Car les mots ont une voix, ils ont un grain - comme on dit le grain de la peau, bien sûr, mais aussi, au fond, comme on parle des fous, des marginaux: chaque mot est un original, une pièce unique. La lecture consiste donc à palper ce grain, à entendre cette voix. Le lecteur déchiffre la langue avec sa sensibilité, sa raison, sa culture, mais aussi avec sa mémoire: les mots réveillent en lui des associations, des souvenirs, conscients ou non.