Citations de Carine Pitocchi (127)
Les gares... lieux à la fois étranges et magiques, où se nouent et se délient des amitiés, des amours, des histoires heureuses ou tragiques. Où les retrouvailles ont le goût du bonheur, et les départs celui, amer, des larmes.
La mémoire était ainsi faite : splendide dans sa douleur d'un temps passé à jamais révolu.
Les gens dont on peut voir les dents du bas quand ils sourient sont des personnes cruelles
Tous les mecs qu'elle avait eu l'avait toujours larguée. Elle avait essayé les beaux, les moches, les sportifs, les intellos, les populaires et les bolosses. Peu importait. A la fin, le résultat était invariablement le même. Elle se faisait à chaque fois plaquer.
Il fallait que je me regarde dans un miroir pour me souvenir que j’étais noir.
Ne sentez-vous pas l’odeur du bonheur absolu ?
Dans cent ans, la terre recracherait toujours des âmes mutilées.
Oh, cela oui, nous étions pauvres, pauvres mais heureux. Heureux et libres. Libres et fiers… Et cela était la plus grande richesse du monde.
Elle estima l'âge de ce Sloane. Autour des trente ans, trente-deux, trente-trois peut-être. Il lui faisait penser à l'acteur dans l'affreux film dont elle avait oublié le nom, où l'épouse du policier mourrait à la fin, tuée par un odieux malade s'obstinant à régler leur compte à des gens selon les sept péchés capitaux. Elle frissonna.
C'était une chose étrange et nouvelle, pour Jo qui avait toujours pu s'offrir tout ce qu'elle souhaitait, de manquer d'argent.
On l'escorta jusqu'à une ridicule salle destinée aux interrogatoires. Elle fit un rapide tour d'horizon. Une table en formica d'un rouge délavé, des murs jaunis, des prises électriques à moitié décrochées de leur support, les mêmes chaises inconfortables que dans le reste du commissariat : pas de doute, l'argent du contribuable ne profitait pas à la police.
- Un épisode de Mentalist, expliqua-t-elle. Patrick Jane démasque un garçon qui se fait passer pour un handicapé en trouvant Moby Dick chez lui. Il en déduit que, s'il peut lire Melville, c'est qu'il n'est pas ce qu'il prétend être.
Elle s'éloigna mais de manière à entendre tout de même ce qui se disait. Une habitude héritée de Gladys, qui considérait que laisser une petite oreille traîner ne pouvait pas faire de mal – un sage conseil qui, s'il avait été appliqué à Londres , aurait évité à Jo d'être cocue pendant neuf mois...
- Si seulement ils pouvaient trouver un nouvel os à ronger, pensa tout haut Lawrie.
- Je compte sur la famille royale, répliqua sérieusement Jo.
Les gares... Lieux à la fois étranges et magiques, où se nouent et se délient des amitiés, des amours, des histoires heureuses ou tragiques. Où les retrouvailles ont le goût du bonheur, et les départs celui, amer, des larmes.
St Mary Hill était un drôle d'endroit où tout le monde prenait soin de tout le monde sans que qui que ce soit ait quoi que ce soit à faire. Une sensation étrange s'empara de Jo, comme si, tout à coup, elle se sentait incapable de revenir à sa vie d'avant - celle, fade et impersonnelle, de Londres.
Dieu lui avait pris les deux femmes qu'il aimait le plus au monde, et Jo se demandait où il avait pu trouver la force de pardonner à ce Tout-Puissant qui avait une fâcheuse tendance à mettre à l'épreuve ceux qui le méritaient le moins.
- Franchement, je ne comprends pas pourquoi vous n'êtes pas revenus ici plus souvent. — Moi non plus, répondit sincèrement Jo. Il faut croire que ça arrive comme ça. Les jours, puis les mois passent, et un jour, tu comprends qu'il s'est écoulé des années. Des années que tu ne pourras plus jamais rattraper.
Sur le portemanteau, elle remarqua qu'il restait un de ses foulards accroché à une patère. Sans doute le dernier qu'elle avait porté. Jo tira doucement dessus jusqu'à le décrocher. La soie glissait sous ses doigts. Elle porta l'étoffe à ses narines. Elle était encore imprégnée du parfum de Gladys. Un mélange de lavande, de bergamote et de fleurs de citronnier. Le parfum de son enfance. Peut-être aussi celui du bonheur.
Il faut croire que ça arrive comme ça. Les jours, puis les mois passent, et un jour, tu comprends qu'il s'est écoulé des années.
Des années que tu ne pourras plus jamais rattraper.