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3.25/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 27/02/1971
Biographie :

Auteur, Caroline Hoctan est cofondatrice, avec Jean-Noël Orengo et Isabelle Rozenbaum, de la plateforme en ligne D-Fiction, consacrée à la littérature et aux arts visuels.

Elle a publié plusieurs textes de création en revues ou dans des volumes collectifs ainsi que des articles critiques et des études d’histoire littéraire dans divers périodiques.

Son premier roman, "Le Dernier Degré de l’Attachement" (Denoël, 2004) tout comme son deuxième, "Dans l’existence de cette vie-là" (Fayard, 2016) ont l’ambition d’appliquer la notion de neutre théorisée par Roland Barthes aux personnages autant qu’aux lieux tout en révélant dans le cas de la voix narrative – et sans doute pour la première fois dans la fiction française – un « je » dont l’identité n’est jamais détectable et peut être autant féminine que masculine, à la manière où Monique Wittig invitait à "construire une idée du neutre qui échapperait au sexuel".
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ce soir-là, à l’occasion de la 104e série finale des « Ligues majeures » de base-ball, je retrouvai la jeune femme et ses amis dans le même bar que la dernière fois. Tous m’accueillirent comme si j’appartenais au même monde qu’eux, ce monde aisé et insouciant de crèmes anti-âge et de vêtements griffés légèrement froissés, ce monde sans grands besoins, mais toujours inquiet de pouvoir en faire exaucer les moindres.
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"Rambo" démarre en trombe et nous filons le long des artères et des voies, au-delà des ponts et des tunnels, sur les avenues qui, telles d'énormes épines dorsales bordées d'arêtes, sont coupées des deux côtés par d'innombrables rues dont le flot de circulations alternées, croisées ou parallèles, dont le sillage jaune et rouge des phares sous la pluie, dont le rayonnement rouge et vert des feux de signalisation qui scintillent, ont ce rendement énergétique du pur geste artistique, s'étalant, se propageant, progressant comme dans ces peintures composées et exécutées vigoureusement au couteau, comme dans ces poèmes débités sur le papier et étalés d'un seul jet, comme dans cette musique improvisée dans l'instant et jouée spontanément au même moment. La densité des déplacements et des mouvements, la fluidité des actions et des impulsions, la rapidité des franchissements et des raccordements, ce rythme ponctué d'accélérations, de ralentissements et d'arrêts, tout ce va-et-vient incessant - quasi magnétique - dans un sens ou dans l'autre, mais aussi, selon le trafic, par des cheminements plus obliques, plus souterrains, parfois tangentiels, presque tortueux, m'apparaît à la manière d'un immense canevas scriptural, parfois forcément abstrait mais néanmoins énigmatique, comme si cette traversée en voiture sous la pluie avec "Rambo" revêtait soudain - au-delà de ma propre conscience - une forme d'initiation, de passage, de transition : la ville se découvrant enfin à moi de l'intérieur, je sens son pouls, ses pulsations, le battement de son cœur, dont la dilatation et le resserrement font écho au mien, bien que je ne parvienne pas encore à décrypter ce qu'elle m'inspire.
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Je pense alors que je resterais bien encore à contempler l’espace et le temps qui règnent ici de manière infinie. Dans le déroulement du temps, ne s’agirait-il pas, finalement, que d’un instant ? Je médite sur cet instant comme s’il s’agissait d’une durée transitoire mais décisive, d’une durée différée mais irréductible dans laquelle le temps s’engouffrerait en dehors de toute chronologie, un peu comme si, de la répétition des heures, des minutes et des secondes dont il n’y aurait rien à attendre que leurs processus d’écoulement, il surgirait soudain un rythme nouveau, une cadence différente, une harmonie inespérée qui offrirait l’éventualité de tous les possibles, comme à présent où, devant cet immeuble distingué, presque maniéré avec ses fenêtres à meneaux, appuyant sur un interphone qui semble me mettre en contact avec le cabinet d’avocats qui s’y situe, un signal rouge apparaît et une voix s’interroge dans un crépitement métallique. Oui ? Je prononce mon nom. Alors, la lumière de l’interphone s’éteint, le grésillement disparaît et, après un léger déclic de la serrure, la porte s’ouvre sur un vestibule donnant lui-même dans une salle aménagée de fauteuils et décorée de peintures modernes. Au fond, j’aperçois un bureau surmonté de deux écrans. Une femme en tailleur lève la tête et me regarde d’un air interrogateur. Je lui tends simplement la carte de visite héritée de mon père en lui expliquant que j’arrive du « Vieux Monde », que je suis ici pour quelque temps, le temps qu’il me sera utile de rester, le temps de pouvoir rencontrer celui dont le nom figure sur cette carte et qui aurait écrit ces quelques mots au verso.
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Simplement, ici, l’air est différent et, comme la plupart des gens qui y viennent, je n’ai qu’une idée : oublier le pays d’où je viens et qui est le mien malgré tout, oublier la situation dans laquelle nous nous enfonçons, qui est la nôtre malgré nous. Oublier même ce qui va advenir de nous où que l’on se trouve, car, s’il est dit qu’ici la situation n’est pas meilleure qu’ailleurs, on est cependant au centre et à l’épicentre de tout, certes du monde, mais du reste également : de l’artifice, de la démesure, de l’espace, de l’excentricité, du gaspillage, de l’indifférence, de la liberté, du mélange, de la mythologie, du mixage, du prodige, de la puissance, de la richesse, de la sidération, de la vanité, du vertige, comme de cette mutation générale qui a cours partout mais aussi – et surtout – au cœur même de la littérature. Car ici, il est possible de prendre la route à n’importe quel moment, de partir sur les traces de tous ceux qui l’ont prise auparavant, de tous ceux qui la prennent encore et d’imaginer que, en suivant cette route, il est possible de découvrir un secret, le secret qui permet à la langue de ce pays de produire une telle littérature qui, d’après certains, découlerait entièrement de HUCKLEBERRY FINN, l’œuvre de celui supposé être le premier écrivain à avoir soumis à son éditeur un manuscrit tapé à la machine. J’ai donc toujours eu envie de venir ici, mais, pour de multiples raisons, j’ai constamment renvoyé ce projet à d’autres calendes.
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Reprenant le cours de sa pensée, l’écrivain exprime que la majorité de ceux qui écrivent autour de nous ne le font, en fait, que pour mieux se conformer, entretenir les convenances de cette société, notamment en acceptant les attitudes les plus régressives qu’elle produit. Aussi, poursuit-il d’une voix calme, si Joseph K., cette figure légendaire de l’absurde et de l’irrationnel, pensait qu’écrire devait permettre de faire un bond hors du range des meurtriers, il ne s’était pas douté qu’un jour viendrait où tous les meurtriers et criminels se mettraient, eux aussi, à écrire, de sorte qu’aujourd’hui, pour faire à nouveau un bond hors de leur rang, pour résister à leurs phrases falsifiées, nous n’avons pas d’autre choix, lorsqu’on veut réellement écrire, que de devenir à notre tour des assassins… Évidemment, affirme-t-il, pas n’importe quels assassins, mais les assassins de leurs petites histoires (…). L’écrivain pense donc que si l’on tient réellement à écrire, si l’on n’a pas d’autre choix que d’écrire des romans, il faut les concevoir – coûte que coûte – contre toutes ces histoires-là, contre toute cette culture inodore et incolore, en fait contre le monde lui-même.
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Je tends au libraire l’ouvrage pour l’acheter. Quel putain d’enculé celui-là alors ! Je ne sais quoi répondre et regarde le libraire avec hésitation, pensant qu’en fait il ne souhaite pas ou plus vendre l’ouvrage. Je me demande d’ailleurs s’il a quelque chose contre cet auteur, mais, avant que je ne lui pose la question, il soupire et me regarde droit dans les yeux. Ce fils de pute est un styliste de la langue hors norme, mais, en plus, c’est certainement l’un des seuls écrivains capables de donner une vision du monde aussi profonde tout en nous racontant sa putain de vie… Avec cet enculé de sa mère, continue encore le libraire, vous effectuerez un de ces putains d’achats que vous n’allez pas regretter de sitôt ! J’acquiesce et en profite pour lui demander s’il connaît d’autres librairies dans les environs. Il ricane un peu. Bordel de merde ! s’exclame-t-il en reprenant son souffle, cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus de librairies ici… Il me conseille donc d’aller dans la première circonscription, où je trouverai les dernières librairies sérieuses que compte encore la ville avant qu’elles ne disparaissent à leur tour.
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Je débarque, débarque dans cette « Ville des villes », qui descend tout à la fois d’Alexandrie, de Babylone et de l’Empire alors qu’on y assiste, en direct, à la faillite la plus importante de tous les temps et que mon père est mort depuis plusieurs semaines. Aucun lien entre ces événements sinon que tout cela a quand même à voir avec la situation qui est la nôtre aujourd’hui, avec toute cette situation qui est la mienne depuis plusieurs années déjà – c’est-à-dire bien avant que cette crise ne révèle sa véritable ampleur -, situation qui va perdurer, semble-t-il, encore longtemps sans qu’on sache ni pourquoi, ni comment, mais dont je sais qu’elle n’est pas étrangère à cette sensation de découragement et de dégoût pour ce qui m’entoure, pour ce que je vis dans l’existence de cette vie-là et dont j’entends également parler à la radio ou dans les journaux, et donc à cette décision que j’ai prise de venir ici, même si cela ne doit mener à rien, même si cela ne changera rien.
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Dans la nuit épaisse, silencieuse et déjà humide de l'aube navrante, au cœur d'un sommeil réconfortant mais inquiétant, où chaque rêve est d'abord celui qui, éternel, se répète à travers la conscience que chacun de nous ressent, à un moment ou à un autre de sa vie, d'avoir été mis sur terre uniquement pour répondre aux conventions, aux normes et aux pressions, bref... à cette pulsion générale par laquelle nous venons au monde où, fragiles mais vivants, si peu désirés mais vivants, si mal aimés ni respectés mais encore vivants, bientôt critiqués, désapprouvés, humiliés ou condamnés pour ce que nous sommes, mais toujours vivants, nous n'avons souvent pas d'autre choix, pour continuer de "vivre", que d'accepter cette existence qu'on nous inflige, même si ce n'est pas la vie que de subir cette imposture, même si c'est la mort.
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