Les enseignants attribuent la réussite des filles à leur travail et à leur conformisme (les filles "font ce qu'elles peuvent"), quand celle des garçons est associée préférentiellement à leurs capacités intellectuelles. Les garçons sont souvent considérés comme "sous réalisateurs" (ils ont des moyens, mais ne travaillent pas assez, ils "ne font pas tout ce qu'ils peuvent"). Plus tard, cette idée se retournera contre les femmes adultes : on considérera qu'elles ont atteint le maximum de leur potentiel, tandis que les hommes ont encore des réserves. page 31
Plus on monte dans la hiérarchie, plus les bureaux sont grands (...).
Or les femmes occupent moins d'espace (...). Surtout, elles adoptent des positions bien plus tendues que les hommes. Dans les transports publics, il est frappant de constater que la majorité des femmes croisent les jambes, tandis que la plupart des hommes ont les pieds bien à plat et les jambes légèrement écartées lorsque la place le permet (et même si elle le permet à peine, d'ailleurs). page 77
Nous sommes une espèce grégaire et il est donc très important pour l’enfant de développer une connaissance approfondie des règles qui régissent la vie en société. En grandissant, il cherchera à comprendre comment fonctionnent les groupes dont il fait partie, quelle est la place de chacun, quelle est SA place.
Certains hommes commencent à y trouver quelque intérêt, car il ne s’agit pas seulement d’éliminer la domination des hommes sur les femmes. Ils trouvent des avantages à sortir de ce que l’on appelle « la masculinité hégémonique », qui les oblige notamment à ne jamais perdre la face. Comme disait Bourdieu : « Le dominant est dominé par la domination. »
Pour tous, le sujet est un sujet de femme [l'égalité]. Logiquement, on s'est donc intéressés à l'éducation des filles : comment leur donner la possibilité de choisir plus de métiers, de gagner plus, de s'imposer, de se délivrer d'une partie des tâches ménagères. C'était d'ailleurs dans la droite ligne de ce qui se faisait depuis deux siècles : les manuels d'éducation pour fille étaient alors légion, mais on n'en trouvait pau sur l'éducation des garçons. L'éducation à la masculinité semblait aller de soi : il suffisait aux garçons d'être ce qu'ils étaient ! Elle était finalisée et validée lors du service militaire.
Et comme vous le savez, ces voies représentent des sources d’inégalités fortes au détriment des femmes. On sait bien, désormais, à quel point elles sont pénalisées : leurs revenus sont moindres, leurs métiers sont dévalorisés, elles supportent la plus grande part des travaux domestiques et risquent davantage de subir des violences sexistes. Mais les hommes n’ont sortent pas indemnes : ils ont une espérance de vie moindre et sont davantage sujet aux accidents.
[...] la petite fille en colère saura très vite que cette émotion n’est pas adéquate. Il est même possible qu’elle ne la reconnaisse pas. Beaucoup de femmes pleurent plutôt que d’exprimer leur colère dans des circonstances qui le justifieraient, car elles n’ont pas conscience de cette émotion sous-jacente. Les hommes, à l’inverse, montreront de l’agressivité, de la colère ou de la prostration plutôt que d’exprimer la colère ou la peur.
Le but n'est pas de supprimer les différences, mais de réfléchir à la façon dont nous poussons nos enfants à adopter des comportements socialement sexués, qui n'ont pas grand chose à voir avec leurs organes génitaux. Qui plus est, ces injonctions engendrent des destins différents et constituent de véritables pertes de chance pour certains enfants, condamnés à vivre des voies toutes tracées selon leur genre.
Ce n’est que depuis 2 ou 3 ans que commence à se poser vraiment la question de l’éducation des garçons […]. En effet, être un homme n’est pas une personnalité par défaut. Si l’on ne reçoit pas un certain type de socialisation, on ne deviendra pas un homme selon l’acceptation de notre société.
Et si nous pensons que notre petite fille aime être jolie, nous la féliciterons lorsqu'elle sera bien apprêtée et aurons l'impression de lui faire plaisir en lui proposant de jolis accessoires. Elle fera ainsi tout pour paraître jolie.