grinçant de ses appareils orthopédiques et pesant un peu plus lourdement sur sa canne, Méressiev, qui sentait la fatigue le gagner, remontait la rue Gorki et cherchait d'un œil étonné les trous béants, les maisons soufflées, les chaussées effondrées et les fenêtres défoncées. Il avait vécu sur l'un des aérodromes de campagne les plus avancés vers l'ouest : il ne se passait guère de nuit qu'il n'entendit, au dessus de son abri, les vagues de bombardiers allemands se succéder en passant vers l'est.
Surmontant la peur instinctive qui s'était emparée de lui, Tarakoul , l'œil rivé au viseur de la mitrailleuse, commença par courtes rafales à faucher les Allemands qui filaient dans la rue. Ceux qui s'étaient retranchés en face, ouvrirent le feu. Mais, derrière le briquetage, Tarakoul se savait invulnérable. Et parce que les balles de mitraillette, soulevant de petits nuages de plâtre et faisant ricochet avec des sifflements suraigus ne lui faisaient aucun tort, sa peur s'évanouit.
Les hommes soviétiques, inspirés par l'idéal du communisme, atteignent au sommet de la grandeur aussi bien dans le travail que dans les combats... Quelle diversité infinie de caractères offre à l'écrivain notre vie soviétique !.. C'est un immense bonheur d'être écrivain au pays du socialisme.
Préface de Boris Polevoi, 1950.