Lorsque vous vous êtes rencontrés, les planètes étaient alignées, comme on dit. En plus, il tient à vous, c'est évident, même si je sens que c'est un sanguin qui a du mal à exprimer ses sentiments. Ses émotions passent d'abord par son mental, ce qui peut donner l'impression qu'il n'éprouve rien, mais c'est faux, c'est simplement qu'il ne sait pas parler. Ce n'est pas plus mal, ce sont généralement des hommes beaucoup plus solides que les beaux parleurs qui promettent monts et merveilles et qui restent au même point toute leur vie.
Le matin du 4 juillet, sous un soleil déjà éblouissant et aveuglant, l'approche de la ville par la mer est déroutante. Yolanda s'attendait à plus d'exotisme. La mer se jette sur d'énormes rochers noirs avec un bruit fracassant en déposant une écume blanche. La visibilité est encombrée par des grues, des silos industriels, pas vraiment un grand dépaysement.
Les formalités administratives terminées et ses bagages récupérés, Yolanda se retrouver sur la terre ferme. Elle n'a pas vu Christian ce matin. Peut-être est-il descendu du bateau avant elle. Sa présence rassurante lui manque déjà.
La foule est dense et bigarrée, entre les Européens venus chercher des amis ou de la famille, et les Marocains tenant des charrettes à bras ou des diables pour les bagages, certains brandissent des pancartes avec des noms écrits à la craie blanche en hurlant des sons gutturaux d'une langue dont elle ne connait pas encore les intonations.