Le projet est en effet né comme un manga illustré par Sinath. Entre la naissance du projet et la signature, l’évolution professionnelle et personnelle de Sinath a fait qu’elle s’est recentrée sur ses ambitions et univers artistiques et que le projet ne correspondait plus à ce qu’elle voulait y apporter. Entre-temps, la collection de light novel ayant été montée par Akata, nous avons tous convenu qu’y inclure Run Away permettrait de lui donner plus de profondeur et d’être en adéquation avec l’univers artistique de Sinath qui avait changé depuis les premières esquisses.
Disons qu’il y avait eu un gros travail préparatoire avant de se lancer dans l’écriture du scénario, donc visuellement, Lance et Vicky avaient été designés à partir de nos discussions et envies respectives, mais l’histoire n’était pas encore là. Je visualise beaucoup mes histoires avant de les écrire, donc le travail de Sinath m’a facilité les choses de ce côté-là. Son regard d’illustratrice qui s’attarde sur les détails ou les manies des personnages (tout ce qui peut se traduire par du visuel) m’a permis également d’étoffer nos héros. Mais sinon, le travail s’est essentiellement fait à distance.
Run Away est né avant Ashes falling for the sky, et le projet était un peu au point mort quand j’ai commencé à écrire avec Nine. Je pense qu’inconsciemment j’ai glissé des idées et envies sur ces thématiques d’un projet vers l’autre car je ne savais pas si on allait trouver la bonne formule pour faire avancer Run Away. Ce n’est pas tant l’attirance des contraires qu’on a cherché à souligner. Et d’ailleurs Vicky l’évoque au début du roman, c’est que parfois on passe plus de temps à souligner les différences que les points communs. Or que ça soit pour Ash et Sky, ou Lance et Vicky, les deux personnages se rapprochent parce qu’ils ont chacun leurs blessures, leurs secrets et que ça les pousse à agir de telle ou telle façon. Je crois que c’est les blessures psychologiques et les moyens de vivre avec ont motivé ces deux histoires.
Amener les ados à la lecture est une sempiternelle problématique qui tire grossièrement un constat sur la lecture chez les adolescents. Il y a vraiment beaucoup d’ados qui lisent et beaucoup qui écrivent aussi d’ailleurs. Dans tous les cas, si un lecteur découvre un vocabulaire contemporain dans un livre c’est qu’il a déjà pris l’initiative de l’ouvrir, donc je ne crois pas que ça soit un argument pour attirer. Pour moi, c’est plus un souci d’authenticité sur lequel je me focalise, surtout pour les dialogues ou éventuellement la narration à la première personne. Evidemment, je ne vais pas écrire une description de la même façon qu’un dialogue entre deux ados. Mais il faut que le lecteur puisse s’identifier aux protagonistes un minimum.
Donc à la base, l’étiquette manga du projet était avant tout destinée à pouvoir évoquer tout l’amour que Sinath et moi avons pour la culture nippone. On a forcément mixé cela avec notre identité, mais voilà, le mélange d’influences n’est pas une idée, c’est cela notre identité, on est le fruit d’une construction multiculturelle, que ça soit celle de la France, d’Hollywood ou du pays du soleil levant et bien d’autres encore.
Je serais bien incapable de vous parler du marché de la light novel au Japon et de ses aspirations, mais si on regarde la sélection éditoriale d’Akata concernant les light novels, on peut voir l’engagement des auteurs à aborder des thématiques sociétales très actuelles et très importantes. Avec Run Away, le challenge était de les évoquer tout en gardant l’esprit feel good et détendu de cette histoire qui se veut attachante et divertissante. Mais à un moment, on ne peut pas dépeindre de manière inconsciente un âge où il y a tant de problèmes et où on est le moins bien armé pour les résoudre. Je pense que la première volonté derrière l’évocation de ces thèmes c’est de dire « vous n’êtes pas seuls ». Pour le côté apprentissage, c’est délicat, car évidemment ce sont des histoires très romancées et la reconstruction psychologique ou les remèdes sont autrement plus faciles que dans la vraie vie, donc il serait fou de penser qu’il y a un apprentissage pur et dur à exploiter dans ces histoires. Mais je pense qu’elles peuvent faire naître un espoir et surtout amener les gens à réaliser et/ou à discuter.
Dans l’immédiat, je m’attelle à finir ma série vampirique Elvira Time dont le dernier tome doit sortir aux éditions du Chat Noir l’an prochain. Par la suite, j’ai deux projets dans la veine romantique que je voudrais lancer, je ne sais pas dans quel ordre, mais j’ai très hâte.
Hmm, livre je ne sais pas, mais des auteurs comme Mathieu Gaborit, Robin Hobb, Jules Verne ou Bernard Werber m’ont donné envie d’écrire.
La Nuit des temps de René Barjavel. Premier livre que je n’ai pas pu poser avant la fin.
Alors je relis rarement un livre, donc si on enlève les manuscrits lus et relus pour le travail, je crois qu’à titre personnel, c’est Le Grand Meaulnes d’Alain Fournier.
Récemment, La Passe-Miroir, tome 1 : Les fiancés de l`hiver parce que tout le monde m’en parle. Sinon Ma douce Audrina, parce que je suis sommé de le lire également.
Lisez Vincent Tassy !
Oh… J’ai été très déçu par Les Hauts de Hurle-Vent. Mais ça reste très subjectif comme jugement.
Il y a un passage de Frankenstein ou Le Prométhée moderne dans lequel je me reconnaissais pas mal : « Quelque chose vit en mon cœur que je ne puis comprendre. Je suis foncièrement industrieux, appliqué. […] Mais, en plus, il y a en moi un amour du merveilleux, une foi dans le merveilleux, qui s’intègrent à tous mes projets, qui me pressent de m’éloigner des sentiers battus […]. »
Le Secret du colibri de Jaye Robin Brown.
Découvrez Run Away de Mathieu Guibé et Sinath aux éditions Akata
Entretien réalisé par Nicolas Hecht
Retrouvez dans cette vidéo quelques témoignages d'auteurs ayant reçu le Prix Babelio lors des éditions 2022 et 2023 : Mickaël Brun-Arnaud, Claire Duvivier, Victor Castanet, Olivier Norek, Maxime Chattam, Mélissa Da Costa, Joris Chamblain et Mathieu Guibé. En 2024, ce Prix des lecteurs revient avec une nouvelle sélection de 100 titres, parmi lesquels 10 seront élus comme les meilleurs livres parus entre octobre 2023 et mai 2024. Votez du 12 au 28 mai pour vos favoris juste ici : https://www.babelio.com/prix-babelio Abonnez-vous à la chaîne Babelio : http://bit.ly/2S2aZcm Toutes les vidéos sur http://bit.ly/2CVP0zs Retrouvez nos rencontres passées et à venir, et inscrivez-vous juste ici : https://www.babelio.com/article/1939/Retrouvez-toutes-nos-rencontres-dauteurs-et-inscr Suivez-nous pour trouver les meilleurs livres à lire : Babelio, le site : https://www.babelio.com/ Babelio sur Twitter : https://twitter.com/babelio Babelio sur Facebook : https://www.facebook.com/babelio/ Babelio sur Instagram : https://www.instagram.com/babelio_/
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