pages. Mais au final, quel livre étonnant ! Merci Bug édition de m'avoir fait découvrir cet auteur.

Si j'ai eu beaucoup de mal à le commencer (simplement parce que la police de caractère est un peu petite et donc inconfortable) et si j'ai dû le lâcher quelques jours à regret par manque de temps, j'avais vraiment eu hâte d'y revenir.

Roman ou autobiographie ? L'auteur se raconte dans ce livre, mais il raconte avant tout la vie en France à une époque pas si lointaine qui semble disparue depuis longtemps. J'ai trouvé dans ses souvenirs de vie une époque révolue, celle de mes grands-parents, arrière grands parents, dans la campagne du sud-ouest. Pas la même que celle de l'auteur, bien sûr, dans mes souvenirs se mêlent plusieurs enfances, celle de mon père, la mienne, tous ces souvenirs ont été ravivés par les lignes magnifiquement écrites par cet auteur. le lecteur le suit au long des pages de son enfance, lui qui est parti loin de chez lui, Loin des siens aussi, n'ayant pas revu ses frères, sa région, mais toutes les émotions, les colères, les parfums, les lumières lui reviennent et il sait les transmettre avec une écriture musicale, colorée, gracieuse presque. J'ai vraiment apprécié le style de cet auteur que je découvrais avec ce roman.

Il nous parle de son enfance, de sa vie, et en parallèle nous le rencontrons enfant, alors qu'un homme arrive à la ferme et qu'il l'aborde sans que cet enfant ne comprenne bien pourquoi. Et ne comptez pas sur moi pour vous le dire. Ces deux « instants » se déroulent en alternance dans le récit. Il n'y a pas beaucoup d'animation, d'intrigue, mais il y a la vie, une famille, une mère à la personnalité singulière qui ne peut pas coller aux stéréotypes de son époque, tout ce qui fait sans doute que l'auteur est lui-même quelque peu singulier. Il y a une mélodie dans ces mots, celle de l'enfance, de la famille, du regret ou du plaisir, des interrogations, il y a la vie en somme.

C'est superbement écrit, on plonge dans l'époque, dans les souvenirs, comme s'ils nous appartenaient. Par moments j'ai regretté qu'il n'y ait pas vraiment d'intrigue, que ce ne soit pas simplement un roman, car je suis sure qu'il y avait de la matière dans cette vie pour en faire un roman. Mais malgré ces très courts moments j'ai largement apprécié, c'est une bien étrange et intéressante découverte.




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Douze cordes

Merci à Babelio et aux Editions Antidata de m’avoir sélectionnée pour la lecture de cet ouvrage collectif sur le thème de la musique. Le recueil de nouvelles est une spécialité de cette maison d’édition dont le nom laisse à penser qu’elle aime emprunter des chemins de traverse plutôt que suivre des sentiers battus.

Chaque nouvelle est précédée d’un court paragraphe de présentation de son auteur, mais aussi, plus original, d’une liste de dix titres de musique qui lui sont chers et qui en disent peut-être davantage sur lui/elle – ce que croit l’éditeur - qu’une biographie détaillée. J’avoue ne pas encore avoir pris le temps de les écouter mais j’en connais un certain nombre.

Ces douze « cordes » sont assez différentes les unes des autres, par le thème et le style d’écriture. Parfois, la musique est le point central de la nouvelle, parfois, c’est juste une touche posée là, ce qui a pu me donner l’impression que certains auteurs s’étaient livrés à un exercice imposé et avaient cherché à caser un élément en rapport avec la musique dans leur texte ; j’ai alors trouvé cela artificiel.

Celles que j’ai préférées sont les plus classiques dans l’écriture (Un café et une guitare, Sixième bleue, Armor- Andalousie et Ce que tu fais est merveilleux). J’y ai trouvé de l’humour, de l’originalité, une écriture fluide, du rêve et un côté touchant.

Comme d’habitude, je n’ai pas apprécié celles dont le langage était trop familier voire grossier : pour moi, il s’agit là d’un signe de faiblesse. Et d’autres m’ont laissée indifférente.

Je pense que les Anglo-Saxons maîtrisent davantage ce format que les Français. Mais je vous laisse juges !

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Zozo, chômeur éperdu

Zozo, chômeur éperdu de Bertrand Redonnet

Zozo est un petit homme qui n’aime pas travailler et préfère chasser, parler à son cochon Pinder et raconter ses histoires avec son brin de fantaisie. Il se complait dans sa paresse et veut profiter de son temps libre tranquillement.

L’auteur décrit de façon magnifique quelques moments du village avec humour et quelques expressions « locales ». Il décrit son personnage central de manière burlesque et situe cette histoire avec quelques faits historiques comme les accords d’Evian ou la déclaration de 1958 de De Gaulle.

C’est charmant à souhait. On rit de ce Zozo et de sa famille avec les autres villageois à chaque fois que Zozo est tourné en dérision. Une petite fable plein de fraîcheur même si on se pose des questions à la fin (!).

Qu’est-ce qu’on aimerait être parfois comme ce Zozo et disposé librement de son temps !

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Le silence des chrysanthèmes

On dit que chaque livre a une odeur, « Le silence des chrysanthèmes » de Bertrand Redonnet, sent bon la campagne, celle du foin coupé, celle des arbres aux multiples senteurs, celle d’un labeur d’antan avec ses difficultés mais avec le souffle de la liberté.

L’auteur relate son enfance poitevine et chaque chapitre se termine par le récit progressif d’un fait marquant sa jeunesse : l’homme aux cordes… Troublant et il ne faut pas longtemps au lecteur pour deviner son identité révélée à la fin. Un milieu paysan, une fratrie conséquente et pour diriger le tout, une femme, une maitresse-femme avec ses convictions, ses idéaux, sa ligne de route et son refus de se plier aux injonctions d’une société en évolution.



Scènes touchantes de la vie d’autrefois avec des anecdotes qui font alternativement sourire et moins sourire. Comme la vie. Des réflexions personnelles dans un environnement que l’on aimerait parfois façonner selon ses sentiments mais le destin en décide autrement.





C’est que le petit Bertrand n’est pas un enfant, un adolescent, un adulte comme un autre. Il a une passion, la lecture et dans cet univers champêtre, l’incompréhension règne autour de lui. Mais son envie infinie de lire, de connaître tout est une arme redoutable pour affirmer tout de même sa présence. Et pour nous, de savourer aujourd’hui une saga extraordinaire de gens que l’intelligentsia a trop tendance à considérer comme ordinaire…

Les plus âgés se remémoreront leur jeunesse, les plus jeunes découvriront un autre temps, voire une autre planète, depuis l’eau en a parcouru du chemin le long des ruisseaux, tant que la plupart se sont asséchés… par manque d’entretien, d’attention et parce que la main de l’homme a détruit ce que la nature avait savamment construit. Un livre écologique ? Non, en aucun cas, un livre seulement authentique et c’est déjà beaucoup.





La nourriture qui accompagne ce fond de campagne est fort riche : de la poésie, une syntaxe élaborée, un franc-parler (bien qu’arboricole votre serviteur noisette cette anti-langue de bois) et que de scènes cocasses et touchantes (l’épisode de la voiture ferait éclater de rire le croque-mort le plus sinistre), du piquant et de l’humour avec quelques tournures stylistiques que je vais inscrire sur mon noisetier.

Car franchement et contrairement à ce qu’il prétend, de Bertrand Redonnet, on ne s’en fout pas du tout…

« Chaque homme promène en lui la dualité d’un soleil de minuit. Il est à la fois aurore et crépuscule »
Lien : http://squirelito.blogspot.f..
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Douze cordes

Douze nouvelles sur le thème de la musique, un recueil à lire absolument jusqu'au bout pour lire la dernière d'entre elles "Armor - Andalousie", et voir et entendre la guitare dans un creux de sable de la plage.



Le schnark de Levallois, un papy qui fait de la résistance avec une guerre de décibels contre la destruction de son quartier, est également délectablement jouissif, comme un poème sonore.



"... ils ont monté le son, leur puissance de feu va augmenter. Je change mon fusil d'épaule, stratégie de 15h :

Contre les marteaux hydrauliques, j'ai un hymne armure.

Contre les recycleurs, une clameur cotte de mailles.

Contre les niveleuses, une beuglante bouclier.

Bonzaï ! MUSIQUE !"



Un petit recueil qui fait du bruit :-)
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Douze cordes

12 belles nouvelles sur la musique, dont quatre hors du commun, incluant un vrai chef d'œuvre.



Beau recueil de 12 nouvelles publié en 2010 par les éditions Antidata, sur le thème de la musique, dans lequel on découvrira entre autres ce qui est vraiment arrivé à la Sheena des Ramones ("Hamburger chéri", Cécile Coulon), les terribles ratiocinations de comptoir d'un clochard qui fut ou ne fut pas musicien ("Un café et une guitare", Gilles Marchand), un instantané de vie au sein d'une fanfare de village ("Le trombone en or", Christophe Ségas), la fragilité résignée des amours enfantines, même cristallisées par Christophe ("Sixième bleue", Olivier Salaün), le pouvoir séducteur de la musique et ce qui doit être fait pour le défendre ("Tout ce que tu fais est merveilleux", Charlotte Monégier), ce que peut déclencher une musique d'ascenseur dans certaines conditions ("35", Amandine Bellet), le pouvoir de la foi en la musique sur la longévité ("La faucheuse n'aimerait pas les aubades ?", Bertrand Redonnet), ou encore les abîmes que peuvent ouvrir certaines musiques sérielles ou industrielles ("Un crime parfait", Christophe Despaux).



Quatre nouvelles, pour moi, atteignent l'exceptionnel :



- Ludmila Safyane ("Sur un air d'Elena") met en scène une belle obsession des stars, et ses développements étonnants.

"Quand j'y repense aujourd'hui, je me dis qu'elle m'aimait, c'est sûr. Un peu, sans doute. Beaucoup, peut-être. Mais pas à la folie. Elena était un peu folle, mais pas de moi. Incapable d'être dingue du réel, des choses à sa portée, des gens qu'elle côtoyait, elle ne s'intéressait pas vraiment au quotidien. Son extravagance ordinaire la poussait à adorer régulièrement des êtres inaccessibles dont elle feuilletait les légendes dans des revues colorées. Elle ne pouvait aimer démesurément qu'un demi-dieu, ce que je m'efforçais d'être jusqu'à l'épuisement."



- François Martinache ("Armor - Andalousie") nous fait toucher de l'oreille et du doigt la fenêtre qu'est la musique et l'air frais qui peut s'y engouffrer à tout instant, même dans une vie bien fatiguée.

"Il accorde son instrument avec soin.

Puis il se met à jouer. Mes pensées, à nouveau dirigées vers mes déboires professionnels du jour, sont ramenées illico sur la plage où le guitariste accélère le rythme. En quelques cordes pincées, son flamenco m'emporte.

Pour avoir beaucoup fréquenté les salles de concert, de rock ou de jazz, étant plus jeune, je peux simplement dire que ce type-là a du métier. Et de m'interroger : depuis combien de temps n'ai-je pas assisté à un vrai concert ?"



- Scarlett Alainguillaume ("Le seuil (variation sur Free Bird)") nous montre en quoi une chanson-culte de Lynyrd Skynyrd, et au delà, toute musique rock, n'est pas simplement une métaphore, mais un appel permanent au choix, ou au renoncement.

"Il a trente ans aujourd'hui, c'est la limite qu'il s'était fixée. Il a besoin de temps et d'espace pour composer. Il boit sa première gorgée de café. Pour se donner du courage, il met "Free Bird" sur son iPod. "If I leave here tomorrow, will you still remember me ? For I must be travelling on now, 'cause there's too many places I've got to see". "



- Malvina Majoux, enfin, ("Le Schnark de Levallois"), met en musique, tonitruante et désespérée, la lutte d'un retraité contre les promoteurs immobiliers et leurs équipes de démolition, à Levallois. Une courte mais véritable saga aux tonalités agratesques par moments, qui fait aussi songer à la mythique "Guerre des pommes reinettes" de George Mac Beth.

"La déflagration du chantier le suit de quelques secondes.

Cher carnet de guerre, ma déposition du jour : à 8 h, le citoyen Jean a été frappé simultanément en ses deux oreilles par l'ouverture du chantier perpétrée tous les matins depuis 3 ans, 6 mois et 13 jours. Point point point. 1288e jour de détention pour les habitants du feu quartier non décrit ci-après car kaput. Préparé à cet assaut quotidien, l'homme porte un casque de chantier en son salon, sa bonbonne d'oxygène sur le dos, ses épaulettes-dentiers, ses grelots aux chevilles, une guimbarde dans sa poche revolver et dix dés à coudre au bout des doigts. Passage des munitions en revue : 53 chansons. Il attend un arrivage d'ici ce soir."

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Zozo, chômeur éperdu

Il n'a pas beaucoup de lecteur mais ce livre est une petite pépite, des images et des odeurs, pimenté par un bon argot local et surtout des portraits au vitriol ! À découvrir absolument !!

C'est léger en étant philosophique, c'est fin et subtil de sens derrière des grossièretés, c'est du bon humour noir et décalé comme je les aime.
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Douze cordes

Merci à Babelio et aux éditions aNTIDATA que je ne connaissais pas pour le livre "douze cordes" un livre de nouvelles.

12 nouvelles c'est 12 auteurs donc 12 découvertes,et 12 fois plus de plaisir.

En fait je connaissais Cécile Coulon...

12 auteurs se sont aussi 12 styles,12 sensibilités et 12 styles et je n'ai pas tout apprécié de la même façon....

Ce qui m'a plus dans ce livre c'est le thème commun,ici la musique, je devrais dire les musiques.

J'ai un vrai coup de cœur pour la nouvelle "Armor Andalousie",un vraie réussite,bien écrite.

Lors de la présentation de l'auteur il est très intéressant d'avoir leur Play list,j'ai aussi découvert de belles choses.

Un joli petit livre à partager .







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Le théâtre des choses

Dix nouvelles, rédigées d'une plume classique et soignée, quoique un peu désuète, avec une référence claire à Maupassant : un ensemble agréable à lire, entre Aunis et Saintonge d'un côté, Pologne de l'autre.



Des motifs récurrents se répondent d'une nouvelle à l'autre: la notion de confins, de frontières (l'orée des bois, la côte atlantique, le Bug, cette petite rivière de la Pologne orientale qui sépare l'Union européenne de la Biélorussie et du reste du monde) ; l'eau (des rivières, un canal, des marais de Vendée, glace ou neige dans les hivers polonais), l’Île de Ré et ses tempêtes ; l'effroi : un loup redoutable et d'une intelligence diabolique (réminiscence de la Bête du Gévaudan?), une vieille polonaise assassinée ; l'enfermement et la solitude : un moine s'enfuit de son monastère, un prisonnier à peine sorti de sa cellule retenu captif par la tempête sur l’Île de Ré) ; des forêts, des maisons forestières, le travail et le transport du bois, des grumes , la maisonnette de l'éclusier au bord du canal reprise par un juge à la retraite qui va semer la peur chez les pêcheurs illicites.



Chaque histoire offre un décor soigneusement décrit, des personnages croqués d'un trait précis, une chute inattendue avec un peu de fantastique (la dame blanche) et quelques traits d'humour.



Un bon moment de lecture. Juste un regret : l'auteur cite Le distrait comme étant de Molière. Une distraction, sans doute...



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Zozo, chômeur éperdu

Ai pensé, avant d'y entrer, à Alexandre le bienheureux, même registre pour le côté dru, paysan, mieux traduit par les mots, mais en lisant : différence dans le refus du travail qui pour Alexandre est fuite devant tout effort, pour Zozo un recul obstiné, même quand maladroit, devant toute subordination, parce que s'active Zozo, et glorifie ses actes. Roi du chômage obstiné (et l'auteur spécifie bien que cela se situe à l'époque où il fallait se donner du mal pour l'obtenir ce chômage, où il n'était pas imposé comme en nos jours), mais aussi roi du mensonge orné, superbe, auquel personne ne croit mais que l'on savoure. De quoi entrer dans la légende, même petite, à son échelle.
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Polska B dzisiaj

voyage en Pologne, découverte des pans d'histoire souvent cruelle qui se superposent, et nourrissent toujours les campagnes à côté de la ruée dans notre modernité consommatrice, et la vie lente dans son village perdu à l'Est du pays, où il est accueilli mais comme étrange étranger.

Les paysages et les gens, écrits sobrement, et la réflexion qui colore tout et sourt de tout. Le charme (au sens entier) et la découverte de ce que nous (je) connaissons si mal que presque pas.
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Stand-by : 12 nouvelles sur l'attente

J'ai découvert ce recueil de nouvelles suite à la masse critique Babelio. Ce qui m'a fait choisir ce recueil c'est clairement pour le format de nouvelles que j'apprécie de "picorer" çà et là au fil des soirées, le thème que je trouvais intriguant et la maison d'édition que je ne connaissais pas encore.. J'en ressors mitigée sur le contenu avec des nouvelles que j'ai apprécié en adéquation totale avec la thématique et d'autres nettement moins pour lesquelles je n'ai personnellement pas accroché. J'ai trouvé que le ton global était assez morose et c'est sans doute ça qui m'a déplu.



Sur le format de l'édition en elle-même j'ai été agréablement surprise par la mise en page et le petit format facile à transporter dans les moments d'attente justement !
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Le théâtre des choses

Merci à Babelio et aux éditions Antidata pour cet ouvrage reçu lors d'une masse critique.



"N'est pas Maupassant qui veut"... Le décor est posé.

Et quelle importance pour le décor dans ces nouvelles ! Tantôt plongé au cœur de la forêt enneigée au confins de l'Europe de l'Est, tantôt dans un paysage plus familier, celui de l'ouest de la France, au bord de l'océan Atlantique (voire même sur une île...).



Avec une plume qui m'a particulièrement plu, l'auteur se rapproche à mon goût plutôt d'Alan Poe que de Maupassant, pour le caractère parfois "horrifique". Les nouvelles sont juste suffisamment courtes pour tenir en haleine sans lasser, bien que certaines fins soient un peu abruptes. Cela étant, c'est un point que j'ai finalement apprécié, car la nouvelle continue alors de s'écrire en nous-même, avec la suite qui nous (en)chante.



Un plaisir de sentir la forêt noyée sous la neige alors qu'on lit près d'un feu, en hiver ; un agréable voyage, sans frais ni émissions de Co2 !
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Le théâtre des choses

Du marais poitevin jusqu’aux frontières orientales de la Pologne, voici un recueil de nouvelles qui invite au voyage, puis, … on hésite. Pas toujours des contes, souvent des textes de commentaire sur la vie, le tout d’un auteur français installé aux bords du Bug, rivière-frontière avec la Biélorussie. Une réflexion sur l’écriture et des fresques de paysages à travers ce que l’auteur appelle ‘une sobre description’ de lieux et des gens qui les habitent.

Livre que l’auteur qualifie à un moment de texte ‘bâtard’, jugement sévère, même si les émotions se suivent dans un désordre qui n’est pas toujours joyeux, surtout dans l’ambiance lourde de la forêt polonaise, scène qui domine les nouvelles nombreuses consacrées à ce pays.

Beaucoup d’écrivains se prennent sans doute très au sérieux. Il se peut que Bertrand Redonnet n’en soit absolument pas un. A-t-il un éditeur qui pourrait le guider vers la création d’un livre majeur dont les prémisses semblent cachées dans ce recueil ? Les hésitations, entre fiction et récit, entre France et Pologne, enlèvent quelque chose à un talent dont on aimerait entendre davantage. En attendant, il est comme avalé par la forêt de la vallée du Bug. Étrange destin de cet auteur et de son œuvre de 2011.

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Le théâtre des choses

Livre reçu via l'opération MASSE CRITIQUE



L'art de la nouvelle est chose ardue. L'auteur s'en sort plutôt bien. Ce recueil de 10 nouvelles situe leur "action" entre l'ouest de la France et le Pologne.



Si je mets "action" entre guillemets, c'est que il ne faut pas prendre ce mot au pied de la lettre. Point d'actions rocambolesques, point de dialogues vivants. La 4eme de couverture annonce bien la couleur de ce recueil :



" Etrange destin que celui des personnages de ces nouvelles : ils font à ce point partie du paysage que celui-ci finit par les avaler."



En effet, le paysage devient le personnage omniprésent de ces textes. On entre en lecture avec la lenteur de mouvement du paysage. On se sent aspiré par celui-ci.



Quelquefois, peut-être trop ? Il faut pour certains textes accepter de s'accrocher aux branches pour entrer dans le paysage qui ne se dévoile pas si facilement que cela.



Mais ce recueil offre de belles promenades au pas lent, parfois teinté d'humour.
Lien : http://citajourdesyldia.cana..
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Zozo, chômeur éperdu

drôle haut en couleur mais pas forcément très bien écrit
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