Camille Lavaud Benito

Sur tous les chemins, sur toutes les routes, des hommes et des femmes de toutes origines s’avançaient vers le maquis. On écoute en sourdine la radio anglaise, la radio suisse, puis Alger… Les pillards et les provocateurs au service des Boches trouvent devant eux les francs-tireurs et partisans français.

Quand d’autres travaillent dur, mangent mal, souffrent du froid, d’autres se délassent avec une satisfaction diabolique. On cohabite aisément, san trop se poser de question, autour d’un gargantuesque repas… Alors pourquoi ne pas pactiser avec l’ennemi.

Mon cher Élève, La Direction m’a remis, il y a quelques jours déjà, votre dossier, en m’informant que vous deveniez mon élève. Si j’ai tant tardé à vous adresser ma critique, c’est que j’ai dû garder la chambre. Rassurez-vous, je ne suis pas coutumier du fait, et dans l’avenir, vous recevrez régulièrement de mes nouvelles. Je veux dès maintenant vous souhaiter la bienvenue parmi mes élèves, vous assurer de mon entière sollicitude, et vous demander un peu d’attention. Je puis vous dire que votre envoi est d’une tenue assez remarquable. Pourtant, j’ai une critique à formuler, c’est celle qui s’adresse généralement aux architectes et aux dessinateurs industriels qui se lance dans le dessin artistique. Vous avez une bonne construction et cela, c’est l’essentiel. Par conséquent, c’est une affaire classée pour nous et je vais m’attaquer à l’écriture. Certes votre trait est pur, net, assez décisif, mais convenez qu’il manque d’expression.

Tu arriveras dans ce village de Dordogne, quels que soient le jour, l’heure. Tu te rendras au bistro le Coq, numéro 21, sur la place Clairat. Tu y rencontreras Claudette. Elle sera assise près du comptoir. Elle lira, ou bien elle fera une partie de rami. Tu lui signifieras la phrase : L’Alouette du Dropt voltige dans une mare de nouilles. Elle sera ton guide. Elle t’expliquera le déroulé des actions que tu devrais faire jusqu’à ce que tu rejoignes la ferme de M. Firmin, où tu seras employé agricole. Montre publiquement ton dévouement auprès du maréchal, même si tu le hais plus que tout. Ta vie deviendra souterraine.

Le gouvernement français, après avoir demandé l’armistice, connaît maintenant les conditions dictées par l’ennemi. Il résulte de ces conditions que les forces françaises de terre, de mer et de l’air seraient entièrement démobilisées, que nos armes seraient livrées, que le territoire français serait totalement occupé et que le gouvernement français tomberait sous la dépendance de l’Allemagne et de l’Italie. Beaucoup de Français n’acceptent pas la capitulation, ni la servitude pour des raisons qui s’appellent l’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la patrie. Il est par conséquent nécessaire de grouper partout où cela se peut, une force française aussi grande que possible… Moi, général de Gaulle, j’entreprends ici en Angleterre, cette tâche nationale.

Madame Lacombe, je suis honoré de la confiance que vous apportez à mon art, mon travail. C’est un accomplissement inespéré de figurer parmi vos artistes. Permettez-moi une faveur : serait-il possible de prendre le patronyme de Charles Fleurmont ?

Bah alors Cocotte ! C’est quoi cette ligne posée là, on ne comprend absolument rien. Ça perturbe la lecture dans son ensemble. Yvonne, qu’est-ce qui t’arrive ?

Mais il y a quelque chose que je déteste plus que tout. C’est qu’une femme me fasse de l’ombre. Je deviens hargneuse.

Il faut bien de temps en temps glisser un peu de vérité dans ce que l’on dit. – Louis de la Bardonnie

Joseph découvre avec effroi que l’appartement qu’il occupait gracieusement grâce à Irène Lacombe a été fouillé de fond en comble… ou presque… Il constate cependant qu’un rouleau de sept peintures, roulées, disposées sous le lit ont été omises. Il prépare à la hâte une valise et se rend aussitôt chez son ami Tamara. Mais qui à part Irène Lacombe, les Lottre ? Tamara et Gabor savaient où logent temporairement Joseph ? Joseph reste convaincu que cet acharnement ne peut être qu’une délation… ou bien la concierge ? Il décide de faire escale à la galerie pour prévenir Irène, mais… Du côté de chez Gabor, les hommes commencent le chargement d’une partie de sa collection d’œuvres. Ils en profitent pour ajouter au butin quelques mobiliers antiques ou trop modernistes. C’est à ce moment précis qu’il arrive non loin des lieux…