Il y a des regards qui portent trop de malheur, trop d'injustice, pour qu'on cherche à les soutenir.
Susan les surveillait de loin, veillant à ce que ses enfants ne manquent de rien. La télévision, toujours allumée, lui livrait le prêt-à-penser qui les rendrait heureux.
La tunique de la malchance collait à la peau de Clive, cette poisse dont on ne se défait pas et qui invite les gens heureux à passer leur chemin.
En fait, les fils de fer barbelés du camp franchis, il n'y a plus de sécurité, plus de contrôle, juste des rizières, des prairies, des collines, la jungle, et l'ennemi insaisissable qui nous cerne, nous observe. Il est partout, mais invisible. Nous évoluons dans une "zone de sécurité", c'est le nouveau nom des "zones de feu à volonté". L'expression ne passait pas au journal télévisé de dix-huit heures trente. Elle donnait mauvaise conscience au pays et lui coupait l'appétit à l'heure du dîner.
Ce type est toujours là pour tendre la main à ceux qui sont tombés dans le fossé, le problème c'est que c'est lui qui les y a poussés.
J’aimais écrire, Monsieur Leenard m’y avait encouragé, mais jamais je n’aurais jamais imaginé l’importance des lettres.
Au Vietnam, il n’y a pas le téléphone, pas là où je suis sur le terrain. Le seul moyen d’avoir des nouvelles du pays c’est d’écrire et d’attendre des lettres. Nous les partageons, et souvent nous les lisons ensemble parce que toutes nous parlent de la même chose, du monde, du monde auquel nous avons appartenu et dont nous sommes à présent exclus. Les mots prennent une importance, une saveur, une valeur nouvelles, quand il ne restent plus qu’eux pour exprimer nos sentiments ; jamais je n’avais écrit à ma mère que je l’aimais. Pourtant les mots ne suffisent pas. Celle que j’aime, celle qui donne leur seul but à mes pas, celle dont mon casque porte le nom, sait « qu’on peut aimer quelqu’un pour ne pas avoir assez de mots pour l’exprimer » et malgré cela malgré le manque de mot, notre relation survit.
On n'accepte jamais la mort d'un enfant, ce sera toujours trop frais pour être tolérable ne serait-ce qu'un instant, on ne tourne pas de page et on ne refait pas sa vie. Ceux qui le disent vous mentent ou se mentent à eux-mêmes. Simplement on vit, parce qu'il n'y a que cela, vivre, c'est la seule acceptation qui vaille.
Tu as la chance d'avoir une petite amie, alors pense à elle à chaque instant. C'est elle qui te ramènera vivant.
Les mots prennent une importance, une saveur, une valeur nouvelles, quand il ne reste plus qu'eux pour exprimer vos sentiments ; jamais je n'avais écrit à ma mère que je l'aimais.
Le malheur vient de ce que nous n'avons pas fait.