Voilà une sortie qui me tentait énormément ! Un nouveau roman gothique, comme les éditions du Chat Noir savent si bien les choisir, avec un résumé intrigant, des mots-clés qui me parlent énormément comme « folie » et « botanique », ainsi qu’une superbe couverture sombre et baroque fleurie. J’ai dévoré ce roman ! Une fois commencé, difficile de s’arrêter tellement on est happé dans l’ambiance empoisonnée qui y règne.
La ville de Delphinium est en état de siège. Evelyn, puissante femme parmi un essaim d’hommes dans le milieu des affaires, envoie ses bateaux chercher de quoi ravitailler la ville. Mais elle va ramener avec l’un d’eux un bien étrange mal. Les corps s’accumulent sans qu’on ne sache ce qui cause la maladie, ni comment la guérir. Accompagnée de sa fidèle domestique Violetta et de l’officier Pollard, elle va tenter de trouver où le mal a planté ses racines…
Bien que de nature solitaire et réservée, constamment en habit de deuil, visage voilé de noir, Evelyn est une femme puissante. En plus d’avoir une main de fer dans le business, elle manie les secrets des plantes comme personne et prépare des médications pour les femmes en détresse, bourgeoise comme pauvre. Elle ne laisse cependant personne entrer dans sa bulle de confiance, se méfiant de tout le monde. Elle reste difficile à cerner, et sa paranoïa augmente au fil des pages : à qui peut-elle réellement faire confiance?
Au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans l’histoire, on en découvre les coins d’ombre, les sombres secrets cachés dans les replis noirs de la robe de deuil d’Evelyn. Après une vie d’épreuves difficiles qui l’ont laissée seule et sans famille, le destin ne semble pas vouloir la laisser en paix…ou alors mérite-t-elle cet acharnement ?
Ce roman est en huis-clos dans la ville de Delphinium. L’ambiance y est pesante. Les matières premières commencent à manquer, et pourtant, les habitants, surtout les bourgeois, tentent de faire comme si de rien n’était. La ville retient son souffle en attendant de connaitre son avenir. Le mal qui touche la ville ajoute à ce climat anxiogène, laissant derrière lui des cosses vides. Evelyn s’enferme pour sa part dans son manoir gothique, et plus précisément dans son jardin secret, serre aux milles espèces dont elle connait chaque pousse et ses vertus. Elle s’enivre des senteurs, se laissant porter par ses instincts botaniques. Ses plantes pourront-elles vaincre la maladie et sauver ceux à qui elle tient plus qu’elle ne veut le laisser croire ?
En plus de sa très belle couverture, le roman comporte à certaines fins de chapitre des illustrations de plantes en noir et blanc, comme elles sont présentées dans les ouvrages de botanique. Des fleurs parfois vertueuses, parfois empoisonnées… J’ai beaucoup aimé cet ajout visuel qui ajoute une petite touche désuète à l’objet-livre. Des détails qui se marient à merveille avec le récit rapporté.
Un roman sombre à souhait, où la folie se mêle à l’odeur empoisonnée des plantes du jardin d’Evelyn. Un étrange mal incurable, une ambiance anxiogène, une protagoniste solitaire et méfiante dont le passé s’effeuille au fil des pages : un doux poison à consommer sans modération !
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